Terme | Définition |
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Vieille nature |
L’idée courante, nous l’avons vu, c’est que quiconque est mort au péché en Christ et ne marche plus selon la chair est nécessairement spirituel et « entièrement sanctifié » ! Mais celui-ci peut ne plus être charnel (sarkikos) mais demeurer psychique, être toujours sous l’influence de sa « vieille nature » au lieu de se mouvoir dans le domaine spirituel.
« L’homme naturel (ou psychique) n’accueille point les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car elles sont pour lui une folie, et il ne peut les comprendre parce qu’elles sont discernées spirituellement (1 Corinthiens 2 : 14) ». Ceux qui ont compris le sens de la croix, et ne sont plus sous la domination de la chair, supposent assez volontiers qu’ils sont sous la seule influence du Saint-Esprit et sont uniquement guidés par Lui. C’est ici qu’il importe de placer l’une des plus importantes leçons, la plus importante, écrit Murray : celle de l’activité désordonnée de l’âme, avec ses facultés de pensée et de volonté qui sont un si grand danger pour l’individu et pour l’Église. Voici un homme né du Saint-Esprit, vivifié ; l’Esprit de Dieu demeure en lui. La croix (porte, chemin, source de victoire et d’affranchissement de la chair) lui a été révélée. Sa façon de vivre est toute nouvelle ; « il marche en nouveauté de vie » pour employer l’expression de l’Écriture, et remporte la victoire sur le péché que manifestait autrefois la vie de la chair. Qu’est devenue son âme ? Son âme : C’est-à-dire son intelligence, ses sentiments, ses émotions, sa volonté, sa personnalité, sa vieille nature. Et quelle est la force animatrice de cet homme qui n’accomplit plus « les désirs de la chair » ? Le Saint-Esprit, qui maintenant anime et dirige la vie psychique ? Ou bien le principe directeur émanerait-il du domaine inférieur : la vie naturelle et déchue, héritée du premier Adam ? Or, l’affranchissement de la domination de la chair, ou vie charnelle, n’implique pas la délivrance de ce qui est psychique, des sentiments terrestres, et que l’homme ne se conduise plus selon la vie terrestre. Mourir au péché, crucifier la chair, ce ne sont là que les premières phases de l’action de l’Esprit de Dieu en l’homme. Celui-ci peut ne plus être charnel (sarkikos) et demeurer psychique, être toujours sous l’influence de l’âme au lieu de se mouvoir dans le domaine spirituel où s’établit le contact entre l’homme et Dieu. Pour comprendre clairement ce qui précède, voyons ce qui manifeste que le chrétien est resté psychique lorsqu’il a cessé de « marcher selon la chair ». L’âme, nous l’avons déjà dit, comprend l’intelligence, la volonté, et les émotions, et elle est le siège de la personnalité, donc du sentiment de soi. Même quand le chrétien est affranchi des œuvres de la chair énumérées dans Galates 5. 19 : 21, son intelligence, ses émotions peuvent recevoir les impulsions de la psukhê, de la vie de l’âme animale, au lieu d’être animées par le Saint-Esprit qui habite l’esprit humain régénéré.
Le Saint-Esprit demeurant dans l’esprit peut rendre le croyant capable de crucifier les œuvres du corps, même lorsque son intelligence et ses sentiments sont restés charnels. Pour ce qui est de l’activité intellectuelle, nous avons dans l’épître de Jacques (au chapitre 3) un parallèle qui jette une vive lumière sur l’une et l’autre sources animatrices, l’une et l’autre sagesses. L’apôtre reproche à ses correspondants un zèle mauvais, un esprit de dispute ; puis il écrit : « Ce n’est point-là la sagesse qui vient d’en-haut ; au contraire, elle est 1°) terrestre, 2°) charnelle(psychique), 3°) diabolique». « Où il y a ce zèle et cet esprit de dispute, il y a du désordre et toute espèce de mal. Mais la sagesse qui vient d’en-haut est d’abord pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, exempte de duplicité et d’hypocrisie. » Elle porte la marque divine et participe du caractère divin ; elle est sans partialité ni esprit de parti (verset 17). La sagesse qui vient d’en-haut n’est pas contaminée par la vieille nature. Il ne s’y trouve plus de place pour le sentiment du moi, pour les opinions et points de vue personnels qui provoquent querelles, divisions, jalousies ; au contraire, elle produit la paix. Nous reprendrons plus loin le troisième point de l’apôtre concernant la sagesse psychique qui est, dit-il, diabolique. Le passage ci-dessus ne nous aide-t-il pas à comprendre les conditions où nous voyons aujourd’hui l’Église ? Elle est déchirée par les divisions et les partis, ce qui manifeste une activité charnelle (Galates 5.19-20). Plus grave encore est la cause de désunion dans l’Église militante lorsque c’est l’intelligence animale (psychique) qui est le facteur de division, et qu’une sagesse charnelle (psychique) prétend exposer et annoncer la Vérité, ce qui ouvre la porte aux démons. L’intelligence n’est pas seulement faillible, dit Pember, elle est le plus dangereux de tous les dons, aussi longtemps qu’elle n’est pas sous la dépendance de l’Esprit de Dieu. Et cependant, que de chrétiens qui recourent à elle pour saisir et comprendre la vérité, malgré la déclaration formelle des Écritures : « L’homme psychique (donc aussi le chrétien dont l’âme est restée la force animatrice) n’accueille point les choses qui sont de l’Esprit, parce qu’elles ne peuvent être discernées que spirituellement ». C’est souvent l’élément psychique chez les orateurs, les conférenciers, exposant le sujet de la sainteté nécessaire, qui provoque les divisions et les séparations. Il peut y avoir de l’amour dans leur cœur il est vrai, mais il n’empêche que ceci divise, car les puissances sataniques s’appuyant sur les éléments psychiques agrandissent et exagèrent toujours les divergences, au lieu de souligner ce qui unit. De sorte que des chrétiens, sous couvert de témoignage pour Jésus, combattent pour le triomphe de points de vue particuliers, choses d’importance très secondaire. Ces croyants sincères qui veulent être un moyen de bénédiction pour leur entourage parcourent les terres et les mers pour faire un prosélyte, comme les Pharisiens dont parlait le Seigneur (Matthieu 23.15). Mais ils ne s’en rendent pas compte.C’est encore l’élément psychique qui amène certains chrétiens à mettre l’accent sur tel ou tel point des Évangiles aux dépens du reste, à multiplier les paroles « sur la dîme de la menthe, de l’anis et du cumin », alors qu’ils oublient les choses essentielles. Or, ce qui est essentiel sous la dispensation de l’Évangile, c’est la loi de Christ ; et celle-ci met au premier plan l’amour et l’unité de l’esprit entre croyants, condition essentielle de croissance dans « l’unité de la foi » (Éphésiens 4.3-13). En résumé, la vie psychique offre aux puissances surnaturelles mauvaises un terrain favorable d’action ; elle est la grande cause des divisions et des sectes parmi ceux qui font profession d’être enfants de Dieu, et même parmi ceux qui le sont vraiment. « Gens qui provoquent des divisions », écrit Jude ; une autre version donne : « Gens qui se séparent et provoquent des séparations ». (Dans son commentaire sur ce verset, Fausset écrit : « Il y a là une affirmation présomptueuse, arrogante, de sainteté supérieure, une prétention à une sagesse et à une doctrine particulière, supérieure à celle des autres ».) « Êtres sensuels (psychiques), étrangers à la vie de l’Esprit », dit l’apôtre. Fausset traduit ici : âmes animales. Se séparer soi-même comme ayant une plus grande sainteté est toujours un indice de vie psychique, car le Seigneur a dit : « Vous serez heureux lorsque les hommes vous haïront et rejetteront votre nom comme infâme à cause du Fils de l’Homme (Luc 6 : 22) ». C’est ici le monde qui rejette, sépare. Sur cette question de séparation, l’apôtre Paul dit aussi : « Que chacun demeure en l’état où il était lorsqu’il fut appelé (1 Corinthiens 7 : 20) ». C’est Dieu Lui-même, par Sa Présence, laquelle est Lumière, qui provoquera la séparation entre celui qui marche dans la lumière et celui qui marche dans les ténèbres. Il arrive fréquemment que celui-ci rejette le compagnon qui marche dans la lumière, provoquant ainsi la séparation, s’il n’est pas conquis par la lumière. Nous le voyons donc, même ceux qui ont reçu l’Esprit d’en-haut peuvent encore se laisser dominer par les puissances de l’âme. Ils se séparent alors, où provoquent des divisions, manifestant par là qu’ils sont restés psychiques en une certaine mesure. L’autre domaine de la vie psychique est celui des émotions qui procèdent des sens physiques. Ici encore le chrétien peut se laisser influencer par ce qui est psychique, tout en imaginant qu’il se trouve sous une influence purement spirituelle.
Dieu agit d’abord sur l’esprit, puis Il pénètre l’âme et domine le corps. Satan au contraire agit d’abord sur le corps, puis sur l’âme, enfin sur l’esprit, et le processus est celui-ci : terrestre, charnel (ou psychique), diabolique (Jacques 3 : 15). L’influence satanique pénètre d’abord le vase d’argile, le corps fait de poussière, de là elle essaye de capter l’âme pour pénétrer enfin dans l’esprit. Ces faits sont extrêmement solennels. Ils expliquent la présence de tant de chrétiens de nom dans nos églises, gens dont la vie ne manifeste en rien qu’ils sont à Christ ! Et qu’il est douloureux de penser que leur présence révèle cependant un besoin spirituel plus ou moins conscient, une soif de Dieu qui peut-être ne sera jamais satisfaite ! L’âme seule est nourrie par une exposition tout intellectuelle de la vérité, par la beauté des chants et de la liturgie, par le recueillement du sanctuaire : tout ceci est insuffisant pour l’esprit. Or, l’adoration en esprit et en vérité est le seul service que Dieu demande et qu’Il accepte.Cherchons-nous à diminuer ou à déprécier ces moyens, ces influences ? Que Dieu nous en garde ! Ce que nous disons, c’est qu’ils ne sont pas suffisants pour sauver les âmes. Ils peuvent préparer le chemin, amener l’individu à portée de la parole de Dieu – qui est toujours lue si elle n’est pas toujours prêchée - choses qui prédisposent au salut et ont leur valeur. Mais voici le danger, et il est redoutable. C’est que les influences religieuses qui s’arrêtent à l’âme et n’atteignent pas l’esprit conduisent à une forme de piété sans puissance, et ramènent le christianisme au niveau des philosophies et des religions païennes. C’est pourquoi des hommes religieux (psychiques) mettent le Fils de Dieu sur le même plan que Mahomet ou Confucius ; c’est pour cela qu’ils dissertent sur le christianisme comme sur toute autre religion de ce monde, au lieu d’être obligés, comme aux jours de l’Église primitive, de reconnaître que la toute-puissance de Dieu y est à l’œuvre et qu’elle rend témoignage à toute prédication fidèle au Nom du Seigneur Jésus-Christ, unique Sauveur d’un monde perdu. N’est-ce pas parce que seuls les sens, les émotions, ont vibré sous les appels de l’orateur qu’il faut enregistrer un tel pourcentage de défections dans nos œuvres d’évangélisation ? N’est-ce pas pour cela que tant d’œuvres n’ont qu’une influence de surface, passagère ? Pour cela enfin que, souvent, l’évangéliste se sent épuisé et parfois tombe malade ?Un correspondant m’écrit : « N’est-ce pas l’élément psychique chez celui qui parle en public ou en particulier –psychisme se manifestant par une excitation émotive, une certaine énergie, une grande ardeur – qui provoque souvent les cas d’épuisement nerveux ? L’Esprit ne peut-il communiquer la vérité sans cette usure, cet épuisement du corps ? Est-il impossible d’annoncer la vérité sans excitation factice, Dieu communiquant Sa force au message annoncé, et agissant, non pas sur l’homme, mais sur son témoignage, pour que celui-ci pénètre la pensée des auditeurs ? Si je ne me trompe pas, beaucoup plus pourrait être accompli de la sorte, et avec beaucoup moins de fatigue ». Nous pensons comme notre correspondant. Un homme peut avoir une âme ardente qui influence profondément les âmes des autres et qui agit puissamment dans le domaine des émotions. Mais la foi des auditeurs se trouve alors comme greffée sur cette influence, cette sagesse humaine, psychique, et pas sur Dieu. Il n’y a pas eu contact avec la puissance de Dieu. Et nous comprenons mieux maintenant la pensée de Murray lorsqu’il voit le plus grand danger qui menace le chrétien et l’Église, en cette activité désordonnée de l’âme, dans les domaines de l’intelligence et de la volonté. Les anciens Quakers ou « Amis » la désignaient sous le nom d’activité de la créature (creaturely activity). Et c’est bien ici l’énergie de la créature, la force naturelle qui est mise au service de Dieu. Le messager n’a pas cherché à collaborer spirituellement avec le Saint-Esprit qu’il a reçu, le don du Seigneur ressuscité et glorifié. Il se trouve alors que l’homme qui n’a saisi la vérité qu’intellectuellement influencera les destinées éternelles d’âmes immortelles ; qu’une forte individualité dominera sur la vie des autres ! On élaborera des plans pour atteindre les âmes et les amener à Dieu, et nous aurons les concerts pour fumeurs (smoking concerts), les attractions musicales, les conférences sur des sujets populaires, etc., chacune de ces choses révélant la mentalité des promoteurs. Ceux-ci peuvent être nés de nouveau, mais étant encore dominés par l’âme, ils ne savent pas comment collaborer avec le Saint-Esprit qui communique Sa puissance au messager, pour le salut des pécheurs.Il y a aussi dans l’Église des disciples qui ont reçu le Saint-Esprit, cependant ils sont restés psychiques, bien qu’à un moindre degré.Il y a dans leurs expériences religieuses un mélange de spirituel et de sensuel (psychique) qui les a conduits à vouloir toujours sentir de façon consciente la présence de Dieu. Aussi, bien que le Saint-Esprit habite en eux, ils retombent souvent dans le domaine de l’âme, parce qu’ils ne comprennent pas la vie de l’esprit et comment l’esprit humain est uni à l’Esprit de Dieu. Le domaine de l’âme n’est pas seulement celui de l’intelligence et des émotions ; c’est aussi le siège de la personnalité avec ses affections, ses possibilités de joie ou de tristesse, d’exaltation ou de dépression. C’est ainsi que nous lisons dans l’Écriture : « Mon âme est triste jusqu’à la mort (Matthieu 26.38) » ; « Mon âme magnifie le Seigneur (Luc 1.46) » ; « Maintenant, mon âme est troublée (Jean 12.27) » ; « Possédez vos âmes par votre patience... (Luc 21.19) » ; « Son âme juste tourmentée (2 Pierre 2.8) » ; « Ils séduisent les âmes mal affermies (2 Pierre 2.14) ». Ces passages prouvent que les dispositions, les tendances (les caractères idiosyncrasiques) procèdent de l’âme aussi bien que du corps, du domaine psychique aussi bien que du physique. Et la forme de l’âme – si nous pouvons nous exprimer ainsi – sa capacité pour la joie, l’amour, la douleur, la patience, peut être remplie de joies spirituelles et de vie qui émanent du second Adam : Esprit vivifiant ; ou d’autre part, de joie, de vie, de sentiments psychiques, sensuels, inférieurs, naturels, qui procèdent du premier Adam. Si ces sentiments, ces émotions inférieures pénètrent de quelque manière et pour une proportion si infime soit-elle dans l’âme du racheté et l’influencent, l’homme est resté psychique en une certaine mesure, même s’il a reçu le Saint-Esprit. Il s’attachera à certaines émotions psychiques, et vivra dans le royaume des sensations, le domaine de la personnalité, au lieu de s’attacher à ce qui vient de l’esprit, le domaine où l’homme peut avoir conscience de la présence de Dieu. Et par là, il rejoindra ceux qui espèrent, ceux qui recherchent des expériences spirituelles affectant les sens, au lieu de les attendre uniquement dans le pur domaine de l’esprit régénéré où Dieu demeure.
Source: « L’âme et l’esprit et leurs puissances », de Jessie Penn-Lewis
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Synonymes:
vieil homme |