La jurisprudence de la grâce

La jurisprudence de la grâce

Dieu nous commande de le chercher de tout notre cœur si nous voulons le trouver. Il prend tout de même le soin de préciser qu’Il se laissera trouver par nous.

« Car je connais les projets que j'ai formés sur vous, dit l'Eternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l'espérance. Vous m'invoquerez, et vous partirez ; vous me prierez, et je vous exaucerai. Vous me chercherez, et vous me trouverez, si vous me cherchez de tout votre cœur. Je me laisserai trouver par vous, dit l'Eternel, et je ramènerai vos captifs ; je vous rassemblerai de toutes les nations et de tous les lieux où je vous ai chassés, dit l'Eternel, et je vous ramènerai dans le lieu d'où je vous ai fait aller en captivité » (Jérémie 29 v. 11 à 14).

C’est un passage qui est souvent utilisé mais je veux ici en prendre un extrait pour illustrer notre sujet : « Je me laisserai trouver par vous, dit l'Eternel […] » . Cette petite phrase semble anodine dans un tel texte. Nous verrons que finalement, elle est centrale.

Dieu nous commande de le chercher de tout notre cœur si nous voulons le trouver. Il prend tout de même le soin de préciser qu’Il se laissera trouver par nous. Ainsi, on peut rapidement comprendre que, même en cherchant de tout notre cœur, si nous trouvons Dieu c’est bien parce qu’Il s’est laissé trouver. Il sait que nous ne pouvons y parvenir seul. Même motivé pieux et courageux, Dieu est inaccessible.

C’est pourquoi il nous invite à le chercher tout en nous rassurant sur le fait qu’il se laissera trouver ; quel père exemplaire. Dieu use de sa grâce pour nous permettre de vivre cette rencontre, il passe par-dessus nos incapacités et se rend accessible. Je veux aujourd’hui questionner notre dépendance à cette grâce magnifique.

Prenons quelques instants pour nous remémorer notre première rencontre avec notre sauveur. Notre conversion sous l’action de l’esprit de Dieu, de l’esprit de grâce. Une rencontre, une grâce qui ne peut-être que divine, céleste et spirituelle. Nous succombons à son appel, sommes convaincus de notre état de pécheur et relevé, né de nouveau par Sa seule volonté. Qu’il date d’hier ou de 70 ans, ce moment est le premier autel de notre vie avec Dieu, précieux et éternel. Quel bonheur de Le connaitre !

Je repose ma question quant à notre dépendance à cette grâce magnifique.

A quel point cette expérience de conversion a-t-elle fait jurisprudence dans notre vie jusqu’à aujourd’hui ?

Je m’explique. La jurisprudence est un terme de droit qui désigne le fait qu’une décision judiciaire fasse office de référence pour les prochains jugements semblables (la définition exacte est surement plus complète mais celle-ci nous suffira pour développer mon propos).

Ainsi, nous avons tous accepté sans trop difficulté que c’est par grâce que Dieu nous a sauvé. Bien que parfois, la tentation de nous approprier un peu de responsabilité dans tout cela peut survenir, le salut par grâce fait partie de nos confessions de foi et c’est une excellente chose.

Le salut par grâce est donc accepté. Qu’en est-il du reste ? Qu’en est-il des autres étapes de notre vie ? Les choses matérielles, spirituelles, les miracles, les révélations, les dons, … ? Comment est-ce que je cherche ces choses ? comment est-ce que je les reçois ?

Si j’admets que le salut n’est pas une récompense à ma repentance, peut-être dois-je également admettre que :

  • ma foi n’est pas une récompense pour ma piété,
  • les miracles ne sont pas des récompenses pour mes prières,
  • ma sanctification n’est pas une récompense pour ma persévérance,
  • mon mariage n’est pas une récompense à ma patience,
  • l’esprit-saint n’est pas une récompense pour mon combat spirituel,
  • les dons ne sont pas des récompenses pour mon renoncement,

Pourtant, la repentance, la piété, la prière, la persévérance, la patience, le combat spirituel, le renoncement et toutes ces choses font partie intégrante de la base d’une vie chrétienne « normale » (si tant est que cela existe). Il ne s’agit pas de les rejeter, bien au contraire. Mais il ne faut pas les transformer en causes qui nous rendraient idolâtre. J’ai dans le cœur de mettre et remettre la grâce de Dieu au centre des choses. Ce n’est pas en la prière que nous nous confions, c’est en sa grâce !

Cette grâce doit devenir centrale dans nos vies afin qu’il en soit, pour chaque étape de notre vie, comme de la première : « Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu » (Ephésiens 2 v. 8).

Dieu est plus grand que ma désobéissance ET il est plus grand que mon obéissance.

« Que dirons-nous donc ? Y a-t-il en Dieu de l'injustice ? Loin de là ! Car il dit à Moïse : Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde, et j'aurai compassion de qui j'ai compassion. Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. Car l'Ecriture dit à Pharaon : Je t'ai suscité à dessein pour montrer en toi ma puissance, et afin que mon nom soit publié par toute la terre. Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut »   (Romains 9 v. 14 à 18).

Entendons-nous aujourd’hui dans nos cœurs et nos communautés cet appel à poursuivre notre vie par l’Esprit après l’avoir commencée par l’Esprit ? En renonçant à nous servir de notre chair.

« O Galates, dépourvus de sens ! qui vous a fascinés, vous, aux yeux de qui Jésus-Christ a été peint comme crucifié ? Voici seulement ce que je veux apprendre de vous : Est-ce par les œuvres de la loi que vous avez reçu l'Esprit, ou par la prédication de la foi ? Etes-vous tellement dépourvus de sens ? Après avoir commencé par l'Esprit, voulez-vous maintenant finir par la chair ? Avez-vous tant souffert en vain ? si toutefois c'est en vain. Celui qui vous accorde l'Esprit, et qui opère des miracles parmi vous, le fait-il donc par les œuvres de la loi, ou par la prédication de la foi ? » (Galates 3 v. 1 à 5).

Répondre correctement à cet appel n’est pas aussi simple que cela. Si tel était le cas, Paul n’aurait pas eu besoin de transmettre cette exhortation pour le moins virile aux Galates. Après notre conversion, les choses ne sont pas toujours aussi aisées que l’on veut bien le dire. Notre vie ne change pas à la vitesse que l’on espérait. Porter du fruit est parfois long et fastidieux. On a très vite peur de ne pas être à la hauteur d’un « bon chrétien » (qu’est-ce qu’un bon chrétien d’ailleurs ?). C’est généralement le moment que choisit la tentation pour toquer tranquillement aux portes de notre esprit. Cette tentation c’est celle de fabriquer nous même le fruit que nous devrions simplement porter par la grâce.

Par notre chair, singer une vie spirituelle véritable et faire semblant. Finalement, on fait illusion, on laisse l’esprit et la grâce de côté (en oubliant l’évidence de leur efficacité lors de notre conversion) pour prendre le contrôle par la chair. Le train est passé, on attend qu’il revienne, d’ici là, on continue de faire semblant, personne n’en saura rien (le fait que personne ne remarque la falsification est une autre question tout aussi importante à mon sens). Alors, je suis le premier arrivé, dernier parti, discret mais volontaire, souriant et faisant ce que l’on me dit de faire …

La bonne nouvelle de ce message, la nouvelle puissante et vraie c’est que Jésus n’est pas un conducteur de train. La Bible le compare à tout autre chose.

« Que vous en semble ? Si un homme a cent brebis, et que l'une d'elles s'égare, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres sur les montagnes, pour aller chercher celle qui s'est égarée ? Et, s'il la trouve, je vous le dis en vérité, elle lui cause plus de joie que les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées. De même, ce n'est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux qu'il se perde un seul de ces petits » (Matthieu 18 v. 12 à 14).

Jésus est le bon berger qui laisse son troupeau pour récupérer celle qui est perdue. Il nous faut ici faire une petite mise au point à propos de cette fameuse brebis perdue. Cette brebis aujourd’hui, n’est pas ce frère ou cette sœur qui ne vient plus à l’église depuis quelques années, ce n’est pas celui ou celle qui ne sert plus dans l’assemblée ou encore cette personne qui est parfois instable dans sa foi. En fait si, ces personnes sont peut-être des brebis perdues mais il n’y a pas qu’elles. A partir du moment où je quitte le chemin de la grâce pour courir sur celui de la chair alors je m’égare et le berger doit venir me chercher. Je suis alors une brebis perdue, cette brebis n’est pas toujours celle que l’on croit, cette brebis c’est peut-être toi.

Paul dans son épitre s’adresse à des brebis du Seigneur. Jésus parle également de ses brebis. Il n’est pas question ici de différencier un croyant d’un incroyant mais bien une brebis perdue d’une brebis qui ne l’est pas. Les deux restent des brebis mais elles ne vivent pas sur le même chemin.

J’ai dans mon cœur que la grâce doit être remise au centre car il est possible que les proportions se soient doucement inversées. Jésus doit laisser une brebis dans la montagne pour aller en chercher quatre-vingt-dix-neuf perdues dans la chair. Les brebis dans la chair ne se sentent pas perdues puisqu’elles sont toutes ensembles. Ensemble oui, mais sur le mauvais chemin, loin de l’esprit, loin de la grâce. Il nous faut prendre sérieusement pour nous cet appel de Paul à revenir à un évangile de grâce.

Je veux ajouter un dernier point qui me semble important. Comment estimer si oui ou non nous sommes sur ce chemin de grâce, dans une vie par l’esprit. De grâce en grâce sans être guidé par notre chair et notre volonté, ce qui ferait de nous des insensés. Pas des rebelles ou des réfractaires mais bien des gens sans bon sens.

En continuant la lecture de la lettre aux galates, on tombe sur un passage qui peut nous être utile dans cette réflexion.

« Frères, vous avez été appelés à la liberté, seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte de vivre selon la chair ; mais rendez-vous, par la charité, serviteurs les uns des autres. Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, dans celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde que vous ne soyez détruits les uns par les autres. Je dis donc : Marchez selon l'Esprit, et vous n'accomplirez pas les désirs de la chair »   (Galates 5 v. 13 à 16).

C’est par notre capacité ou plutôt notre possibilité et notre facilité à faire grâce à notre tour que nous pouvons savoir si nous sommes sur le bon chemin. Si je vois Jésus me servir dans ma vie, je deviens capable d’être serviteur à mon tour. Si je vois que tous ce que j’ai ici-bas est une grâce je deviens capable de faire grâce à mon tour. Fais-tu grâce facilement ? Fais-tu grâce souvent ?

Grâce à tout le monde ? Il est facile de constater combien nous sommes naturellement sélectifs et exigeants dans notre manière de faire grâce. Chacun est concerné. En fonction des gens, en fonction des circonstances, en fonction des problématiques, nous ne faisons clairement pas grâce à tout le monde. C’est normal, ça serait inhumain. Cela dit, cela en dit long sur notre connaissance de la grâce de Dieu. Avons-nous progressé sur ce point depuis que le Saint-Esprit est en nous ?

Est-ce que je fais grâce à ce chauffard sur la route des vacances qui vient troubler mon voyage ?
Est-ce que je fais grâce à cette fillette qui me rendait la vie impossible à l’école il y a des années ?
Est-ce que je fais grâce à mon frère dans l’église qui m’a offensé, volontairement ou non pour la Xème fois ? Est-ce que je fais grâce aux autorités, au président de la République ? Est-ce que je fais grâce à mon conjoint, mon meilleur ami, mon pire ennemi, … ?              Est-ce que je fais grâce à tout le monde ?

La vraie grâce ? Il est également important de ne pas nous tromper nous-même sur la nature de la grâce que nous offrons. Celle de Jésus est venue dans les larmes et le sang à la croix. Sans trompette ni tambour. Un seul a subi une réelle injustice ici-bas et Il fut volontaire : voilà la vraie grâce, éternelle et discrète. Sans liste de reproches, sans effet d’annonce, sans culpabilisation, sans vengeance, sans attente. Par amour.         
Est-ce que je fais grâce discrètement ?

« Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jean 15 v. 13).

Ce sont des questions solennelles qui nous montrent notre véritable état de proximité avec le Christ et Son esprit de grâce. Elles doivent nous aider à faire un état des lieux tout en nous donnant un élan divin pour persévérer et progresser dans toutes ces choses merveilleuses. Après avoir commencé magnifiquement par l’esprit, allons nous faire le choix de continuer médiocrement par la chair et, pire encore, persévérer dans cette mauvaise voie ?

Entendons l’appel du bon berger, celui dont nous connaissons la voix et qui se laisse trouver.   
Entendons l’appel à revenir à la grâce en laissant les fausses œuvres de la chair.              
Entendons l’appel à un retour à une vie de l’Esprit véritable, puissante et efficace.

Arrêtons de sauver les apparences et humilions-nous sous la puissante main de Dieu.

Prière. 

Seigneur, je prie que ta parole fasse son œuvre et nous mette à genoux devant toi. Tout n’est que grâce et nous voulons que nos vies soient construites sur cette magnifique vérité. Viens Jésus graver ta vérité dans nos cœurs. Merci pour ta patience envers nous. Merci de te laisser trouver. Merci d’être un si bon berger. Merci.

« Fortifiez donc vos mains languissantes Et vos genoux affaiblis ; et suivez avec vos pieds des voies droites, afin que ce qui est boiteux ne dévie pas, mais plutôt se raffermisse. Recherchez la paix avec tous, et la sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur. Veillez à ce que nul ne se prive de la grâce de Dieu » (Hébreux 12 v. 12 à 15).

 

Arthur KatzUn message de Benjamin Gabelle
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Ou comment Dieu révèle son œuvre par son œuvre

sur les epaules du createurÀ l’instar d’un père hissant son enfant sur ses épaules pour lui permettre de mieux voir, Benjamin Gabelle, doté de solides connaissances scientifiques, analyse des éléments de la création et en tire des enseignements spirituels pour la vie personnelle, familiale et ecclésiale du croyant.

En découvrant ce parallèle entre nature et principes bibliques, le lecteur sera, tout à la fois, captivé, émerveillé, instruit et enrichi. Sa lecture achevée, il n’aura de cesse de louer son Créateur et cherchera à le connaître plus et mieux !

Benjamin a 31 ans et enseigne les Sciences de l’Ingénieur au lycée, il est l’un des prédicateurs de son Église locale en Alsace. Marié à Claire et père de trois enfants, il est né dans une famille chrétienne et expérimente la vie avec Dieu depuis son enfance.

 

 

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