La vie de Job.5

La vie de Job.5

Job pense que les « comment » trouvent leur réponse dans l'omnipotence de Dieu. Et il décrit sa puissance infinie, illimitée.

➲ Dernières paroles de Bildad et réponse de Job

(Chapitre 11 v. 25, 26, 27, 28).

Bildad semble ignorer tout ce qui a été dit : Les arguments de ses amis et les réponses de Job. Il en revient encore à ce qu'un esprit a dit à Eliphaz dans une vision de la nuit : « Certes, la puissance de Dieu est infinie, ses armées sont innombrables. Il fait luire son soleil sur les méchants comme sur les bons. Cependant, comment l'homme serait-il juste devant lui ? Comment serait-il pur ? Lorsque, même les étoiles ne sont pas pures à ses yeux. Combien moins l'homme qui n'est qu'un ver ! (v. 1 à 6) ».

Alors Job reproche à Bildad, son incompréhension : « Comme tu sais bien venir en aide à celui qui est faible ! Comme tu prêtes secours au bras sans force ! Comme tu as bien conseillé celui qui manque de sagesse !... Qui est-ce qui t'inspire ? (26 v. 1 à 4) ».

Il est évident que si Bildad ne savait pas encore comment l'homme pouvait s'approcher de Dieu, et lui rendre un culte qui lui soit agréable, il eût mieux fait de rester chez lui, que de venir chez son ami dans l'affliction avec ses dénégations. Tout ce qu'il a pu dire, ce sont toutes ses calamités qui fondent sur l'homme sans Dieu.

Job pense que les « comment » de Bildad trouvent leur réponse dans l'omnipotence de Dieu. Et il décrit sa puissance infinie, illimitée. Devant Dieu, les ombres tremblent au-dessous des eaux. Devant lui, le séjour des morts est nu. L'abîme n'a point de voile. Il suspend la terre sur le néant... Il renferme les eaux dans les nuages et couvre la face de son trône... Les colonnes du ciel tremblent à sa menace. Il apaise la mer et en brise l'orgueil. Son Esprit donne au ciel sa beauté. Sa main transperce même le serpent fuyard.

Ce ne sont là que les bords de ses voies, c'est le bruit léger qui nous en parvient. Il agit dans le calme, dans le silence. Si nous ne discernons que les bords de ses voies, combien moins pouvons-nous comprendre le tonnerre de sa Toute Puissance (26 v. 1 à 4).

Si sa puissance créatrice a fait toutes ces merveilles, serait-il possible que son œuvre la plus noble, l'homme, échappât à sa puissance ? Assurément, par comparaison avec son Créateur, l'homme n'est qu'un ver. Il est déchu de son premier état, et il est devenu l'esclave de ce monde sur lequel il devait régner. Mais l'infinie sagesse de Dieu peut trouver un moyen de ramener à lui, de rencontrer à nouveau, celui que le péché a séparé. Il a pourvu à ce moyen.

Job, qui avait été interrompu par Bildad, a repris son discours sentencieux : « L'Éternel est vivant...jusqu'à mon dernier soupir, je défendrai mon innocence ». Bien des années plus tard, le prophète Elie, déclarant à Israël, le châtiment de Dieu, s'exprime ainsi : « L'Éternel est vivant devant qui je me tiens et que je sers (1 Rois 18 v. 15) ».

En la présence du Vivant, les amis, je ne puis vous donner raison, ma langue ne dira rien de faux. Je ne puis, non plus, rien changer à ce que j'ai dit de ma vie et de mes relations avec Dieu. Mon cœur ne me fait de reproches sur aucun de mes jours (27 v. 1 à 6). Je retiens avec force ma confiance et mon espérance, malgré la fournaise dans laquelle je suis.

Ceux qui s'élèvent contre moi, et faussement me condamnent, alors que je suis innocent de leur accusations, ne sont point des amis, mais des ennemis, eux, recevront la portion du méchant. L'hypocrite ne fait pas du Tout-Puissant ses délices, il ne lui adresse pas ses prières en tout temps, comme vous savez que je fais (v. 7 à 10).

C'est au tour de Tsophar de parler. Mais il garde le silence et Job, reprenant la parole, dit : « Je ne vous cacherai pas les desseins du Tout-Puissant », car, lui aussi, Job a discerné l'autre aspect du sort des méchants.

Il est faux de dire que la souffrance est invariablement le fruit du péché. Mais il est vrai, terriblement vrai, qu'une vie passée loin de Dieu et dans le mépris de ses commandements, entraîne son châtiment en ce monde, et dans celui à venir. 

Il était vrai de dire que si les enfants de l'impie étaient nombreux, c'était souvent pour l'épée. Inquiets, agités, mécontents, ils sont comme possédés par l'esprit qui règne à leur foyer. Que le méchant amasse des richesses, il devra tout laisser. Il se couche riche et il meurt dépouillé. Il ouvre les yeux et tout a disparu. Dieu le frappe soudain et lui dit : « Insensé ! Cette nuit même, ton âme te sera redemandée (Luc 12 v. 20) ». Il voudrai fuir, mais il ne le peut. D'accord avec le jugement de Dieu, les hommes battent des mains à sa chute et sifflent à son départ. Telle est la fin du méchant, même si, au cours des années écoulées, les châtiments de Dieu ne l'ont pas atteint.

Après avoir rappelé le lot des méchants et montré la folie qu'il y a de s'attacher aux choses qui passent, Job décrit le travail incessant de l'homme dans la recherche des biens terrestres et met en contraste la sagesse déployée pour atteindre jusqu'aux richesses cachées du sous-sol, avec la sagesse qui vient d'En Haut.

Il faut creuser le sol pour y trouver l'argent. Et l'or qu'on recueilli,  doit être mis au creuset pour être affiné. Le fer doit être extrait de la poussière, on fonde la pierre pour y trouver l'airain. Avec quelle persévérance les hommes recherchent ces trésors, ouvrant des galeries dans les entrailles de la terre, loin des endroits habités. De la terre qui donne le blé, sortent aussi des pierres merveilleuses : des saphirs d'un bleu transparent, et de la poussière d'or.

L'oiseau de proie ne peut suivre le chemin du mineur, malgré l'acuité de son regard, et les plus fiers animaux ne l'ont pas foulé. L'homme porte sa main sur le rocher et renverse les montagnes depuis leurs racines. Il s'ouvre un passage dans le roc et son œil contemple tout ce qu'il y a de précieux. Il change même l'écoulement des eaux pour amener à la lumière les trésors cachés (28 v. 1 à 11).

Tel est le travail de l'homme à la recherche des biens terrestres. Mais, connaît-il la valeur infiniment supérieure, infiniment plus précieuse, de la Sagesse et de la connaissance ? S'il le sait, si son cœur s'applique à les chercher, sait-il où les trouver ? On ne les trouve ni au sein de la terre, ni au fond des mers. Ni l'or, ni l'argent ne peuvent acheter la Sagesse. On ne peut même pas la comparer à l'or d'Ophir ou aux pierres précieuses. Oui, son prix dépasse celui des rubis et des perles (v. 12 à 19).

D'où vient donc la Sagesse ? Puisqu'on ne peut l'acheter et qu'elle est cachée aux yeux des vivants ? (v. 20 et 21). Dieu seul connaît la source de la Sagesse, seul, il peut enseigner comment on l'obtient. Toute sagesse se trouve en Dieu lui-même. Il voit jusqu'aux extrémités de la terre et tout ce qui se passe sous les cieux, tout le travail d'un homme pour ces trésors d'un jour. Il a mesuré les eaux, réglé le poids du vent lui seul connaît la place de la Sagesse, et il dit : « Voici la crainte du Seigneur, c'est la Sagesse, s'éloigner du mal, c'est l'intelligence (28) ».

Bref, les hommes associent la sagesse à la science des choses d'ici-bas, et au moyen d'acquérir des richesses. Mais Dieu dit que la plus haute Sagesse, c'est de le connaître, d'accomplir sa volonté, et de se séparer de mal. 

➲ Job évoque son passé (Chapitre 12 v. 24).

« Oh ! Que ne puis-je être comme au temps d'autrefois ! Comme aux jours où Dieu me gardait ! » Après avoir dit qu'il conservera jusqu'au bout son intégrité, après avoir déclaré bien clairement à ses amis qu'il refusait de prendre cette place du pécheur et de l'impie à laquelle ils l'invitaient, Job s'accorde la joie de regarder en arrière, de retourner en pensée aux jours d'autrefois, qu'il met en contraste avec l'amertume et la douleur du temps présent. Il nous livre ainsi une vivante peinture de sa vie intérieure et extérieure, dans sa marche avec Dieu. Il nous révèle, aussi, sans s'en douter, la raison pour laquelle Dieu l'a mis au creuset de l'affliction.

Ses premiers montrent qu'il y a un degré de soumission à Dieu que Job n'avait jamais atteint. Épreuve sur épreuve l'avait frappé, et il s'était incliné sous la volonté de Dieu. Mais il ne semble pas se rendre compte que ses retours en arrière, ce désir de retrouver sa postérité passée, ne sont point d'accord avec un abandon total de soi à Dieu, une acceptation entière de la volonté de Dieu.

Comme l'a écrit un auteur profondément instruit des voies de Dieu, il faut que dans la fournaise de l'épreuve, la soumission à Dieu soit parfaite, afin qu'il n'y ait jamais de regrets en regardant au passé, et jamais de désirs en regardant vers l'avenir. Car il est évident que regrets ou désirs ne sont point en harmonie avec le complet abandon de soi à Dieu.

L' Adversaire le sait. Aussi, combien il essaie de ramener la pensée à ce que nous étions et qu'en apparence nous ne sommes plus, ou à ce que nous devrions être et que, apparemment  nous ne sommes pas. Ces comparaisons de soi-même élèvent un obstacle fatal au repos de l'âme en Dieu, dans toute la volonté de Dieu.

« Oh ! Que ne puis-je être comme au temps d'autrefois ! » Job ne s'étend pas sur sa prospérité perdue car son cœur ne s'était pas attaché à ces richesses. Il remémore surtout le temps de communion avec Dieu et de service en faveur des autres.

La vie de Job à la lumière de Dieu.

A tous les points de son récit, nous voyons l'intégrité du cœur de Job. En rappelant le passé, il n'énumère pas la perte de ses biens, il ne rappelle pas d'abord la mort de tous ses enfants, il se lamente surtout sur l'épaisse nuée qui lui dérobe Dieu. Il remonte aux jours de sa communion avec l'Éternel, lorsqu'il marchait à sa lumière, que sa lampe brillait sur sa tête. Que lui importait les ténèbres puisque Dieu le conduisait pas à pas.

Job avait bien la conviction qu'il était entre les mains de Dieu, mais il est troublé par sa nouvelle manière d'être à son endroit. Oh ! La douleur d'avoir à marcher dans les ténèbres, sans la moindre lumière, sans la moindre preuve d'être conduit par Dieu.

Nous connaissons cette souffrance quand le Saint-Esprit nous conduit hors du chemin que Dieu éclaire, pour nous amener à marcher uniquement par la foi. Job savait ce qu'il avait perdu. Il ne discernait pas encore ce qu'il allait gagner. Il ne savait qu'il s'était reposé sur la lumière que Dieu communiquait plutôt que sur Dieu lui-même, qu'il avait presque marché par la vue, au lieu de marcher par la foi.

Job avait perdu tout ce qui, autrefois, faisait son bonheur. Mais c'était pour parvenir à une plus grande connaissance de Dieu, connaissance possible pour la foi qui s'appuie uniquement sur le caractère de Dieu : « Que ne suis-je aux jours de ma vigueur, quand Dieu veillait en ami sur ma tente (v. 4 et 5) ».

Le temps de la vigueur de la jeunesse est splendide, merveilleux, qu'il s'agisse du domaine de la nature ou de celui de la Grâce. Le printemps de la vie spirituelle est délicieux avec sa ferveur, l'ardeur de son amour. Mais il a sa verdeur, il est impulsif, partial. Il croit savoir et souvent ne voit qu'un côté des choses. Beauté de la ferveur, de la piété, de l'énergie, de la vie, Beautés de toutes les possibilités, et pas nécessairement de leur accomplissement, beauté de la fleur qui pourra donner un fruit, lorsque les pétales seront tombés.

Plus tard, Job pensera avec reconnaissance aux joies de son merveilleux matin. Mais il discernera plus de beauté dans la foi qui a atteint son ultime développement et qui marche avec Dieu dans une confiance paisible. Il verra plus de beauté dans la douceur d'un esprit exercé par la souffrance, qui se repose en l'Éternel, confiant dans la sagesse de son action et dans les desseins de sa volonté bénie.

Job regrette le temps où Dieu veillait sur sa tente. Il ne sait pas que Dieu ne s'est jamais autant occupé de lui qu'à l'heure de l'épreuve. Dieu ne perd jamais des yeux le creuset, où l'or précieux que constituent ses rachetés est affiné par le feu. Puis, Jacob rappelle les ressources infinies qu'il avait en Dieu, lorsque ses pieds étaient comme baignés dans la crème, et que les rochers de difficultés qui barraient sa route déversaient, pour lui, des ruisseaux d'huile. Bref, il s'était réjoui de tout nouvel obstacle sur son chemin, lequel obstacle s'était transformé en nouvelle occasion de bénédiction.

« Si je sortais, les jeunes gens se retiraient à mon approche, les vieillards se levaient et  se tenaient debout, les princes arrêtaient leurs discours... la voix des chefs se taisait ».

Ces détails nous révèlent en quelle estime vivait Job parmi ses contemporains. Les jeunes se cachaient, peut-être de crainte de n'être point compris ? Ou bien parce qu'ils redoutaient le regard de l'homme qui vivait avec Dieu ? Tous montraient le respect qu'ils avaient pour l'homme de Dieu.

Quel honneur d'être ainsi respecté, et pour cette raison, de la marche avec l'Éternel ! Inconsciemment, c'est à l'Éternel lui-même que s'adressent ces marques de déférence. Il en va toujours ainsi avec l'homme que le Saint-Esprit a marqué de son sceau. Il est conduit devant les grands. Mais si ceux qui honorent le serviteur de Dieu se glorifient en l'homme, s'ils lui attribuent la puissance, l'Éternel, qui est un Dieu jaloux, met son serviteur à l'écart. Ou bien, comme dans le cas de Job, il permet la fournaise de l'épreuve, de sorte qu'il est manifeste pour tous que l'homme n'a quoi que se soit qui lui appartienne en propre. Rien de plus que ce qu'il a reçu de Dieu. En lui-même, il ne possède rien.

« La bénédiction du malheureux venait sur moi ; l'oreille qui m'entendait me disait heureux... Car le sauvais le pauvre qui implore du secours, et l'orphelin qui manquait d'appui. Je remplissais de joie le cœur de la veuve   (24 v. 11 à 13) ».

Job dit maintenant les joies du service, fruit spontané de la communion avec Dieu. Des voix s'élevaient pour le bénir, ceux qui le voyaient rendaient témoignage à la grâce et la puissance de Dieu qui étaient sur lui. On l'aimait à cause de son dévouement au service du prochain. Tous ceux qui étaient dans la peine allait à lui, et n'était jamais déçus. « La sagesse qui vient d'En-Haut est pure, paisible, douce, traitable, pleine de compassion...Elle n'est pas envieuse ni hypocrite (Jacques 3 v. 17) ».

L'esquisse que Job trace de sa vie atteint ici sa suprême beauté. Après la joie de satisfaire le cœur de Christ, il n'y a point de joie plus douce ici bas que celle de secourir ceux qui sont prêts à périr, et de faire que le cœur de la veuve chante de joie. Job regrette ce temps-là. Quand donc ce service lui sera confié à nouveau ? Mais qui donc viendrait à lui, maintenant ? Lui, le malheureux sur le tas de cendres.

« Je me revêtais de la justice et je lui servais de vêtement. J'avais ma droiture pour manteau et pour turban. J'étais l'œil de l'aveugle, j'étais le père des misérables, je brisais la mâchoire de l'injuste, et j'arrachais, de ses dents, la proie  (v. 14 à 17) ».

L'intimité qu'il y avait entre Job et Dieu nous permet de croire qu'existait en lui cette justice, cette droiture de vie, que nous trouvons en ceux qui ont compris que Jésus-Christ a été fait péché à notre place, pour que nous devinssions justice de Dieu en Lui : « Je me revêtais de la justice et je lui servais de vêtement », dit-il, pour décrire ce qui faisait sa force. Ceci nous montre qu'il était vraiment revêtu de la puissance d'En-Haut.

On pourrait presque décrire avec les mêmes mots le revêtement du Saint-Esprit que reçurent les disciples à la Pentecôte. La justice de Dieu ne fut-elle pas manifestée dans l'apôtre Pierre, lorsqu'il dévoila et jugea le péché d'Ananias et de Saphira ?

Ainsi, Job instrument dans la main de Dieu, au milieu de ses contemporains, fut revêtu de justice comme d'une cotte de maille pour la bataille contre le péché. Sa justice, son jugement impartial dans les différents entre familles ou tribu avaient été comme un précieux diadème sur sa tête. Sans peur, dans sa lutte pour le droit, il ne s'était pas mis en peine des conséquences, lorsqu'il s'opposait aux méchants, et qu'il leur arrachait leurs victimes, comme on arrache des mâchoires du fauve, la proie qu'il s'apprête à dévorer.

« Je me disais, je mourrai dans mon nid ; mes jours seront abondants comme le sable...»

On suppose que Job avait atteint la centième année à l'époque de sa grande épreuve. Il pouvait, certes, penser qu'il avait atteint la maturité, et qu'aucun changement de situation ne surviendrait en sa vie. Il est évident que sa communion avec Dieu, sa connaissance des ressources qu'il possédait en Lui, son jugement sûr, son courage indomptable au service des autres, tout ceci ne pouvait résulter que de longues années d'obéissance et de marche avec Dieu.

D'autre part, Job savait que sa vie intérieure était profondément enracinée en Dieu. Elle était donc accessible aux « eaux vives ». La rosée de l'Esprit reposait constamment sur lui, le gardait de la sécheresse, et le faisait reverdir comme l'arbre planté près des eaux courantes. « Alors je disais : Ma gloire se renouvellera sans cesse...». Que veut-il dire ? S'agissait-il de cette puissance de Dieu qui l'équipait constamment dans sa bataille contre le péché et contre la puissance des ténèbres ? Tout aussitôt, il parle de son arc qui, au lieu de s'user, « rajeunissait », ou était renouvelé entre ses mains (v. 20).

« On m'écoutait.... on gardait le silence. Après mes discours, nul ne répliquait. Mes paroles étaient pour tous une bienfaisante rosée  (v. 21 à 23) ». Non seulement Job était revêtu de la justice de Dieu, mais il avait reçu ce que l'on a nommé au jour de la Pentecôte le don d'expression, l'éloquence.

L'autorité pour se faire écouter. Ce silence profond, intense qui accompagne les paroles prononcées selon l'Esprit. La conviction qu'elles entraînent dans le cœur des auditeurs, pour y détruire toute opposition, l'influence rafraîchissante, comparable à celle de la rosée, du discours selon l'Esprit ; la soif éveillée ; l'attente des auditeurs ; la réceptivité du cœur et de l'être tout entier, comparable à celle de la terre recevant la pluie de l'arrière-saison ; la confiance des auditeurs dans le message envoyé par Dieu ; tous ces signes, tous ces traits, marquent Job comme un véritable prophète de l' Éternel.

C'est là, une charge redoutable. Ce désir d'agir sur les cœurs par la parole ne va pas sans périls. Les Sainte Écritures ne manquent pas de nous en avertir. C'est un grand privilège que d'être l'un des serviteurs que Dieu honore ainsi. Ce privilège a sa contre partie de dangers.

Moïse pécha par ses lèvres ; Eli fut puni à perpétuité, lui et sa descendance, parce qu'il n'avait pas réprimandé ses fils ; David fut sévèrement châtié, pour n'avoir pas su garder ses yeux ; Jérémie fut repris parce que son esprit défaillait. Toutes ces choses sont écrites pour notre instruction.

Dans le récit que Job fait de sa vie passée, il est aisé de discerner la satisfaction qu'il avait éprouvée de sa haute situation, situation qu'il devait à la confiance des ses contemporains et surtout à la faveur que Dieu lui témoignait.

« Je m'asseyais à leur tête, j'étais comme un roi au milieu de sa troupe », dit-il dans sa conclusion.

Le défi de Satan a été conçu de façon machiavélique. Il a discerné le péril qui menace Job, sur ce piédestal où son intégrité, sa droiture, son amour pour Dieu et le prochain et la confiance de son peuple l'ont comme élevé. Péril bien connu de l'apôtre Paul, lorsqu'il écrivait aux Corinthiens qu'il lui avait été mis une écharde dans la chair, pour qu'il ne s'enflât pas d'orgueil à cause de l'excellence des révélations qu'il avait reçues. Se laisser gagner par l'orgueil, c'est perdre sa couronne.

D'autre part, ce récit de sa vie par Job confirme ce que Dieu dit de lui devant l'assemblée céleste, et démontre suffisamment que ni le péché, ni la désobéissance ne sont en cause dans l'épreuve qui l'a atteint. Il y a la seule volonté de Dieu qui a en vue l'accroissement de la foi chez son serviteur. Accroissement possible pour celui-là seul qui connaît la plénitude de l'Esprit et la marche par la foi. Cette foi qui est plus précieuse aux yeux de Dieu que l'or périssable et qui recevra honneur et louange lorsque le Seigneur apparaîtra.

Dans le Nouveau Testament, il est question du grain de blé qui tombe en terre et meurt pour porter du fruit; de la conformité de Christ en sa mort, laquelle conformité succède à l'identification avec Lui, sur la Croix du Calvaire ; de la sentence de mort qui tomba sur tout ce que Paul avait, sur tout ce qu'il était par lui-même, afin qu'il ne reposât plus qu'en la puissance de résurrection de Dieu. Ces choses, ces expériences, correspondent à l'époque de dépouillement dans la vie de Job.

➲ Dans le creuset (Chapitre 13).

« Sous sa magnificence, éclatera un embrasement... Il en sera comme d'un porte-étendard qui tombe en défaillance... (Esaïe 10 v. 16 à 18) ».

Après avoir rappelé les bénédictions de son heureux passé, Job décrit les douleurs du présent. Son récit n'est pas sans rappeler, par plus d'un côté, le chemin que suivit jusqu'au Calvaire le Saint de Dieu, lorsqu'il devint obéissant, obéissant jusqu'à la mort de la Croix.

L'histoire de Job ne serait-elle pas un enseignement des voies de Dieu envers ses enfants dans tous les temps ? Préfigurerait-elle aussi l'œuvre de Christ ? De même qu'Esaïe 53 décrit les souffrances du Messie, la vie de Job ne fut-elle pas pour ses contemporains, et par certains côtés, annonciatrice du Calvaire ?

De toute façon, l'harmonie interne des Saintes Écritures est soulignée de façon frappante par la vie de Job. La lettre de la Parole a été donnée en divers temps et de plusieurs manières et nous y discernons le même Esprit, une même vérité. De la Genèse à l'Apocalypse, nous avons ce même enseignement de mort et de résurrection, non seulement dans la vie du Seigneur, mais aussi dans celle de tout fils d'Adam ramené à Dieu par Christ.

Le chemin qu'a suivi le Christ, dans son pèlerinage terrestre, est celui de la vie abondante : « Si le grain de blé ne meurt, il demeure seul. S'il meurt, il porte beaucoup de fruit (Jean 12: v. 4) ». Longtemps auparavant, Job fut amené à mourir à lui-même dans la fournaise de la souffrance. En ces derniers jours de l'âge, le chemin est le même, pour toute âme qui attend l'apparition du Seigneur glorifié.

De tous jeunes gens riaient du malheur de Job. Même des gens de rien, les plus vils, la lie du peuple, se moquaient de lui et lui crachaient au visage. C'est un fait, hélas ! Que la nature déchue se réjouit du malheur qui atteint le prochain. S'agit-il d'un enfant de Dieu, très aimé et estimé à cause de son service ? Il se trouvera toujours autour de lui quelques âmes jalouses ou envieuses, même parmi les frères, pour se réjouir qu'il soit mis à l'écart.

Oh ! Enfant de Dieu, pourquoi ne point te réjouir de ce qu'un autre est apprécié, recherché, même si d'être laissé dans l'ombre t'humilie ? Ne peux-tu pas te réjouir de ce que Dieu envoie un autre que toi pour sauver des âmes ? Qu'un autre soit appelé pour un service qui, autrefois, te fut confié ? Ne peux-tu te glorifier du privilège de l'intercession, ce service caché auprès du Trône de la Grâce ? 

Ou bien, souffrirais-tu d'être jugé durement, toi qui a supporté le labeur et la chaleur du jour au service du Maître ? Quelque jeune ouvrier sans culture , mais plein de zèle, te méprise, peut-être, à cause d'un manque de bénédiction sur la vigne confiée à tes soins ? Ne veux-tu pas accepter d'être traité d'incapable, et te retirer d'une œuvre qui a été comme ta vie ?

« Non seulement les jeunes gens se moquent de moi, dit Job, mais je suis la risée des gens méprisables, des personnes qu'on repousse la nuit, qu'on repousse de partout, et qui fuient dans les lieux arides. Maintenant, je suis l'objet de leurs chansons, je suis en bute à leurs propos. Ils me crachent au visage. Ces misérables se lèvent à ma droite, ils me repoussent les pieds. Ils arrivent comme par une large brèche et se précipitent sur ma ruine  (30 v. 1 à 14) ».

Il semble, d'après ces paroles, qu'une foule de gens méprisables soient accourus pour insulter Job, sur le tas d'immondices, où à présent , il demeure. Lorsque, bien des siècles plus tard, le Seigneur Jésus fut crucifié sur le Mont Golgotha, une foule de misérables s'assembla aussi contre lui. Des hommes vils l'accusèrent. Des brigands furent crucifiés avec lui. Ils avaient certainement des gens de leur bande mêlés à la foule pour voir mourir les suppliciés.

Job avait passé sa vie à faire le bien, à secourir les affligés, les pauvres, les misérables. Maintenant, ceux-là même qu'il a secourus le considèrent avec horreur et l'injurient. Il est écrit du Christ, au Psaume 22 :

« Et moi je suis un ver et non un homme, l'opprobre des hommes et le méprisé du peuple. Tous ceux qui me voient se moquent de moi, ils ouvrent la bouche et secouent la tête ». 

« Ils ont perdu toute retenue, dit Job, ils poussent mes pieds...» ; « Des chiens m'environnent, une bande de scélérats rodent autour de moi », est-il écrit du Seigneur (Psaume 22 v. 16).

« Ma gloire est emportée comme le vent », s'écrie Job. « Tu connais mon opprobre et ma honte, mon ignominie...» dit le Seigneur (Psaume 69 v. 16).

« Mon âme s'épanche en mon sein », dit Job (v. 16). Et le prophète Esaïe annonçant les souffrances du Christ dit : « Il a livré son âme à la mort  (53 v. 12) ».

« Au cours de la nuit, mes os me transpercent. La douleur qui me ronge ne se donne aucun repos. Dieu m'a jeté dans la boue, et je ressemble à la poussière et à la cendre », gémit Job (v. 17 à 19).

« Ils ont percé mes mains et mon côté... Tu me réduis à la poussière de la mort (Psaume 22 v. 15 et 16) ». « Je crie vers toi et tu ne me réponds pas (Psaume 22 v. 2 et 3) ».

« Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m'as-tu abandonné ? »  dit le Seigneur au Golgotha, celui qui fut frappé à notre place.

Ainsi, nous retrouvons de nombreux traits de la tragédie du Calvaire, dans la terrible épreuve où Job fut plongé.

La méchanceté relève la tête. Il est abreuvé d'ignominie et de douleur. Mais pour lui, l'épreuve suprême, et la cause de l'angoisse terrible qui le tenaille, c'est le silence de Dieu. Quoi ! Dieu voyait tout cela, Dieu savait ! Et il ne venait pas au secours de son serviteur ! En pensant à cela, Job s'écrie : «Tu es devenu cruel pour moi (v. 21). Tu m'anéantis au bruit de la tempête, car je le sais, tu me mènes à la mort ».

Alors Job, est repris en sa conscience. N'as-t-il pas dit à ses amis son absolue confiance en Dieu : « Même s'il me tuait je ne cesserais d'espérer en lui ». N'as-t-il pas dit son assurance de sortir de l'épreuve comme l'or purifié par le feu. Or, il vient d'accuser Dieu de cruauté ! A peine ses paroles ont passé ses lèvres que Job sait qu'il a péché. Mais il étouffe la voix douce et subtile qui se fait entendre et il s'excuse en disant : « Celui qui va périr, n'étend-il pas les mains ? Celui qui est dans le malheur, n'implore-t-il pas du secours ? »

Job avait atteint le moment crucial de son épreuve et il n'en savait rien. Sa confiance en Dieu, était restée, jusque là, inébranlable. Les accusations plus ou moins ouvertes de ses amis n'avaient fait que mieux enraciner sa foi en Dieu. Mais lorsqu'il s'offrit le luxe de s'étendre sur les joies des années passées, qu'il comparaît sa vie avec celle d'aujourd'hui, ses regrets, son désespoir, prirent le dessus. Il s'oublia au point de formuler d'amers reproches à l'adresse de son Tout-Puissant Ami. Au lieu de s'humilier aussitôt, et de confesser sa faute, il se donna une excuse, puis il se prit en pitié. Son intégrité ne l'autorisait-elle pas à espérer le bonheur ? Et le voici qui se lamente et pleure sur lui-même (versets 24 à 31).

Le prophète Jérémie traversa un moment de dépression identique : « Malheur à moi, ma mère, de ce que tu m'as fait naître. Je n'emprunte ni ne prête, et cependant, tous me maudissent  (Jérémie 15 v. 10) ».

« A cause de ta puissance, je me suis assis, solitaire. Pourquoi ma souffrance est-elle continuelle ? Serais-tu pour moi comme une source trompeuse ? Comme quelque chose qui vient à manquer ?   (Jérémie 15 v. 19) ».

Et Dieu répondit à son prophète, en danger de sombrer dans la tempête de l'épreuve : « Si tu retires ces paroles, je te répondrai, et tu pourras encore te tenir en ma présence  (15 v. 19  Version suédoise ) ».

Si Job avait écouté la voix intérieure, s'il était retourné à Dieu aussitôt,, il ne se serait pas laissé aller au désespoir, ni à cette justification de ses voies, et à ce plaidoyer en faveur de ce qui va suivre. Ce qui fit penser aux amis de Job qu'après tout, ils ne se trompaient guère, car celui-ci se considérait juste devant Dieu. A présent l'esprit de Job a été touché. Il a comme lâché l'ancre intérieure et il enfonce sous la main de Dieu.

« L'esprit de l'homme le soutient dans la maladie, mais l'esprit abattu, qui le relèvera ?  (Proverbes 18 v. 14) ».

Le Dieu fidèle veille toujours. Il ne permettra pas que Job reste dans le creuset de la souffrance une seconde de trop. Même en cet instant, Job n'a pas rejeté Dieu. Sa volonté de lui rester fidèle demeure. Dans son angoisse, il s'est laissé aller à faire des reproches à Dieu, mais il ne se sépare pas de lui, il n'a pas refusé de se confier en lui.

Contraste

Nous avons signalé les points de ressemblance qu'il y a entre Job, serviteur de Dieu, et le Seigneur, le Fils de Dieu. Mais ici, nous constatons la grande différence qu'il y a entre l'un et l'autre.

On l'a dit : « De par notre nature nous redoutons davantage la souffrance que le péché ». Il semble que cette crainte de la souffrance soit profondément enracinée dans notre être, comme, aussi, la tendance à condamner notre prochain, même injustement. Mais lorsque nous regardons au Seigneur, au Christ, quel calme ! Quelle acceptation délibérée, persévérante de la souffrance ! Il s'humilie, non pas une fois, en prenant la forme d'un serviteur, mais à tout instant, à tous les pas du chemin douloureux, il de rend obéissant jusqu'à la mort de la croix !

Dans le prétoire, le Christ est entouré de personnes qui ont de fortes ressemblances avec les amis de Job. Hommes religieux qui font profession de connaître Dieu et se croient qualifiés pour conduire les aveugles.

Bien plus ! Bien mieux que Job, le Seigneur avait fait le bien, remplissant de joie le cœur de la veuve, prononçant des paroles qu'aucun homme n'avaient prononcées. Toute sa vie fut un ministère d'amour en faveur de ceux qui étaient dans la tristesse et l'affliction. Accusé de blasphèmes par ceux qui auraient dû être ses amis, condamné comme pécheur et séducteur,  à l'inverse de Job, le Seigneur ne répondait rien : « Injurié, il ne rendit point d'injures, maltraité, il ne fit point de menaces, mais il s'en remit à celui qui juge justement  (1 Pierre 2 v. 23) ».

A l'heure suprême et bien qu'il eût crié : « Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m'as-tu abandonné », le Seigneur dit : « Mon Père, je remets mon esprit entre tes mains (Luc 23 v. 46) ».

Job, lui, proteste en disant à Dieu : « Tu es devenu cruel pour moi ! » Il perd pied sous la puissante main de l'Éternel.

 

Arthur KatzUn message de Jessie Penn-Lewis
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