4. Les deux Alliances

Chap: 4 - La nouvelle alliance - Dans des termes que le Nouveau Testament (Hébreux 8) considère comme la révélation divinement inspirée de la Nouvelle Alliance dont le Christ est le Médiateur, le plan de Dieu est dévoilé.

« Mais voici l'alliance que je ferai avec la maison d'Israël, après ces jours-là, dit l'Eternel : je mettrai ma loi au dedans d'eux, je l'écrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Celui-ci n'enseignera plus son prochain, ni celui-là son frère, en disant : connaissez l'Eternel ! Car tous me connaîtront, depuis le plus petit jusqu'au plus grand, dit l'Eternel ; car je pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché » (Jérémie 31.33-34).

Ésaïe a souvent été qualifié de prophète évangélique, en raison de la clarté remarquable avec laquelle il annonce la venue du Rédempteur, tant dans son humiliation et ses souffrances que dans la gloire du royaume qu’il allait établir. Pourtant, c’est à Jérémie, dans ce passage, et à Ézéchiel, dans le passage parallèle, qu’il a été donné de prédire le résultat concret de l’œuvre du Rédempteur, ainsi que le caractère essentiel du salut qu’il allait accomplir, avec une clarté que l’on ne retrouve nulle part chez le prophète plus ancien.

Dans des termes que le Nouveau Testament (Hébreux 8) considère comme la révélation divinement inspirée de la Nouvelle Alliance dont le Christ est le Médiateur, le plan de Dieu est dévoilé. Il nous est montré ce qu’il accomplira en nous pour nous rendre aptes et dignes d’être le peuple dont il est le Dieu.

Tout au long de l’Ancienne Alliance, un problème persistant subsistait : le cœur de l’homme n’était pas en harmonie avec Dieu. Dans la Nouvelle Alliance, ce mal doit être réparé. Sa promesse principale est celle d’un cœur qui se réjouit de la loi de Dieu, qui est capable de le connaître et de demeurer en communion avec lui.

Remarquons la quadruple bénédiction qui y est annoncée.

1. « Je mettrai ma loi au plus profond d’eux-mêmes, et je l’écrirai dans leur cœur ».

Comprenons bien cela : au plus profond de nous-mêmes, dans notre cœur, il n’existe pas de compartiments distincts où la loi pourrait être inscrite, tandis que d’autres parties seraient réservées à autre chose. Le cœur est un tout indivisible. L’intériorité, le cœur, ne sont pas comparables à une maison que l’on pourrait remplir d’éléments totalement étrangers à la nature de ses murs, sans lien organique et vivant. Non : le cœur, l’intérieur de l’être, incarne la disposition, l’amour, la volonté, la vie. Rien ne peut y être introduit – surtout par Dieu – sans y pénétrer pleinement, en prendre possession, susciter son affection et exercer son influence sur l’ensemble de l’être.

C’est précisément ce que Dieu entreprend d’accomplir par la puissance de sa vie et de son œuvre divine : insuffler l’esprit même de sa loi dans tout l’être intérieur. « Je la mettrai au plus profond d’eux-mêmes, et je l’écrirai dans leur cœur ». Au Sinaï, les tables de l’Alliance, sur lesquelles la loi était gravée, étaient faites de pierre – une matière durable. Il est facile d’en saisir la signification : la pierre était entièrement consacrée à une seule fonction – porter et manifester cette écriture divine. L’écriture et la pierre étaient indissociables.

De même, le cœur dans lequel Dieu accomplit sa volonté et inscrit sa loi avec puissance, vit uniquement et entièrement pour porter cette écriture, et s’identifie pleinement à elle. C’est seulement ainsi que Dieu peut réaliser son dessein dans la création : avoir un enfant uni à lui, animé du même esprit et de la même pensée, se réjouissant d’accomplir sa volonté.

Lorsque l’Ancienne Alliance, avec la loi gravée sur la pierre, eut accompli son œuvre en révélant et en condamnant le péché, la Nouvelle Alliance allait lui insuffler la vie d’obéissance et la véritable sainteté du cœur. Toute la bénédiction de l’Alliance repose sur ce point central : le cœur est préparé à connaître Dieu. « Je leur donnerai un cœur pour me connaître, pour savoir que je suis l’Éternel ; et ils seront mon peuple, et je serai leur Dieu ; car ils reviendront à moi de tout leur cœur » (Jérémie 24.7).

2. « Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple ».

Ne prenons pas ces paroles à la légère. Elles apparaissent principalement dans les livres de Jérémie et d’Ézéchiel, en lien avec la promesse de l’Alliance éternelle. Elles expriment l’expérience la plus profonde et la plus élevée de la relation d’Alliance. Ce n’est que lorsque le peuple de Dieu apprendra à aimer et à obéir à sa loi, lorsque son cœur et sa vie seront entièrement consacrés à lui et à sa volonté, qu’il pourra recevoir la bénédiction inconcevable contenue dans ces mots : « Je serai votre Dieu ».

« Tout ce que je suis et possède en tant que Dieu sera à vous. Tout ce dont vous pouvez avoir besoin ou que vous pouvez désirer chez un Dieu, je le serai pour vous. Dans le sens le plus complet du terme, moi, l’Omniprésent, je serai toujours avec vous, présent dans toute ma grâce et mon amour. Moi, le Tout-Puissant, j’agirai en vous à chaque instant par ma puissance. Moi, le Trois fois Saint, je manifesterai ma vie sanctifiante en vous. Je serai votre Dieu !

Et vous serez mon peuple : sauvés et bénis, gouvernés, guidés et pourvus par moi, connus et reconnus comme étant véritablement le peuple du Saint, le Dieu de gloire ! » Accordons simplement à nos cœurs le temps de méditer ces paroles et d’attendre que le Saint-Esprit accomplisse en nous tout ce qu’elles signifient.

3. « Et chacun n’enseignera plus son prochain, ni chacun son frère, en disant : Connais le Seigneur ! Car tous me connaîtront, du plus petit au plus grand, dit le Seigneur ».

La communion personnelle avec Dieu, même pour le plus faible et le plus humble, sera le merveilleux privilège de chaque membre du peuple de la Nouvelle Alliance. Chacun connaîtra le Seigneur.

Il ne s’agit pas ici d’une connaissance purement intellectuelle – qui n’est pas le privilège de tous et peut parfois entraver la communion plutôt que la favoriser – mais d’une connaissance qui implique appropriation et assimilation : c’est cela, la vie éternelle.

De même que le Fils connaissait le Père parce qu’il était un avec lui et demeurait en lui, l’enfant de Dieu recevra, par le Saint-Esprit, cette illumination intérieure qui fera de Dieu celui qu’il connaît le mieux, parce qu’il l’aime par-dessus tout et vit en lui. La promesse : « Ils seront tous enseignés de Dieu », s’accomplira par l’enseignement du Saint-Esprit. Dieu communiquera à chacun, par sa Parole, tout ce qu’il lui est nécessaire de savoir.

4. « Car je pardonnerai leurs iniquités, et je ne me souviendrai plus de leur péché ».

Le mot « car » indique la raison de tout ce qui précède. Parce que le sang de cette Nouvelle Alliance possède une valeur infinie, et que son Médiateur et Grand Prêtre céleste, agit avec une puissance divine incomparable, Dieu promet un effacement si total du péché qu’il ne peut plus s’en souvenir.

C’est cet effacement complet qui nous purifie et nous libère de l’emprise du péché, permettant à Dieu d’inscrire sa loi dans nos cœurs, de se manifester avec puissance comme notre Dieu, et de nous révéler, par son Esprit, les profondeurs de son être ; le mystère insondable de lui-même et de son amour.

C’est l’expiation et la rédemption accomplies par Jésus-Christ, sans nous mais pour nous, qui ont levé tous les obstacles, l’ont rendu digne de Dieu, et nous ont rendus dignes à notre tour. Ainsi, la loi gravée dans le cœur, le droit d’appartenir à notre Dieu, et la connaissance intime de lui deviennent notre vie quotidienne et notre héritage éternel.

Nous avons ici le résumé divin de l'héritage de la Nouvelle Alliance. Cette dernière bénédiction, le pardon des péchés, est la première, la racine de toutes. La seconde, avoir Dieu pour Dieu, et la troisième, l'enseignement divin, en sont le fruit. L'arbre lui-même, qui pousse sur cette racine et porte ce fruit, est ce qui est nommé en premier : la loi dans le cœur.

L'exigence centrale de l'Ancienne Alliance : « Obéis à ma voix, et je serai ton Dieu ! », est désormais satisfaite. Avec la loi inscrite dans le cœur, Il peut être notre Dieu, et nous serons son peuple. L'harmonie parfaite avec la volonté de Dieu, la sainteté du cœur et de la vie, est la seule chose qui puisse satisfaire le cœur de Dieu ou le nôtre. Et c'est cela que la Nouvelle Alliance donne avec la puissance divine :

« Je leur donnerai un cœur pour me connaître ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple, car ils se tourneront vers moi de tout leur cœur ». C'est sur l'état du cœur, sur le cœur nouveau, tel que donné par Dieu, que repose la vie de la Nouvelle Alliance.

Mais pourquoi, si tout cela est censé être littéralement et exactement vrai pour le peuple de Dieu, voyons-nous si peu cette vie, vivons-nous si peu la plénitude en nous-mêmes ? Il n'y a qu'une seule réponse : à cause de votre incrédulité ! Nous avons parlé de la relation entre Dieu et l'homme dans la création comme de ce que la Nouvelle Alliance est censée rendre possible et réelle. Mais la loi ne peut être abrogée sans que Dieu ne l'impose.

Il ne peut accomplir son dessein que si le cœur est disposé et accepte son offre. Dans la Nouvelle Alliance, tout est par la foi. Détournons-nous de ce que la sagesse et l'expérience humaines peuvent dire, et demandons à Dieu lui-même de nous enseigner le sens de son Alliance. Si nous persévérons dans cette prière, humbles et disposés à apprendre, nous pouvons compter avec certitude sur sa promesse : « Chacun n'enseignera plus à son prochain : Connais le Seigneur, car tous me connaîtront ».

L'enseignement de Dieu, par le Saint-Esprit, pour nous faire comprendre ce qu'il nous dit dans sa Parole, est notre droit d'Alliance. Comptons-y. Ce n'est que par une foi divine que nous pouvons nous approprier ces promesses. Et ce n'est que par un enseignement et une illumination intérieure que nous pouvons en saisir le sens et y croire. Lorsque Dieu nous enseigne le sens de ses promesses dans un cœur soumis à son Saint-Esprit, alors seulement nous pouvons les croire et les recevoir avec une puissance qui les concrétise.

Mais est-il vraiment possible, au milieu des épreuves du quotidien, de vivre l'expérience de ces bénédictions ? Sont-elles vraiment destinées à tous les enfants de Dieu ? Posons-nous plutôt la question : Dieu est-il en capacité d'accomplir ce qu'il a promis ? Nous croyons à la première partie de cette promesse : le pardon complet et parfait des péchés. Pourquoi ne devrions-nous pas croire à l'autre partie : la loi écrite dans le cœur, la communion et l'enseignement divins directs ?

Nous avons été tellement habitués à séparer ce que Dieu a uni, l'œuvre objective et extérieure de son Fils, et l'œuvre subjective et intérieure de son Esprit, que nous considérons que la gloire de la Nouvelle Alliance, par rapport à l'Ancienne, réside principalement dans l'œuvre rédemptrice du Christ pour nous, et non dans l'œuvre sanctifiante de l'Esprit en nous. C'est à cause de cette ignorance et de cette incrédulité quant à la présence du Saint-Esprit en nous, puissance par laquelle Dieu accomplit les promesses de la Nouvelle Alliance, que nous ne nous attendons pas réellement à ce qu'elles se réalisent.

Détournons nos cœurs de toute expérience passée d'échec, causée uniquement par l'incrédulité ; admettons pleinement et sincèrement ce que l'échec nous a enseigné : l'impossibilité absolue pour un homme, même régénéré, de marcher selon la loi de Dieu par ses propres forces, et tournons nos cœurs avec calme et confiance vers le Dieu de notre alliance.

Écoutons ce qu'il dit qu'il fera pour nous, et croyons en lui ; reposons-nous sur sa fidélité inaltérable et la sécurité de l'alliance, sur sa toute-puissance et sur le Saint-Esprit agissant en nous ; et abandonnons-nous à lui comme à notre Dieu. Il prouvera que ce qu'il a fait pour nous en Christ n'est rien de plus merveilleux que ce qu'il accomplira en nous chaque jour par l'Esprit de Christ.

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