
16. Le chemin de la croissance spirituelle
Chap: 7 - La traversée du Jourdain (suite) - La traversée du désert est terminée. Dès le chapitre 20 des Nombres déjà, des événements de la quarantième année nous sont décrits. Maintenant le peuple se trouve dans les plaines de Moab (Nombres 22 v. 1).
La traversée du Jourdain par le peuple d'Israël est une image de la manière dont nous prenons par la foi, comme rachetés, la place qui est la nôtre en Christ dans les lieux célestes. Lorsque nous recevons par la foi que nous sommes vivifiés avec Christ, ressuscités avec lui et assis en lui dans les lieux célestes, nous sommes véritablement des chrétiens spirituellement adultes.
Les lieux célestes.
De même que les Israélites avaient atteint leur but dans le pays de Canaan, ainsi, nous prenons aussi notre vraie position chrétienne comme spirituellement « parfaits » ou « adultes » lorsque nous avons saisi par la foi toute la portée de l’œuvre de la rédemption et de la bénédiction spirituelle en Christ qui y est liée. Nous trouvons cette partie de la vérité chrétienne dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens.
En Éphésiens 2 v. 4 à 6, il est écrit : « Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ (vous êtes sauvés par la grâce), et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus ». Paul écrit semblablement, bien que d'une manière moins étendue, dans l'épître aux Colossiens : « …étant ensevelis avec lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l'opération de Dieu qui l'a ressuscité d'entre les morts. Et vous, lorsque vous étiez morts dans vos fautes et dans l'incirconcision de votre chair, il vous a vivifiés ensemble avec lui, nous ayant pardonnés toutes nos fautes », et : « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu » (Colossiens 2 v. 12 et 13 ; 3 v. 1).
Dans ces deux épîtres, nous sommes considérés comme vivifiés et ressuscités avec le Christ. L'épître aux Éphésiens va toutefois un peu plus loin : Dieu nous a aussi « fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus » (Éphésiens 2 v. 6). Nous voulons maintenant nous occuper de ces faits, malheureusement peu compris.
Vivifiés avec le Christ.
Il est dit d'abord : « Vivifiés avec le Christ ». Le Seigneur Jésus a été vivifié en tant qu'homme, après qu'il eut accompli son œuvre à la croix, qu'il est mort et a été enseveli. Il a été « mis à mort en chair, mais vivifié par l'Esprit » (1 Pierre 3 v. 18 ; comp. Romains 8 v. 2). Dans le texte original, l'article manque ici devant « Esprit ». Cela signifie que l'accent est mis moins sur la personne du Saint-Esprit par la puissance duquel le Seigneur a été vivifié, que sur le caractère de la vie. Elle porte les signes distinctifs du Saint-Esprit. Afin que cette vie en incorruptibilité puisse luire pour nous, il fallait que la mort soit anéantie et la question du péché résolue une fois pour toutes (2 Timothée 1 v. 10 ; Hébreux 7 v. 16). La vie du Seigneur Jésus dans la chair est caractérisée par l'abaissement et les souffrances. Sa vie comme homme dans la résurrection, au contraire, l'est par la puissance et la gloire (Romains 14 v. 9 ; 2 Corinthiens 13 v. 4).
C'est cette vie que nous avons aussi reçue, parce que nous avons été « vivifiés ensemble avec le Christ ». Il est « le dernier Adam, un esprit vivifiant » (1 Corinthiens 15 v. 45). Le premier Adam avait reçu la respiration de la vie naturelle par le souffle de Dieu (Genèse 2 v. 7). Mais lorsque le Seigneur Jésus, le jour de sa résurrection, se tint au milieu des disciples, et souffla en eux, il dit : « recevez l'Esprit Saint » (Jean 20 v. 22). De cette manière, ils reçurent sa vie de résurrection caractérisée par l'Esprit-Saint, laquelle ils ne pouvaient pas encore posséder quant à sa nature jusque-là – bien que déjà nés de nouveau par le Saint-Esprit. Ce que les disciples reçurent à ce moment-là, n'était donc pas le Saint-Esprit comme personne, mais la vie caractérisée par le Saint-Esprit (*). Le Seigneur Jésus l'appelle aussi « la vie en abondance » (Jean 10 v. 10). Tous ceux qui maintenant croient en lui, la reçoivent en ce qu'ils sont « vivifiés ensemble avec le Christ » (Éphésiens 2 v. 5).
(*) Les croyants ne reçurent le Saint-Esprit comme personne divine habitant en eux que le jour de la Pentecôte (Actes 1 v. 5, 8 ; 2 v. 4 ; comp. Jean 7 v. 39).
Afin que nous puissions participer à cette vie qui est la sienne, il fallait que le Seigneur ressuscite d'abord en vainqueur d'entre les morts. Il l'avait déjà fait savoir à Marthe à l'occasion de la mort de son frère Lazare. Bien qu'il soit lui-même la vie éternelle, il ne lui dit pas : « Je suis la vie et la résurrection », mais « Je suis la résurrection et la vie » (Jean 11 v. 25). Le péché et la mort devaient être vaincus par son œuvre de la rédemption et sa résurrection, avant que nous puissions avoir part à sa vie.
Nous sommes ainsi vus, pour ainsi dire, comme si nous étions sortis avec lui du tombeau. Comme vivifiés avec Christ, nous possédons donc non seulement une nouvelle vie, mais une vie qui porte le caractère du Christ ressuscité. Il a donné la preuve qu'il est la résurrection et la vie, et il est maintenant notre vie, et cela, dans la gloire (Jean 11 v. 25 ; Colossiens 3 v. 4). Cette vie n'est pas seulement au-delà de la mort, mais elle est aussi au-delà du péché. C'est pourquoi en Éphésiens 2 v. 5, à cette parole « ressuscités avec le Christ », il est ajouté : « vous êtes sauvés par la grâce ». L'épître aux Colossiens est encore plus concrète ; il y est écrit : « …il vous a vivifiés ensemble avec lui, nous ayant pardonnés toutes nos fautes » (Colossiens 2 v. 13).
La grâce salvatrice de Dieu et le pardon de nos péchés sont liés de la manière la plus étroite avec le don de la vie. L'expression : « justification de vie » en Romains 5 v. 18, comprend également cette pensée. Là, notre justification par la foi est caractérisée par la vie de Christ, ici, notre vivification l'est par le salut et le pardon. Quelle merveilleuse part est donc celle d'être « vivifiés avec le Christ » !
Le fait mentionné dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, d'être « vivifiés avec le Christ » n'est donc pas la même chose qu'être « nés de nouveau ». Lors de la nouvelle naissance, nous avons reçu par la Parole de Dieu et par le Saint-Esprit une nouvelle vie. Nous sommes « nés de Dieu » et « nés de l'Esprit » (Jean 1 v. 13 ; 3 v. 5, 8). Être « vivifiés avec Christ » signifie, être en possession par sa résurrection d'un salut parfait et de la connaissance consciente de la vie éternelle.
Ressuscités avec Christ.
Nous ne sommes cependant pas seulement vivifiés avec le Christ, mais nous sommes aussi ressuscités avec lui. Ces deux notions se ressemblent beaucoup, mais ne signifient pourtant pas la même chose (Jean 5 v. 21 ; 11 v. 25). Par la résurrection, nous avons été placés dans une nouvelle position. Nous avons reçu la vie de résurrection, non pas toutefois pour mener maintenant une meilleure vie sur la terre, mais pour vivre dans le Christ Jésus pour Dieu (comp. Romains 6 v. 11). L'exemple de notre Seigneur ressuscité est utile à cet effet. Lorsqu'il se fit reconnaître par Marie de Magdala le jour de sa résurrection, pleine de joie, elle voulut le toucher. Il l'en empêcha cependant avec ces paroles : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père » (Jean 20 v. 17).
En tant que ressuscité, il n'était pas revenu dans la sphère de la vie naturelle, mais était entré dans une nouvelle position liée avec le ciel. Marie le voyait certes encore devant elle, mais il appartenait déjà au monde de la résurrection, et ne se trouvait encore sur la terre que pour que sa résurrection puisse être attestée par « plusieurs preuves assurées » (Actes 1 v. 3). Après son ascension, elle le comprendrait pleinement (*).
(*) Les femmes qui, en Matthieu 28 v. 9, saisirent les pieds du Seigneur, le firent en signe d'adoration, c'est-à-dire dans une tout autre intention que Marie de Magdala.
Les paroles de Paul en 2 Corinthiens 5 v. 16 vont dans le même sens : « En sorte que nous, désormais, nous ne connaissons personne selon la chair ; et, si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus ainsi ». Comment considérons-nous nos prochains incrédules ? Les voyons-nous et les traitons-nous selon leur position dans le monde ou les considérons-nous à la lumière du monde de la résurrection comme Dieu les voit : comme des pécheurs perdus, qui ont besoin du salut ? C'est ainsi que Paul et ses collaborateurs voyaient les hommes autour d'eux.
Les premiers chrétiens qui avaient encore connu le Seigneur Jésus comme le Messie vivant sur la terre, le connurent non plus sous ce caractère, mais seulement comme leur Seigneur dans la gloire. Ainsi le regard de tous ceux qui sont ressuscités avec lui doit être dirigé vers le Christ glorifié à la droite de Dieu. Ils doivent chercher « les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu » et penser « aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre » (Colossiens 3 v. 1 et 2).
Le Seigneur Jésus est ressuscité corporellement, nous le sommes de manière spirituelle. Par notre résurrection avec lui, nous avons été introduits dans une nouvelle sphère de vie. Bien que nous nous trouvions encore sur la terre, nous sommes quant à notre position, entièrement séparés du monde. Pouvons-nous comme chrétiens encore rechercher le monde, ou bien avoir la mission d'influencer activement les événements de ce monde ? Nous n'en faisons plus partie, mais nous appartenons au monde de la résurrection. Ceci peut à tout instant devenir une réalité pour notre corps aussi, lorsque le Seigneur Jésus viendra pour enlever les siens. « Car notre bourgeoisie est dans les cieux, d’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus-Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire, selon l’opération de ce pouvoir qu’il a de s’assujettir même toutes choses » (Philippiens 3 v. 20 et 21).
Notre résurrection spirituelle avec Christ n’est pas quelque chose de futur, c’est un fait présent. Nous ne la percevons certes pas avec nos sens, car elle est un fait de foi. Mais lorsque nous l’avons saisie par la foi, nous comprenons que nous avons été, non seulement retirés de la sphère du monde, mais aussi transportés dans la sphère du ciel.
Pour produire cela, un grand déploiement de la puissance de Dieu a été nécessaire. La même puissance qui s’est exercée lors de la résurrection de Christ a aussi ressuscité spirituellement les siens qui croient en lui. Lorsque le Seigneur Jésus a été ressuscité « par la gloire du Père », ceci a eu lieu « selon l’opération de la puissance de sa force, qu’il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts » (Romains 6 v. 4 ; Éphésiens 1 v. 19 et 20). Lors de sa mort sur la croix, aucune trace de force ou de puissance n’a été vue. Au contraire, il a été « crucifié en infirmité » (2 Corinthiens 13 v. 4). Abandonné de son Dieu, il a porté le châtiment pour le péché et a été mis « dans la poussière de la mort ». La mort est « les gages du péché » (Romains 6 v. 23 ; Jacques 1 v. 15).
Le seul innocent l’a prise sur lui, en substitution pour nous. Sa résurrection d’entre les morts est la preuve que la question du péché est réglée pour toujours. Au matin du premier jour de la semaine, l’opération de la puissance de Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts et a délié les douleurs de la mort, a été manifestée d’une manière jamais vue jusqu’alors (Actes 2 v. 24 ; Colossiens 2 v. 12). La mort a été anéantie, et le Seigneur Jésus a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père (Romains 6 v. 4). Cette puissance de Dieu a aussi opéré lors de notre résurrection spirituelle avec Christ. Paul la décrit comme « l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons » (Éphésiens 1 v. 19).
Non seulement Christ « a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification » (Romains 4 v. 25), mais comme croyants, nous sommes tous ressuscités avec lui. Nous avons ainsi part à la position que le Ressuscité occupe maintenant au-delà du péché et de la mort dans la gloire, assis à la droite de Dieu. Par la mort de Christ et par notre mort (spirituellement parlant) avec lui, nous avons été retirés avec lui du monde. Nous l’avons vu lorsque nous avons considéré la traversée de la mer Rouge par Israël.
Par la résurrection de Christ et par notre résurrection (spirituellement parlant) avec lui, nous avons été tirés hors de la mort et introduits dans la sphère de la vie éternelle. La traversée du Jourdain nous montre comment nous pouvons réaliser cela par la foi. L’arche de l’alliance avança la première jusqu’aux eaux de la mort, et ensuite, le peuple put traverser de pied sec le Jourdain. Le lit du fleuve mis à sec montre comment le pouvoir de la mort a été complètement annulé par la résurrection de Christ.
Paul nous présente les conséquences pratiques de notre résurrection avec Christ dans plusieurs de ses épîtres. Il écrit aux Philippiens qu’il a le désir de gagner Christ, d’être trouvé en lui, de le connaître toujours mieux et ainsi de faire l’expérience de la puissance de sa résurrection, mais aussi de la communion de ses souffrances. Pour cela, il désire même passer par la mort, parce qu’ainsi, lors de sa venue, il parviendrait aussi à la résurrection du corps (Philippiens 3 v. 8 à 11). Ceux qui sont ainsi occupés du Seigneur glorifié, il les appelle « parfaits », ce qui signifie : spirituellement adultes (en grec : teleios). Ils ont à maintenir cette disposition d’esprit en toutes circonstances. Ceux qui n’ont pas encore atteint ce stade, et ont « un autre sentiment », il les encourage en disant que Dieu le leur révélera aussi (v. 15).
Aux Colossiens, il déclare : « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu » (Colossiens 3 v. 1). Là, dans la gloire, se trouve notre vie et notre sphère de vie spirituelle. Nous sommes certes encore sur la terre, mais comment pourrions-nous aimer les choses de la terre plus que lui ? Ce danger existe cependant, c'est pourquoi il y a cette exhortation : « Pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre » (v. 2). Si nous trouvons notre joie en notre résurrection avec Christ, et cherchons les choses qui sont en haut, là où il se trouve déjà, alors nous sommes en pratique « parfaits (ou : adultes) en Christ » (Colossiens 1 v. 28). C'est à cela que tendaient tous les efforts de l'apôtre Paul pour les Colossiens, et ce dont nous pouvons aujourd'hui encore nous réclamer.
En Christ, dans les lieux célestes.
Nous ne sommes cependant pas seulement vivifiés et ressuscités avec Christ. Il est ajouté en Éphésiens 2 v. 6 un troisième pas : « …et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus ». Lorsque le Seigneur Jésus viendra afin de nous recueillir dans la maison du Père, nous serons avec lui pour toujours avec des corps glorifiés (Jean 14 v. 2 et 3 ; 1 Corinthiens 15 v. 51 ; Philippiens 3 v. 20 et 21 ; 1 Thessaloniciens 4 v. 17). Quant à notre position spirituelle, cependant, nous avons déjà en lui notre place dans les lieux célestes.
C'est pourquoi il est écrit ici très précisément « dans le Christ Jésus », ce qui signifie : comme faits un avec lui, mais pas encore unis « à lui ». Nous vivons encore sur la terre, mais « en lui » nous sommes déjà dans les lieux célestes. C'est pourquoi l'enlèvement des croyants dans le ciel n'est pas mentionné dans cette épître aux Éphésiens. Dieu considère son conseil comme déjà accompli (*).
(*) Il est pourtant parlé deux fois de notre espérance (1 v. 18 ; 4 v. 4). Du point de vue des croyants qui se trouvent sur la terre, le conseil de Dieu n'est pas encore accompli.
Dieu nous fait connaître ici son plan, qui dépasse de beaucoup ce que, comme pécheurs perdus, nous aurions pu demander. Lors de notre conversion, nous cherchions premièrement la délivrance du jugement éternel de Dieu. Nous l'avons aussi reçue, comme nous l'a montré le type de la Pâque. Mais Dieu, selon les richesses de sa grâce, nous a donné beaucoup plus.
En Christ et en vertu de sa merveilleuse œuvre de la rédemption, nous avons reçu une place dans laquelle nous avons été introduits dans la relation et la communion la plus intime avec lui, le Fils de l'amour du Père, le centre de toutes choses ! Connaissons-nous cette merveilleuse position ? Nous réjouissons-nous dans la bénédiction immense qui y est rattachée, d'être un dans la gloire avec le Christ glorifié ? Si tel n'est pas le cas, nous devons encore traverser le Jourdain pour entrer pratiquement par la foi dans la Canaan spirituelle, dans les lieux célestes.
En Romains 6, nous avons vu trois pas qui indiquent la fin du vieil homme : crucifiés avec Christ, morts et ensevelis. Ici, nous trouvons trois pas qui préparent l'introduction du nouvel homme : vivifiés avec Christ, ressuscités et assis en lui dans les lieux célestes.
Le nouvel homme.
Le « nouvel homme » est étroitement lié avec la pensée de notre résurrection avec Christ. Il n'est mentionné que dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, c'est-à-dire les seules dans lesquelles nous sommes aussi vus comme vivifiés avec Christ et ressuscités avec lui. Il existe donc une relation entre ces faits. Dans les deux épîtres, nous sommes de plus vus en image comme conduits au-delà du Jourdain.
Ce n'est que dans ces deux épîtres que le conseil de Dieu relativement à Christ et à ceux qui croient en lui est présenté. Dieu a ressuscité le Seigneur Jésus d'entre les morts et lui a donné une place à sa droite, où il est assis maintenant, couronné de gloire et d'honneur (Hébreux 2 v. 9 ; 8 v. 1 ; 10 v. 12 ; 12 v. 2). En Christ, Dieu a placé tous ceux qui croient en lui et en son œuvre rédemptrice, parfaits devant lui, et les a richement bénis. Pour cela, il ne fallait pas seulement que la question de notre culpabilité soit résolue, mais le vieil homme aussi, qui est pécheur et incurable, devait être mis de côté, afin que quelque chose de tout nouveau puisse être introduit : la nouvelle création.
La résurrection de notre Sauveur fut le commencement de la nouvelle création. Comme le Ressuscité, il est « le commencement (*) de la création de Dieu » (Apocalypse 3 v. 14). Il y a déjà dans l'Ancien Testament des évocations typologiques de ce « commencement ». L'offrande de la gerbe des prémices, au début de la moisson, est un type de la résurrection du Seigneur Jésus. C'était la première fête à l'Éternel : pour la célébrer, Israël devait être dans le pays de Canaan, donc de l'autre côté du Jourdain (Lévitique 23 v. 9 à 14). « Le lendemain du sabbat », c'est-à-dire le premier jour de la semaine, le dimanche après la Pâque, le sacrificateur devait présenter devant l'Éternel « une gerbe des prémices de votre moisson » et la « tournoyer ».
C'était une image du Ressuscité au jour de sa résurrection. Le mot utilisé ici pour « prémices » (hébreu : reschit) est différent de celui lors de la fête des semaines au verset 17 (hébreu : bikkur), où nous voyons dans les prémices, l'assemblée. Il signifie en fait : « commencement », et est le même mot par lequel les Saintes Ecritures et la première création commencent : « Au commencement Dieu créa les cieux et la terre ».
(*) Comme Dieu, il était l'origine de la première création (Jean 1 v. 3 ; Colossiens 1 v. 16), comme homme ressuscité, il est le commencement de la nouvelle création, c'est-à-dire le premier et le plus élevé !
Avec la résurrection du Seigneur Jésus d'entre les morts apparut également le nouvel homme, qu'il a créé « en lui-même ». Dans la même œuvre en laquelle notre vieil homme a été crucifié avec lui et jugé, le nouvel homme a aussi été créé (Romains 6 v. 6 ; Éphésiens 2 v. 15). L'expression « nouvel homme » désigne dans toute sa plénitude la nouvelle position du croyant en Christ, le Ressuscité, au-delà du jugement et de la mort. Le nouvel homme est ainsi sur la terre, c'est-à-dire sur la scène de l'ancienne création, le commencement de la nouvelle création qui un jour comprendra tout l'univers.
Nous trouvons le déploiement complet de la nouvelle création en Apocalypse 21, où le prophète Jean voit au premier verset un nouveau ciel et une nouvelle terre, et au verset 5, Dieu dit : « Voici, je fais toutes choses nouvelles ». Après le règne millénaire, l'ensemble de l'ancienne création présente disparaîtra et fera place à une création entièrement nouvelle. Mais le commencement en est déjà fait ! Tous ceux qui croient au Seigneur Jésus, constituent, selon Jacques 1 v. 18, « une sorte de prémices de ses créatures ».
Les croyants à Corinthe et en Galatie ont aussi été enseignés quant au fait glorieux de la nouvelle création, malgré leurs pensées charnelles. Aux Corinthiens qui laissaient agir leur vieille nature presque sans retenue, Paul écrivit en 2 Corinthiens 5 v. 17 : « En sorte que si quelqu'un est en Christ, c'est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles ». Dans la pratique de leur foi, ils en étaient bien éloignés ! En Galates 6 v. 14 et 15 aussi, Paul déclare aux croyants qui étaient en danger de retourner à la loi du Sinaï : « Mais qu'il ne m'arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle le monde m'est crucifié, et moi au monde. Car ni la circoncision, ni l'incirconcision ne sont rien, mais une nouvelle création ».
De même que de nombreux croyants dans le temps actuel, les Corinthiens et les Galates n'avaient pas saisi et réalisé par la foi la fin du vieil homme et le fait merveilleux de l'existence du nouvel homme. En conséquence, ils connaissaient de grandes difficultés dans leur vie de foi.
Le nouvel homme, en tant que « type d'homme » entièrement nouveau, se trouve en contraste absolu avec le vieil homme. Christ, le « second homme… venu du ciel » et le « dernier Adam », en est l'origine et en même temps le parfait modèle. Nous voyons dans sa vie terrestre tous les caractères du nouvel homme, bien qu'il ne soit lui-même jamais appelé le « nouvel homme ». Il a été le seul homme parfait, plein de miséricorde et de grâce, plein de vérité et de sainteté – il était amour et lumière.
Le nouvel homme ne pouvait devenir une réalité dans les croyants qu’après que Christ eut pris sur lui le jugement du vieil homme et fut ressuscité d’entre les morts. Non seulement la corruption et la méchanceté du vieil homme, mais toutes les différences qu’il présente, soit Juif ou païen, esclave ou homme libre, sont entièrement mises de côté dans le nouvel homme ; Christ est tout et en tous (comp. Colossiens 3 v. 11). La plus grande différence existait entre Juifs et Grecs, c’est-à-dire entre le peuple terrestre de Dieu et les païens. Cette différence instituée de Dieu lui-même est maintenant aussi effacée.
Le nouvel homme n’est pas Christ dans sa personne, mais est la personnification de la position des croyants en lui dans le monde de la résurrection, caractérisée toutefois par les traits qu’il manifesta dans sa vie sur la terre. De même qu’il n’y eut qu’un vieil homme, caractérisé par le péché, ainsi, il n’y a qu’un nouvel homme qui porte les traits de Christ. C’est pourquoi ils sont l’un et l’autre toujours mentionnés au singulier, jamais au pluriel.
En Éphésiens 2 v. 15 et 16, l’apôtre Paul ne parle pas seulement du seul homme nouveau, mais aussi du seul corps : « …afin qu’il créât les deux en lui-même pour être un seul homme nouveau, en faisant la paix ; et qu’il les réconciliât tous les deux en un seul corps à Dieu par la croix ». Ceci est parfois compris – principalement dans l’exégèse ecclésiastique – comme s’il s’agissait de deux points de vue de la même chose, à savoir l’unité de l’Assemblée de Dieu, qui est bien le corps de Christ (comp. 1 Corinthiens 10 v. 17 ; 12 v. 12 et 13 ; Éphésiens 4 v. 4).
Cependant, les deux expressions sont juxtaposées, comme la conjonction « et » le montre. Chaque proposition contient donc une affirmation indépendante. La désignation « un seul homme nouveau » ne parle pas de l’unité des Juifs et des païens, mais de l’identité de leur nouvelle position et de leur nouvelle nature.
Ce serait plus qu’improbable que la même désignation, paraissant seulement deux fois dans cette épître, soit utilisée avec une signification toute différente : pour désigner ici l’Assemblée, et au chapitre 4, verset 24, la position et la nature du croyant isolé. Le nouvel homme en Éphésiens 2 v. 15 doit être, par conséquent, identique à celui du chapitre 4, verset 24. De même dans l’original grec, il est utilisé chaque fois exactement la même expression (*).
L’Assemblée mentionnée ensuite, le seul corps, est formée d’hommes de cette seule « espèce » (v. 16). Ce seul corps de Christ est composé, certes, de nombreux membres différents, mais les caractères du seul homme nouveau sont leur part commune à tous. Nulle part l’Assemblée n’est appelée « un seul homme ». Comment pourrait-elle aussi l’être ? Elle est certes le corps de Christ, et il est sa tête dans le ciel, mais sans lui, elle est incomplète, et donc inconcevable.
(*) En grec : kainos (= nouveau dans sa nature) anthrôpos ; en revanche, en Colossiens 3 v. 10 : neos (= nouveau dans son existence) anthrôpos.
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