
7. Le chemin de la croissance spirituelle
Chap: 4 - La traversée de la mer Rouge (suite et fin du chapitre) - Sur le chemin jusqu’en Canaan, Israël devait en premier lieu traverser la mer Rouge. Dieu ordonna à Moïse d’étendre sa verge ; alors l’eau de la mer se retirerait afin que les Israélites puissent traverser à pied sec.
La propre volonté, justement, est souvent bien difficile à discerner comme étant une manifestation de la chair, car elle peut se revêtir d’une apparence de piété. Le roi Saül dut entendre de la bouche de Samuel : « Car la rébellion est comme le péché de divination, et l’obstination (propre volonté) comme une idolâtrie et des théraphim » (1 Samuel 15 v. 23). Qu’avait fait Saül ? Au lieu de tuer les animaux enlevés aux Amalécites, selon l’ordre de l’Éternel, il les lui avait offerts en sacrifice !
La chair est la nature du vieil homme ; d’où la désignation « dans la chair » pour ceux qui ne croient pas au Seigneur Jésus (Romains 7 v. 5 ; 8 v. 8 et 9). L’expression « dans la chair » est, dans ce contexte, un nom pour le caractère moral de l’homme qui est né pécheur et qui vit dans le péché.
À la différence du vieil homme, qui a trouvé sa fin dans la mort de Christ, la chair, la nature pécheresse de l’homme, reste le compagnon permanent de chaque croyant aussi longtemps qu’il vit sur la terre. Si même nous ne sommes plus considérés moralement comme « dans la chair » quant à notre position, nous sommes malheureusement encore à même de vivre, dans la pratique, « selon la chair », si nous cédons à la « convoitise de la chair » (Romains 8 v. 12 ; 2 Corinthiens 10 v. 2 ; Galates 5 v. 16 ; 1 Jean 2 v. 16).
Combien de déceptions n’avons-nous pas déjà rencontrées, et combien de tourments ne pouvons-nous pas connaître intérieurement, à cause de cela ! Dieu veut cependant nous amener à reconnaître qu’en nous, c’est-à-dire en notre chair incorrigible, il n’habite pas de bien (Romains 7 v. 18). Par la foi, nous sommes maintenant rendus capables, comme étant morts et ensevelis avec Christ, de nous tenir pour morts au péché, afin de vivre dans le Christ Jésus à la gloire et à la joie de notre Dieu (Romains 6 v. 11). Ceci est un pas important dans notre vie de foi.
Morts au péché et aux éléments du monde.
Quelques remarques encore sur cette affirmation que le Seigneur Jésus « est mort une fois pour toutes au péché » (Romains 6 v. 10). Cet aspect de sa mort ne se rapporte pas à l’expiation du péché et des péchés, mais au fait que, par la mort, il a quitté pour toujours, et par là mis de côté, le domaine où règne le péché. Il est vrai qu’il n’a jamais eu aucun contact intérieur avec le péché, quoique, dans une grâce insondable, il soit venu à nous « en ressemblance de chair de péché ». Mais il a été durant toute sa vie sur la terre, environné par le péché.
Les hommes, dont il avait pris « la forme », n’étaient que pécheurs. Qu’elles ont dû être les souffrances de Celui qui était absolument pur et saint au milieu d’un tel état de choses !
Par sa mort, il a mis fin à toute relation avec ce domaine du péché. Telle est la portée de ces paroles : « Il est mort une fois pour toutes au péché ». Dans l’expiation de nos péchés, il demeure seul. En revanche, dans sa mort en ce qui concerne le péché en tant que principe mauvais, Dieu voit les croyants associés avec lui, et en conséquence, nous pouvons nous considérer comme étant aussi bien « morts au péché » (Romains 6 v. 2) que « morts aux péchés » (1 Pierre 2 v. 24). Remarquons bien : ce n’est pas le péché en nous qui est mort, mais nous, comme croyants, qui sommes morts « au péché » et « aux péchés ».
En raison de notre mort avec Christ, nous sommes maintenant exhortés à nous tenir pour morts quant au péché (Romains 6 v. 11). Si nous n’étions pas morts avec lui, cette exhortation serait une torture sans fin pour nous. Mais nous avons maintenant le droit de nous considérer comme morts avec Christ et donc comme étant morts. On peut placer devant un mort les plus grandes tentations ; il ne réagit pas, car il est mort. On pourrait lui faire les pires outrages, mais il ne ferait pas le moindre mouvement, car il est mort. Est-ce là aussi le résultat de notre mort avec Christ ?
Nous continuons à faire l’expérience des séductions du péché. Mais comme étant morts au péché, nous n’y sommes plus exposés sans défense et sans secours, mais nous appartenons maintenant à notre Seigneur ressuscité, dont nous avons reçu la vie, afin de porter du fruit pour Dieu (voir Romains 6 v. 11 ; 7 v. 4). Il est vrai que, dans l’épître aux Romains, nous sommes considérés non pas comme ressuscités avec Christ, mais bien cependant comme vivifiés par lui.
Avec lui, nous sommes aussi morts « aux éléments du monde », c’est-à-dire aux diverses composantes de ce monde, y compris celles qui sont religieuses (Colossiens 2 v. 20). À ces éléments religieux du monde appartient aussi la loi du Sinaï. Le chrétien a été mis à mort et est mort à la loi (Romains 7 v. 4 et 6 ; Galates 2 v. 19). C’est une chose difficile à comprendre pour beaucoup, parce que la loi a été donnée par Dieu, et comme telle, elle est « sainte, et juste, et bonne » (Romains 7 v. 12).
Mais on oublie là qu’elle n’est pas une règle pour des « justes », c’est-à-dire ceux qui sont justifiés par la foi, mais qu’elle a été donnée pour les hommes naturels, pécheurs (1 Timothée 1 v. 9) (*). Un chrétien n’est cependant plus un homme naturel, car il est mort à cet état, auquel s’appliquait la loi (Romains 7 v. 6). On ne peut plus demander des comptes à un mort pour quelque péché, quelque délit que ce soit, car la loi n’est applicable qu’à des vivants. Un mort ne peut pas être poursuivi en justice (**).
(*) Israël était bien le peuple terrestre de Dieu, mais en réalité, la grande partie était incrédule. Malgré cela, le peuple considéré comme un tout est un type du peuple néotestamentaire de Dieu, composé uniquement de vrais rachetés.
(**) Voir à ce sujet le paragraphe « La loi »
Arbre et fruits.
Pour beaucoup de croyants, la fin du vieil homme est une doctrine inconnue, pour d’autres, elle est difficile à comprendre et encore plus difficile à mettre en pratique.
Ils se tourmentent sans fin à combattre contre le péché qui habite en eux, combat qu’ils ne peuvent jamais gagner. Une image permettra peut-être de clarifier la doctrine de notre mort avec Christ, si importante pour une vie de foi affranchie.
En Matthieu 7 v. 17 à 20, le Seigneur Jésus fait déjà, dans un contexte un peu différent, la comparaison avec un arbre. Un arbre mauvais produit de mauvais fruits, tandis qu’un bon arbre produit de bons fruits. Même si l’on détruit tous les fruits d’un arbre mauvais, rien n’est changé : il va continuer à produire les mêmes mauvais fruits. Une seule solution existe alors : éliminer complètement l’arbre afin qu’il ne puisse plus produire de fruits. Si nous appliquons cela à nous-mêmes, Dieu, en Christ, ne nous a pas seulement pardonné tous nos péchés, et a supprimé ainsi les mauvais « fruits », mais il a aussi exécuté le jugement sur le vieil homme.
Les péchés peuvent être pardonnés ; mais pour la source d’où ils viennent, il n’y a pas de pardon, il y a seulement la mort. Par notre mort, spirituellement parlant, avec Christ, le vieil homme, « l’arbre » qui produisait les mauvais fruits, est fondamentalement mis de côté, fondamentalement, parce que Dieu le voit bien comme tel, et que nous pouvons, par la foi, aussi le faire, alors que d’un autre côté la chair, c’est-à-dire notre vieille nature pécheresse, est encore en nous aussi longtemps que nous vivons sur la terre. Il nous a toutefois donné la nouvelle vie, divine, capable de porter du fruit pour lui.
Le cinquième chapitre de l’épître aux Romains nous montre, à partir du verset 12, qu’Adam, tombé dans le péché, est devenu le chef de file d’une famille de pécheurs, et que tous les hommes, comme membres de cette famille, doivent s’attendre à la mort et à la perdition éternelle. Aucun homme ne peut, par ses propres forces, se libérer de cet état. C’est pourquoi le Fils de Dieu, comme homme, prit volontairement à la croix sous le jugement de Dieu la place qui nous revenait comme descendants d’un Adam déchu. Il est mort en substitution pour tous ceux qui croient en lui, et par là, a parfaitement glorifié Dieu. Après avoir achevé cette œuvre, il a été ressuscité (Romains 6 v. 4) et, comme « le dernier Adam », « le second homme », il est maintenant les prémices d’une nouvelle famille, Celui qui vivifie tous ceux qui croient en lui.
De même que, par la désobéissance d’Adam nous avons été « constitués pécheurs », de même, par l’obéissance du Seigneur Jésus, nous sommes « constitués justes » (Romains 5 v. 19). À la place du mauvais « arbre », quelque chose de nouveau est introduit. « En sorte que si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles » (2 Corinthiens 5 v. 17).
Il est vrai que la chair n’est pas éliminée avec le vieil homme, comme nous l’avons vu, mais « le corps du péché » (Romains 6 v. 6) l’est bien, comme aussi « le corps de la chair », que nous avons dépouillé selon Colossiens 2 v. 11. Il ne s’agit cependant pas là de notre corps physique. Dans ce contexte, le mot « corps » a le sens figuré de « machinerie », de « mécanisme » du péché dans l’être humain, qui ne peut rien produire d’autre que le péché (*). En d’autres termes, c’est la contrainte de pécher. En tout croyant, par la foi au Seigneur Jésus, cette contrainte a disparu. Dieu a éliminé le vieil « arbre » qui ne produisait que des mauvais fruits.
(*) En revanche, « le corps de sa chair » en Colossiens 1 v. 22 désigne bien le corps physique du Seigneur Jésus.
Comprendre que le Seigneur Jésus nous a délivrés par sa mort de notre position de pécheur et nous a introduits dans celle de juste est un progrès important pour notre vie de foi. Quant à nos péchés, nous sommes justifiés devant Dieu par le sang de Christ ; tel est l’enseignement de Romains 3 et 4. En revanche, nous ne pouvions être sauvés de notre position de pécheurs que par sa mort et par notre mort avec lui ; tel est l’enseignement de Romains 5 et 6.
La fin de notre vieil homme par la mort de Christ est décrite en Romains 6 en trois étapes (*) :
- Notre vieil homme a été crucifié, c’est-à-dire a été jugé, avec Christ (v. 6).
- Nous sommes morts avec Christ, c’est-à-dire notre ancien « moi » et notre ancienne vie ont pris fin (v. 2 et 8).
- Par le baptême pour le Christ Jésus et pour sa mort, nous avons confessé que nous sommes ensevelis avec lui (v. 3 et 4).
(*) L’épître aux Romains ne va pas aussi loin que les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, dans lesquelles nous sommes considérés comme ressuscités avec Christ (Éphésiens 2 v. 6 ; Colossiens 2 v. 12 ; 3 v. 1). Nous ne trouvons cet aspect de la vérité que dans l’image du Jourdain.
Mourir au péché.
De quelle manière simple et claire est ainsi réfutée, par l’enseignement de la Parole de Dieu selon lequel nous sommes morts avec Christ, l’opinion erronée que le chrétien doit dans sa vie de foi « mourir » progressivement au péché ! La Parole de Dieu n’affirme pas seulement : « Nous sommes morts avec Christ » (Romains 6 v. 8), mais établit aussi que nous sommes « morts au péché » et « morts aux péchés » (Romains 6 v. 2 ; 1 Pierre 2 v. 24). Dans ces trois citations, le verbe est au passé. Il s’agit donc d’un fait accompli que nous pouvons nous approprier par la foi.
D’un autre côté, nous avons reçu la vie de Dieu et nous pouvons ainsi « marcher en nouveauté de vie » (Romains 6 v. 4 et 13). Le contenu et le but de notre nouvelle vie, c’est Christ dans la gloire. Nous avons le droit de nous considérer comme morts quant au péché, mais quant à Dieu, comme vivants dans le Christ Jésus (Romains 6 v. 11).
Il est vrai que dans d’autres passages, nous sommes exhortés à mortifier « nos membres qui sont sur la terre », tels que la fornication, l’impureté, les affections déréglées, la mauvaise convoitise, et la cupidité (Colossiens 3 v. 5) (*). À la différence de l’épître aux Romains, nous sommes considérés dans celle aux Colossiens comme des personnes qui, non seulement ont dépouillé le vieil homme, mais qui ont aussi revêtu le nouvel homme, et qui vivent et agissent en vertu de cette nouvelle position (Colossiens 3 v. 9 et 10).
En d’autres termes : ce sont les activités de la chair qui nous accompagne dans toute notre vie terrestre et qui s’oppose continuellement à la vie nouvelle et au Saint-Esprit. La vie nouvelle, divine, qui trouve sa joie et sa parfaite expression dans le Seigneur Jésus est cependant, par la puissance et par la direction du Saint-Esprit, plus forte que la chair. Si nous marchons par l’Esprit, nous surmonterons la convoitise de la chair (Galates 5 v. 16).
(*) Il en est de même quant au « rejet » des œuvres des ténèbres, du mensonge, colère, courroux, malice, injures, paroles honteuses, impureté, etc. (Romains 13 v. 12 ; Éphésiens 4 v. 25 ; Colossiens 3 v. 8 ; comp. Hébreux 12 v. 1 ; Jacques 1 v. 21 ; 1 Pierre 2 v. 1).
Pour cela, il faut avant tout de la vigilance spirituelle : « Veillez et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation » (Marc 14 v. 38). Nous devons déjà contrôler nos sentiments et nos pensées et ne pas nous laisser entraîner par notre chair, la vieille nature, à des choses souillées.
Lorsque nous sommes pris par les tentations qui nous guettent presque continuellement et partout, il s’agit de fuir ! « Fuyez la fornication » – « Fuyez l’idolâtrie » – « Mais toi, ô homme de Dieu, fuis ces choses (l’amour de l’argent) » (1 Corinthiens 6 v. 18 ; 10 v. 14 ; 1 Timothée 6 v. 11). La condition essentielle pour réaliser cela est de « demeurer attachés au Seigneur de tout son cœur (Actes 11 v. 23).
C’est une tout autre chose que de penser que nous devrions comme croyants mourir encore au péché. Combien de vrais enfants de Dieu se tourmentent dans leurs efforts pour maîtriser par eux-mêmes le péché habitant en eux – et cela sans succès.
Romains 7.
Romains 7 nous donne la description d’un tel état. Nous y voyons un homme qui possède la vie de Dieu, car il considère sa vie passée comme « dans la chair » et il prend plaisir à la loi de Dieu « selon l’homme intérieur » (Romains 7 v. 5 à 22). Seul un homme né de nouveau peut parler ainsi. Mais celui qui est présenté en Romains 7, n’a pas encore saisi par la foi le fait merveilleux décrit au chapitre 6, que notre vieil homme a été crucifié avec Christ et qu’il est mort avec Christ.
Nous avons donc ici la description d’un état qui n’est « pas naturel », dans lequel on peut se trouver, pour divers motifs. L’un de ceux-ci est la prétendue nécessité de garder la loi, avec la découverte qui s’ensuit de l’impossibilité de le faire. Mais cela peut aussi être la conséquence d’une présentation incomplète de l’Évangile.
Romains 7 est le chapitre du « je », qui est le pronom le plus souvent répété surtout dans la seconde partie. Dans les versets 1 à 13, il est clairement établi que la loi n’est pas censée être la règle de vie pour ceux qui croient au Seigneur Jésus. Les versets 14 à 24 exposent les tristes expériences d’un croyant qui n’a pas encore compris le fait merveilleux d’être mort avec Christ, et s’achèvent par l’exclamation désespérée : « Misérable homme que je suis… » !
Quel état terrible de savoir qu’on est venu comme pécheur perdu au Seigneur Jésus, qu’on lui a confessé ses péchés et qu’on a cru en son œuvre afin de trouver la paix avec Dieu, et cependant de devoir continuellement constater : « Car le bien que je veux, je ne le pratique pas ; mais le mal que je ne veux pas, je le fais » (Romains 7 v. 19). Quelles expériences accablantes, lorsque chaque matin, on décide de ne plus tomber à nouveau dans tel ou tel péché mais de suivre le Seigneur Jésus, et que le soir, on doit une fois de plus se dire, découragé : je n’ai pas réussi ! Il n’y a rien d’étonnant qu’une telle personne en vienne finalement à s’écrier : « Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? » (Romains 7 v. 24).
Les causes de cet état déplorable d’un croyant sont la prétendue nécessité de garder la loi du Sinaï et l’ignorance de la perfection de l’œuvre du Seigneur Jésus à la croix. Peut-être que quelqu’un demandera alors avec étonnement : « Le salut dépend-il donc de ma connaissance ou de la force de ma foi ? » Certainement pas ! Il n’est absolument pas question, dans cette situation, du salut éternel, mais il s’agit de notre certitude à son sujet, et de la force pour marcher en nouveauté de vie. Cependant l’homme né de nouveau de Romains 7 ne possède pas la force pour surmonter les tendances de sa vieille nature pécheresse, et il peut même en venir ainsi à douter de son salut (*).
(*) Celui qui s’exprime ainsi en Romains 7 n’est cependant pas Paul personnellement. En tant que Juif strict, il n’avait jamais vécu dans un état « sans loi » (Romains 7 v. 9). Il n’y a non plus aucun motif de penser que, après sa conversion radicale, il ait connu les difficultés décrites ici d’une âme non affranchie.
Symboliquement, les Israélites se trouvaient dans une situation semblable avant d’avoir traversé la mer Rouge. Mais ils ont alors appris que Dieu combattait pour eux. Ils n’ont pas eu à s’engager eux-mêmes dans les profondeurs des eaux, mais ils ont pu voir et réaliser calmement la délivrance de l’Éternel. Et quand tout fut terminé, ils se réjouirent, car « ils crurent à l’Éternel, et à Moïse son serviteur » (Exode 14 v. 31). Il s’ensuivit le cantique de la délivrance du chapitre 15. Israël y célébra non seulement la puissance et la gloire de l’Éternel, mais aussi sa bonté.
Le croyant aussi peut ainsi voir maintenant que le jugement de Dieu sur le monde, sur Satan et sur le vieil homme, a été exécuté dans la mort du Seigneur Jésus. De même que les Israélites traversèrent de pied sec la mer Rouge, de même le chrétien peut considérer la mort de Christ sous le jugement de Dieu comme le moyen par lequel il est lui-même crucifié avec Christ, mort avec lui et enseveli avec lui dans le baptême.
« En Christ ».
Celui qui se place sous le jugement de Dieu sur le vieil homme et reçoit dans la repentance et avec une foi sincère, que le Seigneur Jésus a porté ce jugement, doit savoir que Dieu ne le considère plus comme un homme naturel pécheur. Le vieil homme est crucifié avec Christ et Dieu voit le croyant non plus « dans la chair », mais comme « vivant… dans le Christ » (Romains 6 v. 11). Il sait que : « il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » (Romains 8 v. 1).
Avant la mort et la résurrection du Seigneur Jésus, personne ne pouvait être « dans le Christ ». Lui seul a parcouru cette terre parfaitement sans péché et saint, et lui seul a souffert et est mort sur la croix. Il avait bien dit : « En vérité, en vérité, je vous dis : À moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jean 12 v. 24). Mais maintenant, après sa mort pour nous et sa résurrection par la gloire du Père, nous pouvons, par la foi, avoir part à sa vie et à sa gloire dans le monde de la résurrection. Nous nous trouvons dans la grâce de Dieu, qui nous voit non plus dans notre misérable état de pécheur, mais comme faits un avec son Fils, et cela signifie : « en Christ », en quelque sorte « enveloppés » dans sa perfection et dans sa gloire comme homme à la droite de Dieu.
Il y a dans l’Ancien Testament un beau type de notre identification spirituelle avec Christ. Selon la loi du Sinaï, le sacrificateur qui présentait l’holocauste d’un Israélite, recevait la peau de l’animal offert (Lévitique 7 v. 8). La victime était fumée tout entière sur l’autel, « c’est… un sacrifice par feu, une odeur agréable à l’Éternel » (Lévitique 1 v. 9 et 13). Toutefois, la peau appartenait non pas à celui qui offrait, mais au sacrificateur, à celui qui s’occupait le plus intensément de l’holocauste. Il pouvait s’en revêtir (bien que ce ne soit pas expressément dit ici).
Dieu n’avait-il pas lui-même fait au premier couple humain « des vêtements de peau », après la chute (Genèse 3 v. 21) ? Le sacrificateur qui était chargé de présenter l’holocauste pouvait s’envelopper dans la peau du sacrifice ! De même, nous aussi, par la foi, nous pouvons nous considérer selon la volonté de Dieu comme un avec Christ, comme « en Christ » qui, à la croix, s’est livré lui-même d’une manière si parfaite à la gloire de Dieu « comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur ». Nous savons que Dieu « nous a rendus agréables dans le Bien-aimé » (Éphésiens 5 v. 2 ; 1 v. 6).
Cette merveilleuse position n’est nullement comparable avec celle d’Adam avant la chute. S’il en était ainsi, il subsisterait comme pour Adam le danger de la perdre à nouveau. Non, la Parole de Dieu nous montre clairement la différence : « Tel qu’est celui qui est poussière (c’est-à-dire Adam), tels aussi sont ceux qui sont poussière ; et tel qu’est le céleste (c’est-à-dire Christ), tels aussi sont les célestes. Et comme nous avons porté l’image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l’image du céleste » (1 Corinthiens 15 v. 48 et 49). Nous ne portons pas encore, il est vrai, « l’image du céleste » – ceci n’aura lieu que lors de notre enlèvement, mais nous avons maintenant déjà sa vie et nous sommes en outre un avec lui, c’est-à-dire « en Christ ».
Notre position éternellement sûre et bénie en Christ n’est pas la conséquence de notre intervention ou de la force de notre foi, elle est le résultat de son œuvre de la rédemption.
Après avoir accompli l’œuvre et être ressuscité, il a pris comme l’homme glorifié une toute nouvelle place dans le ciel, qu’avant lui jamais personne n’a possédée. Celui qui croit en lui est maintenant « un seul esprit avec lui » (1 Corinthiens 6 v. 17). Mais pour pouvoir jouir de ce fait, il faut le connaître. Notre position en Christ est pleinement assurée dès le moment où nous croyons en son sang (Romains 3 v. 25). Nous ne pouvons cependant en avoir conscience que quand nous nous considérons comme morts avec Christ.
Lorsque nous acceptons cela par la foi, nous recevons une paix vraiment affermie. Nous nous identifions non plus avec notre vieil homme, mais avec notre Seigneur mort et ressuscité. Nous pouvons maintenant avoir une joie réelle dans la nouvelle vie que nous avons reçue en Christ par la grâce de Dieu.
Nous considérons notre vieil homme comme quelque chose qui appartient au passé, et nous-mêmes comme morts avec Christ : « De même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (Romains 6 v. 11).
Cependant, pour combien d’enfants de Dieu n’en va-t-il pas de même que pour ces quelques soldats japonais qui, des années durant après la Seconde Guerre mondiale, sont restés prêts au combat sur une île isolée du Pacifique, parce qu’ils ne savaient pas que la guerre était terminée depuis longtemps ! De même que ceux-ci vivaient en état d’alerte perpétuel, bien que totalement inutile et probablement dans la crainte continuelle d’attaques ennemies, de même de tels croyants vivent dans une grande crainte de leurs propres manquements et peut-être même de ne pas atteindre le but de leur vie de foi, parce qu’il leur manque la certitude que Dieu les voit « en Christ », son Fils bien-aimé. Non seulement Christ est mort, mais « nous » sommes morts avec lui (c’est ce que nous avons exprimé dans le baptême, figure de notre ensevelissement avec lui) et nous vivons maintenant par lui et avec lui.
Nous n’avons certes pas encore atteint le but de notre vie de foi, nous nous trouvons dans un sens comme Israël, encore « dans le désert ». Mais de même que, sur l’autre rive de la mer Rouge, le peuple d’Israël entonna avec Moïse le cantique de la délivrance, ainsi nous pouvons nous aussi déjà sur la terre apporter à notre Sauveur, et par lui à Dieu, notre Père, la louange et l’adoration pour la délivrance parfaite qui est notre part (Exode 15) !
Les expériences que fit Israël dans le désert ont cependant mis fin à leur chant de louange. Au lieu de la reconnaissance, ce furent bientôt les murmures. Durant tous les quarante ans de leur pèlerinage, il n’est mentionné plus qu’un seul cantique, qu’ils chantèrent après avoir été délivrés ensemble des serpents brûlants (Nombres 21 v. 17 et 18). Malheureusement, nous ressemblons en cela à bien des égards au peuple terrestre de Dieu. Alors que comme rachetés, nous devrions toujours à nouveau nous encourager à la reconnaissance et à la louange : « Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom » (Hébreux 13 v. 15).
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