
9. Le chemin de la croissance spirituelle
Chap: 5 - Le desert (suite) - Après la traversée de la mer Rouge, le peuple d’Israël trouva devant lui un « grand et terrible désert ». Il était bien délivré de l’Égypte, mais il n’avait pas encore atteint le but que Dieu s’était proposé.
La tente d’assignation fut édifiée pour la traversée du désert, tandis que le temple le fut dans le pays de Canaan, à Jérusalem, au lieu que l’Éternel avait choisi « pour y mettre son nom » (Deutéronome 12 v. 5 ; 1 Rois 11 v. 36). Quant à l’habitation de Dieu dans le Nouveau Testament, l’Assemblée, nous voyons dès le début un « temple » et une « maison de Dieu », car la place et la nature du rassemblement des croyants dans le temps présent sont connus dès le commencement (Matthieu 18 v. 20).
Il est cependant significatif qu’il soit aussi parlé dans le Nouveau Testament de la « tente » ou du « tabernacle (de l’habitation) de Dieu », et cela non seulement dans le Millénium, mais aussi dans l’état éternel, où nous aurions plutôt attendu une image de la stabilité. Cette désignation a pour but d’indiquer que « le tabernacle » est bien l’habitation de Dieu avec les hommes, mais n’est pas l’expression des privilèges les plus élevés de l’Assemblée dont les membres forment « l’épouse de l’Agneau » et qui seront dans la maison du Père, éternellement (Exode 25 v. 8 ; Jean 14 v. 2 à 4 ; Apocalypse 7 v. 15 ; 21 v. 3).
La délivrance et l’habitation de Dieu avec les rachetés sont les deux thèmes principaux de l’Exode. Ils sont étroitement liés. Il s’agit non seulement d’être sauvé, mais encore de connaître et de mettre en pratique les pensées de Dieu quant à son Assemblée. L’intelligence de ces choses fait aussi partie de la croissance spirituelle. Celui qui argumente que le salut est plus important, parce qu’il est pour l’éternité, tandis que le rassemblement des croyants n’aurait de signification que pour notre vie sur la terre, montre qu’il comprend peu les pensées de Dieu et sa propre responsabilité comme chrétien.
Les justes actes des saints formeront un jour, lors des noces de l’Agneau dans le ciel, comme « fin lin, éclatant et pur », la robe de noce de l’épouse, et contribueront ainsi à la joie et à la gloire de notre Seigneur (Apocalypse 19 v. 8). Quelle bénédiction nous perdons, si nous ne reconnaissons et n’apprécions pas nos privilèges, mais aussi notre responsabilité en relation avec l’Assemblée de Dieu.
La tente d’assignation.
La tente d’assignation qui fut construite pour la traversée du désert parle de notre témoignage dans le monde, qui lui aussi est pour un temps. Dans l’éternité, il n’y aura plus de témoignage. Dans le livre des Nombres, qui présente la marche d’Israël au travers du désert, la tente est appelée quelquefois la « tente du témoignage » (Nombres 9 v. 15 ; 17 v. 7 et 8 ; 18 v. 2) et le « tabernacle du témoignage » (Nombres 1 v. 50 à 53 ; 10 v. 11). Le « témoignage » proprement dit, c’était les deux tables de la loi avec les dix commandements de Dieu, qui se trouvaient dans l’arche (Exode 25 v. 16, 21 ; 31 v. 18). Elles rendaient témoignage de Dieu et de ses saintes exigences à son peuple.
L’arche est, pour cette raison, souvent appelée « l’arche du témoignage » (voir Exode 25 v. 22 etc.). Cette désignation apparaît pour la dernière fois en Josué 4 v. 16, où il est dit, lors de l’entrée dans le pays de Canaan : « Commande aux sacrificateurs qui portent l’arche du témoignage, qu’ils montent hors du Jourdain ». Le temps du témoignage dans le désert était maintenant terminé. Puisque, dans un certain sens, nous nous trouvons spirituellement toute notre vie dans le désert, nous avons, nous aussi, la responsabilité de rendre un témoignage collectif continuel de Dieu, de sa grâce et de sa sainteté.
Pour Israël, le témoignage était en même temps un témoignage d’Israël comme peuple de Dieu (Psaume 78 v. 5 ; 122 v. 4). Dieu avait confié à son peuple la « tente du témoignage » et tous les objets qui en faisaient partie, afin qu’ils les portent dans le désert jusqu’à ce qu’ils arrivent dans le pays de Canaan. L’Assemblée porte aussi le caractère d’un témoignage associé à une responsabilité, et cela non seulement en ce qui concerne la terre, mais pour l’ensemble de la création.
Selon Éphésiens 3 v. 10, « la sagesse si diverse de Dieu est maintenant donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes, par l’assemblée ». Ce n’est pas tant, il est vrai, un témoignage actif responsable des croyants qui est en vue, mais c’est plutôt la sagesse de Dieu resplendissant dans l’Assemblée. Cependant, l’exhortation adressée aux sœurs de couvrir leur tête lorsqu’elles prient ou qu’elles prophétisent, montre que les anges observent aussi notre comportement pratique comme membres de son Assemblée : « C’est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l’autorité à laquelle elle est soumise » (1 Corinthiens 11 v. 10).
Non seulement la tente d’assignation, mais aussi chacun des objets qui en faisaient partie ont une signification spirituelle. Tous les éléments devaient être autrefois portés par les lévites selon un ordre bien déterminé (Nombres 4). Les barres avec lesquelles devaient être portés l’arche du témoignage et tous les autres ustensiles, à l’exception du chandelier d’or et de la cuve d’airain, étaient le signe visible de cette mission.
L’arche de l’alliance parle du fait que le Fils de Dieu, devenu homme, a accompli l’œuvre de la propitiation à la croix. Nous avons à nous occuper de cette vérité d’une manière conforme à la sainteté de son caractère et à la « porter » en témoignage dans le monde.
Il en est de même pour la vérité de l’unité du corps de Christ, qui – bien qu’encore imparfaitement – est présentée dans la table avec les douze pains de proposition qui devaient représenter les douze tribus d’Israël, pour l’autel de l’holocauste comme type de la table du Seigneur, et pour l’autel des parfums comme image de la prière et de l’adoration, pour le chandelier d’or, pour la lumière du Saint-Esprit dans le sanctuaire et pour la cuve qui parle de la nécessité continuelle de la purification des sacrificateurs.
La vérité de Dieu demeure certes indépendante de notre comportement, comme un fait immuable et inaltérable. Nous sommes cependant exhortés, comme croyants, à en rendre témoignage. Mais qu’en est-il dans la pratique ? Beaucoup d’enfants de Dieu connaissent bien la vérité, mais est-elle réellement « portée », c’est-à-dire mise en pratique, à la gloire de Dieu et en témoignage pour d’autres ?
Existe-t-il encore parmi nous de l’estime pour cette doctrine, ou nous est-elle une charge, que nous ne portons pas volontiers ? Avons-nous le désir sincère de mettre en pratique les pensées de Dieu concernant son Assemblée ou bien n’est-ce plus qu’une profession ?
Il est possible que le fardeau des ustensiles ait été oppressant pour plus d’un lévite, lorsque le soleil brillait et que le chemin au travers du désert était pénible. Mais il s’agissait des choses très saintes de leur Dieu qu’ils devaient porter pour sa gloire et en témoignage pour lui. Cela leur donnait force et courage.
Aujourd’hui, tous les croyants sont, quant à leur position, des « lévites » spirituels. Timothée reçut de l’apôtre Paul des instructions afin qu’il sache « comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (1 Timothée 3 v. 15). Plus tard, il reçut l’exhortation suivante : « Aie un modèle des saines paroles que tu as entendues de moi, dans la foi et l’amour qui est dans le Christ Jésus. Garde le bon dépôt par l’Esprit Saint qui habite en nous » (2 Timothée 1 v. 13).
Cet encouragement au « service lévitique » dans la maison de Dieu est aussi valable pour nous actuellement. Entrer dans tous les détails de la tente d’assignation sortirait du cadre de cette étude.
S’y appliquer est pourtant source de bénédiction et enrichissant pour celui à qui les pensées de Dieu quant au rassemblement des croyants selon la Parole de Dieu sont précieuses, et qui désire croître dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et de ses pensées.
Digression : Le temple.
Le temple à Jérusalem et son sens typologique n’appartiennent en fait pas au domaine des figures que nous étudions ici. Nous nous arrêterons cependant aussi sur la signification spirituelle du pays de Canaan. Sous ce point de vue, le temple construit sur l’emplacement choisi par Dieu est intéressant pour notre sujet.
Le temple de Salomon dans l’Ancien Testament, de même que l’Assemblée de Dieu dans le Nouveau, sont appelés « un temple saint » (Psaume 5 v. 7 ; 79 v. 1 ; 138 v. 2 ; Jonas 2 v. 5 à 8 ; 1 Corinthiens 3 v. 17 ; Éphésiens 2 v. 21). À la différence de la tente d’assignation, le temple évoque plutôt l’Assemblée selon le conseil de Dieu(*). La tente était petite et sans apparence, le temple en revanche, était grand et majestueux. Il représente un état ordonné et durable.
(*) « Temple » est une des rares expressions employées pour désigner aussi bien le type de l’Ancien Testament que la réalité correspondante dans le Nouveau Testament. Il en est de même pour le mot « sacrifice » qui est utilisé non seulement pour les sacrifices dans l’Ancien Testament, mais aussi pour l’œuvre du Seigneur Jésus et pour notre adoration.
L’emplacement choisi par Dieu à Jérusalem sur lequel fut construit le temple, évoque typologiquement la vérité du Nouveau Testament concernant le lieu du rassemblement : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Matthieu 18 v. 20). C’est pour nous le lieu que le Seigneur a choisi. Il appartient à lui seul d’en décider, et non pas aux hommes. À nous de rechercher ce lieu et d’agir selon sa Parole, afin que sa précieuse promesse puisse se réaliser.
Comme nous l’avons vu, le cantique de Moïse au début de la traversée du désert contient déjà une allusion au lieu où le temple de Dieu aurait un jour sa place :
« Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, le lieu que tu as préparé pour ton habitation, ô Éternel ! le sanctuaire, ô Seigneur ! que tes mains ont établi » (Exode 15 v. 17). Dans ce passage, « l’héritage » de Dieu pour son peuple, c’est-à-dire le pays de Canaan, image des lieux célestes, est mentionné d’abord. Puis il nous est parlé du « lieu » qui était déjà fixé dans le conseil de Dieu, et finalement de « son habitation », « le sanctuaire » que ses mains ont établi. Tout vient de Dieu, qui veut avoir son peuple chez lui, dans son pays. Mais le lieu même n’est pas indiqué.
L’ordre de ces termes est important pour notre vie de foi. Dieu, notre Père, veut que nous apprenions d’abord à connaître toutes les richesses des bénédictions qu’il nous a données. Ensuite, nous apprendrons à apprécier aussi réellement la valeur du lieu spirituel choisi par lui, et la grandeur et la sainteté de sa demeure.
Aussi longtemps qu’Israël était en pérégrinations dans le désert, il ne pouvait pas trouver ce lieu. La tente d’assignation était bien le centre où Dieu habitait au milieu de son peuple, comme l’indiquait la présence de la nuée sur le tabernacle. C’est là que les sacrifices devaient lui être apportés, bien qu’il soit peu probable que cela ait une fois eu lieu d’une manière qui soit agréable à Dieu. Le prophète Amos déclare : « M’avez-vous offert des sacrifices et des offrandes dans le désert, pendant quarante ans, maison d’Israël ? Mais vous avez porté le tabernacle de votre Moloc, et le Kiun de vos images, l’étoile de votre dieu, que vous vous êtes fait » (Amos 5 v. 25 et 26 ; comp. Actes 7 v. 42 et 43).
Il en était comme Moïse doit le constater, à la fin de la traversée du désert, peu avant l’entrée dans le pays de Canaan : « Vous ne ferez pas selon tout ce que nous faisons ici aujourd’hui, chacun ce qui est bon à ses yeux ; car, jusqu’à présent vous n’êtes pas entrés dans le repos et dans l’héritage que l’Éternel, ton Dieu, te donne » (Deutéronome 12 v. 8 et 9).
Peu avant la fin de la traversée du désert, il est mentionné ici pour la première fois que Dieu choisirait une place pour sa maison. Il est dit en Deutéronome 12 v. 5 : « …vous chercherez le lieu que l’Eternel, votre Dieu, choisira d’entre toutes vos tribus pour y mettre son nom, le lieu où il habitera, et vous y viendrez ».
Au total, « le lieu que l’Eternel, votre Dieu, choisira » est mentionné 21 fois dans ce livre (Deutéronome 12 v. 5, 11, 14, 18, 21 et 26 ; 14 v. 23 à 25 ; 15 v. 20 ; 16 v. 2, 6, 7, 11, 15, 16 ; 17 v. 8, 10 ; 18 v. 6 ; 26 v. 2 ; 31 v. 11).
Cependant, des siècles se sont écoulés avant que David trouve, à la suite d’amères expériences, ce lieu dans l’aire d’Oman à Jérusalem et que Salomon son fils y édifie la maison de l’Éternel (1 Chroniques 21 v. 28 à 22 v. 1 ; 2 Chroniques 3 à 5). Il n’est alors plus dit : « choisira », mais le peuple de Dieu peut dire maintenant : « …la ville que tu as choisie » (*). Et cependant, Dieu fut aussi déshonoré dans ce lieu magnifique et saint. Israël – plus tard Juda – et ses rois, qui pourtant portaient la responsabilité la plus élevée, agirent souvent en contradiction avec la sainteté de Dieu et du lieu où il voulait être adoré. Est-ce mieux aujourd’hui ?
(*) Cette expression revient au total 14 fois (= 2 x 7) : 1 Rois 8 v. 44 et 48 ; 11 v. 13, 32, 36 ; 14 v. 21 ; 2 Rois 21 v. 7 ; 23 v. 27 ; 2 Chroniques 6 v. 5, 6, 34, 38 ; 12 v. 13 ; 33 v. 7.
Il est vrai que Dieu reconnut comme sa sainte demeure sur la terre le temple de Salomon, édifié en grande magnificence à sa gloire. Mais déjà après quelques décennies commença le déclin du service divin, qui se termina quatre siècles plus tard par la destruction du temple. Dieu avait abandonné sa demeure sur la terre (1 Rois 8 v. 10 et 11 ; Ézéchiel 9 v. 3 ; 11 v. 23). Mais lorsque le Seigneur Jésus fut sur la terre, il y eut de nouveau « un temple » dans lequel habita « toute la plénitude de la déité corporellement » (Jean 2 v. 19 à 21 ; Colossiens 1 v. 19 ; 2 v. 9). Et maintenant son Assemblée, l’ensemble de tous les rachetés, forme le temple spirituel de Dieu, qui, comme le premier, est caractérisé par sa sainteté.
Dans le Nouveau Testament, l’Assemblée est déjà vue lors de sa première mention comme un édifice ou une maison. Lorsque le Seigneur Jésus dit : « Sur ce roc, je bâtirai mon assemblée », nous voyons devant nous l’image d’un bâtiment fondé solidement et inébranlablement (Matthieu 16 v. 18). Après que, par la venue du Saint-Esprit le jour de la Pentecôte, l’Assemblée a été constituée, il est dit en Éphésiens 2 v. 21 : « …tout l’édifice, bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur ».
Et en 1 Corinthiens 3 v. 16 et 17 : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? …car le temple de Dieu est saint, et tels vous êtes ». Le « temple saint dans le Seigneur » n’est composé que de vrais croyants, parce que, selon Matthieu 16 v. 18, le Seigneur Jésus lui-même est celui qui bâtit.
Sous un autre point de vue, l’édification de la maison de Dieu est confiée à la responsabilité des hommes. Ce n’est alors plus l’expression « temple » qui est utilisée. Paul rappelle aux croyants à Éphèse cet aspect, lorsqu’à la fin de ses enseignements quant à l’Assemblée, il écrit : « …vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit » (Éphésiens 2 v. 22). À Corinthe, il avait lui-même posé, comme un sage architecte, le fondement sur lequel d’autres édifieraient. Et comment devaient-ils le faire ?
Ceci nous est décrit dans les versets suivants, introduits par ces paroles : « Que chacun considère comment il édifie dessus » (1 Corinthiens 3 v. 10 à 17). Sous cet aspect, malheureusement, il se peut qu’il y ait aussi de simples professants sans la vie divine, comme cela ressort de 1 Corinthiens 1 v. 2 ainsi que du chapitre 3, versets 16 et 17.
L’assemblée, le temple saint sur la terre, doit servir à l’honneur de Dieu. Elle doit par conséquent être gardée de l’intrusion de fausses doctrines par lesquelles elle peut être corrompue (1 Corinthiens 3 v. 16 et 17). Dans ce temple, aucune association de quelque nature que ce soit avec l’idolâtrie ne peut être tolérée (2 Corinthiens 6 v. 16 à 7 v. 1). Tout cela n’est possible que si nous sommes personnellement et collectivement séparés du mal et que nous nous purifions de toute souillure de chair et d’esprit. Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons « achever la sainteté dans la crainte de Dieu ».
Les quarante ans de la traversée du désert.
Au troisième mois après leur sortie d’Égypte, les fils d’Israël atteignirent Horeb, la montagne de Dieu (Exode 19 v. 1). Il n’y avait depuis là que onze jours de marche pour parvenir à la ville de Kadès-Barnéa, située au sud du pays de Canaan, à la frontière entre la péninsule du Sinaï et Canaan (Deutéronome 1 v. 2). Israël aurait donc pu arriver très rapidement dans le pays de Canaan. Il en fut cependant autrement.
Le motif d’un long voyage.
Pourquoi la traversée du désert des fils d’Israël a duré quarante ans ? À cause de leur incrédulité. Il est vrai qu’une petite année se passa encore avec la construction de la tente d’assignation et le don de la loi, avant que le peuple parte pour la première fois et quitte le désert du Sinaï (Nombres 10 v. 11). Il atteignit bientôt Kadès dans le désert de Paran. De là, Moïse envoya, sur l’ordre de Dieu, douze hommes pour explorer le pays de Canaan (Nombres 13). Mais il ressort de Deutéronome 1 v. 22, que la pensée d’envoyer des espions est venue du peuple d’Israël lui-même, lorsqu’il est arrivé aux environs de Kadès. Or Dieu ne leur avait-il pas promis de les conduire en sûreté dans le pays ? C’était donc l’incrédulité qui amena les Israélites à prendre cette « mesure de sécurité ».
Ceci se manifesta lors du retour des espions quarante jours plus tard. Dix d’entre eux parvinrent à décourager l’ensemble du peuple par leur rapport négatif, bien qu’ils aient eu avec eux les signes de la fertilité et de la bénédiction sous la forme de la grappe d’Eshcol (Nombres 13 v. 22 à 34) ! Ils amenèrent ainsi tout le peuple à mépriser « le pays désirable » (Nombres 14 v. 31 ; Psaume 106 v. 24). Il s’ensuivit que le peuple voulut pour de bon retourner en Égypte (Nombres 14 v. 3 et 4).
En châtiment pour leur mécontentement et leurs murmures, Dieu fit annoncer à tous les Israélites depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, qu’ils erreraient dans le désert quarante années, selon le nombre des jours que les espions avaient mis à reconnaître le pays, jusqu’à ce que tous ceux qui n’avaient pas cru Josué et Caleb, soient morts. Dans le Nouveau Testament, il est dit d’eux : « Mais Dieu n’a point pris plaisir en la plupart d’entre eux, car ils tombèrent dans le désert » (1 Corinthiens 10 v. 5 ; comp. Hébreux 3 v. 7 à 4 v. 11 ; Jude 5). Nous avons donc affaire ici à un châtiment de Dieu sur son peuple.
Une vieille question est de savoir qui sont ceux qui « tombèrent dans le désert ». S’agit-il ici, symboliquement, d’incrédules ou de croyants ? Considérons de plus près la première épître aux Corinthiens, où se trouve ce passage. Cette épître est adressée « à l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe, aux sanctifiés dans le Christ Jésus, saints appelés, avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, et leur Seigneur et le nôtre » (1 Corinthiens 1 v. 2).
Les destinataires sont donc ici considérés aussi bien du point de vue de Dieu (sanctifiés dans le Christ Jésus) que du point de vue de leur confession (qui « invoquent le nom de notre Seigneur Jésus-Christ »). Le premier se réfère à la grâce de Dieu, le dernier, à notre responsabilité.
Or la traversée du désert par Israël, nous présente aussi bien la grâce de Dieu en relation avec les siens que la responsabilité de ceux-ci de lui obéir et de le suivre. Les Israélites qui avaient trouvé refuge à l’abri du sang de l’agneau pascal, représentent en image les croyants purifiés par le sang de Christ. Dans le « grand amas de gens » ou « ramassis du peuple », mentionné plusieurs fois, qui partit avec eux, on doit voir cependant des incrédules (Exode 12 v. 38 ; Nombres 11 v. 4 ; comp. Lévitique 24 v. 10). Ils s’étaient joints à Israël sans vraiment en faire partie.
Parmi ceux « qui tombèrent dans le désert », il y avait aussi bien des gens du ramassis du peuple que des Israélites. Les uns représentent les professants incrédules, qui ne sont pas sauvés, et qui donc sont éternellement perdus. Nous trouvons aussi cette manière de voir en Hébreux 3 v. 7 à 4 v. 11. Les autres, par contre, représentent des croyants qui n’obéissent pas aux pensées de Dieu, quant à la pleine bénédiction de ses enfants. Dans leur vie de foi, ils n’entrent jamais dans la jouissance des bénédictions spirituelles dans les lieux célestes. Comme Israël, ils passent toute leur vie dans le désert, parce qu’ils n’obéissent pas à la Parole de Dieu.
Que ce soit par incrédulité ou par désobéissance comme les dix espions, ou en conséquence d’une mauvaise influence et d’un faux enseignement, comme nous pouvons bien le supposer pour la plus grande partie du peuple, est une autre histoire. Le refus d’accepter tout l’enseignement de la Parole de Dieu, ou la recherche du monde avec ses attraits, a de graves conséquences pour la vie de foi pratique sur la terre – non pas pour l’éternité, car à cet égard, chaque croyant est pleinement assuré.
Tel est l’enseignement de 1 Corinthiens 10 v. 1 à 13. Moïse et Aaron ont aussi fait partie de ceux qui « tombèrent dans le désert ». Ils étaient des hommes de foi, et ne sont par conséquent en aucune façon des types d’incrédules. Mais par la volonté de Dieu, ils n’atteignirent pas le but « spirituel » fixé par Dieu, bien que Moïse ait pu contempler tout le pays depuis le sommet du Pisga.
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