
8. Avec Dieu dans le désert
Chap: 4 - Contestation et combats (suite) - En Exode 16, les cailles et la manne ont été la manifestation pleine de grâce de la sollicitude de Dieu pour répondre aux besoins de son peuple pendant la période de son pèlerinage.
En 1 Corinthiens 10, il est clairement indiqué que le « rocher » est une image du Seigneur Jésus : « Car ils buvaient d’un rocher spirituel qui les suivait : et le rocher était le Christ » (v. 4). Si nous gardons cela à l’esprit, quelle émotion éveille alors en nous la déclaration d’Exode 17 v. 6 : « Voici, je me tiens là devant toi, sur le rocher, en Horeb ; et tu frapperas le rocher ». Dieu lui-même se tenait sur le rocher qui était frappé à son commandement. Cela ne nous rappelle-t-il pas que « Dieu était en Christ », et que « celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous » (2 Corinthiens 5 v. 19 à 21) ?
Le rocher était le Christ.
Avant que l’eau puisse sortir du rocher pour le peuple, le rocher devait être frappé. Pour nous, cela signifie : « Avant que Dieu puisse nous accorder la vie divine, nous donner le Saint-Esprit, il a dû faire tomber le jugement sur Christ, il a dû le traiter comme le méritait le péché à ses yeux ! » Mystère insondable ! Qui peut saisir, même dans une très faible mesure, ce que cela a signifié pour Dieu de livrer à la mort pour nous son Fils unique, celui qui l’avait glorifié sur la terre dans chaque trait de son Être ?
Et qui peut comprendre ce que cela a été pour notre Seigneur et Sauveur d’être abandonné de Dieu, à cause de notre péché ? La communion avec son Dieu était d’une valeur inestimable pour Lui. La perte de cette communion pendant les trois heures de ténèbres a dû dès lors représenter pour lui une douleur indicible. Le cri déchirant qui a percé l’obscurité de la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » ne nous fait que très vaguement pressentir la souffrance qui a rempli son âme.
Oui, le rocher frappé est le Christ crucifié. À la croix, il a fait l’expiation, là il a été « la propitiation pour nos péchés, et non pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier » (1 Jean 2 v. 2).
Parce que les exigences d’un Dieu juste et saint à l’égard du péché ont été parfaitement satisfaites par l’œuvre de son Fils, Dieu peut maintenant adresser à tous les pécheurs dans le monde cet appel : « Que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie » (Apocalypse 22 v. 17).
Mais à côté de l’aspect de la propitiation, nous avons encore celui de la « substitution ». La propitiation a été faite pour le monde entier ; mais le Seigneur Jésus est mort comme substitut de ceux seuls qui croiraient en lui et en son œuvre. Il a été fait péché par Dieu « pour nous » ; il a porté « nos péchés » en son corps sur le bois (1 Pierre 2 v. 24). En relation avec les péchés qu’il a portés, il ne s’agit pas des péchés de tous, mais des péchés de plusieurs (Hébreux 9 v. 28 ; Ésaïe 53 v. 12).
Si grands et puissants que soient les résultats de l’œuvre de Christ, il n’y aura jamais de réconciliation de tous les hommes (de réconciliation universelle).
Nous comprenons maintenant que le rocher ne devait être frappé qu’une fois avec la verge du jugement, et que, la seconde fois, Moïse aurait dû prendre la verge d’Aaron et parler au rocher. L’œuvre de Christ est accomplie (Jean 17 v. 4 ; 19 v. 30), elle ne peut pas être répétée et rien ne peut lui être ajouté (Hébreux 9 v. 25 et 26 ; 10 v. 14). Quel bonheur pour nous de savoir que par sa seule offrande, il nous a rendus « parfaits à perpétuité ».
Notre Dieu et Père, qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous (Romains 8 v. 32) n’est-il pas digne de toute reconnaissance et adoration ? Et nos cœurs ne devraient-ils pas brûler de zèle pour celui « qui nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous » (Éphésiens 5 v. 2) ? En fait, nous ne pourrons jamais être occupés assez souvent ni trop intensément de la croix de Christ et de celui qui y a été cloué. Rien n’attire davantage nos affections pour lui.
Mais nous comprenons maintenant aussi pourquoi le rocher devait être frappé avant que de l’eau puisse jaillir pour le peuple. La question du péché devait d’abord être réglée. En effet, arrêtons-nous un peu ici : Même dans la figure employée, le péché du peuple a été la cause pour laquelle le rocher a dû être frappé.
Mais maintenant que, pour les croyants, le chemin, l’accès à Dieu est ouvert « par le sang de Jésus » (Hébreux 10 v. 19 à 22), Dieu peut laisser son amour et sa grâce se répandre librement. Et le don le plus grand qu’il peut faire après celui de son Fils, est le don du Saint-Esprit, comme puissance de la vie éternelle. L’eau jaillissant du rocher frappé en est bien une image appropriée.
Ainsi, les chapitres 16 et 17 de l’Exode sont liés comme le sont les chapitres 6 et 7 de l’Évangile selon Jean. Exode 16 correspond à Jean 6 et Exode 17, à Jean 7. Exode 16 parle de la manne, et Jean 6 montre le Seigneur comme le pain de vie. Et l’eau d’Exode 17 correspond à ce que le Seigneur Jésus dit du Saint-Esprit en Jean 7.
Déjà en Jean 4, au puits de Sichar, le Seigneur avait dit à la femme samaritaine : « Quiconque boit de cette eau-ci aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, moi, n’aura plus soif à jamais ; mais l’eau que je lui donnerai, sera en lui une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle » (v. 13 et 14).
Au chapitre 7, il reprend cette image et dit : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Celui qui croit en moi, selon ce qu’a dit l’écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre » (v. 37 et 38). Le commentaire inspiré est donné dans le verset qui suit : « Or il disait cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croyaient en lui ; car l’Esprit n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié » (v. 39).
Avant que le don du Saint-Esprit puisse être fait, Christ devait non seulement mourir, mais encore être glorifié. L’effusion du Saint-Esprit le jour de la Pentecôte (Actes 2) est en effet le sceau établissant que l’œuvre de la rédemption est accomplie.
Aussi le baptême du Saint-Esprit (Actes 1 v. 5) ne pouvait-il pas avoir lieu avant que le Seigneur Jésus soit sorti victorieux de la mort et qu’il ait été élevé dans la gloire du ciel. Mentionnons ici en passant, bien qu’il s’agisse d’une vérité fondamentale de la doctrine du Nouveau Testament, que par ce baptême du Saint-Esprit, le corps de Christ a été constitué : « Nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps » (1 Corinthiens 12 v. 13).
Si ce baptême a eu lieu une seule fois à la Pentecôte, il n’en demeure pas moins que chaque croyant, qui, aujourd’hui, dans la période de la grâce, s’appuie sur l’œuvre rédemptrice de Christ, reçoit personnellement le Saint-Esprit. « Et, parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, criant : Abba, Père » (Galates 4 v. 6). Cette réception du Saint-Esprit dont le Seigneur Jésus a parlé en Jean 7, n’est jamais appelée « baptême du Saint-Esprit » dans les Écritures ; il est parlé du « sceau », des « arrhes », et de « l’onction » (2 Corinthiens 1 v. 21 et 22 ; Éphésiens 1 v. 13 et 14 ; 4 v. 30 ; 1 Jean 2 v. 20).
Posséder l’Esprit de Dieu habitant en nous (Jean 14 v. 16 et 17 ; 1 Corinthiens 6 v. 19), est une bénédiction d’une portée et d’une valeur inestimables. En relation avec la « fontaine d’eau », il suffira ici de relever un point : Bien qu’au sens le plus élevé le Saint-Esprit soit une personne, il est la puissance qui opère dans la vie éternelle que le croyant possède.
Par cette puissance, le croyant n’est pas seulement lui-même rafraîchi et fortifié, mais l’opération de l’Esprit en lui déborde aussi vers l’extérieur en bénédiction à d’autres et pour la gloire de Dieu, qui est la source de tout. Que le Seigneur nous aide à ne pas attrister le Saint-Esprit (Éphésiens 4 v. 30), et à ne pas l’empêcher d’agir afin qu’aujourd’hui encore des fleuves d’eau vive coulent.
Le combat contre Amalek (Exode 17 v. 8 à 10).
En relation avec les murmures des fils d’Israël dans le désert, trois types importants nous sont donnés en Exode 16 et 17. La manne parle de Christ devenu chair ; le rocher frappé dirige nos regards sur Christ crucifié ; et dans l’eau qui jaillit du rocher frappé, nous voyons le Saint-Esprit. On ne peut pas inverser l’ordre de ces trois types sans détruire l’image tout entière.
Effectivement, la précision avec laquelle les types de l’Ancien Testament présentent déjà souvent des vérités chrétiennes du Nouveau Testament est frappante. Même l’ordre des événements n’est la plupart du temps pas sans importance. Une telle impression est encore renforcée quand nous en arrivons au second paragraphe d’Exode 17 et y découvrons un quatrième élément : À Rephidim, après avoir bu l’eau vive, le peuple de Dieu se trouve immédiatement engagé dans le combat contre les ennemis.
« Et Amalek vint, et combattit contre Israël, à Rephidim. Et Moïse dit à Josué : Choisis-nous des hommes, et sors, combats contre Amalek ; demain je me tiendrai sur le sommet de la colline, la verge de Dieu dans ma main. Et Josué fit comme Moïse lui avait dit, pour combattre contre Amalek ; et Moïse, Aaron, et Hur montèrent au sommet de la colline » (Exode 17 v. 8 à 10).
Lorsque Dieu donna la manne à son peuple terrestre, le sabbat fut introduit : Christ amène l’âme au repos, il conduit son peuple au repos éternel de Dieu. Mais après avoir bu « le breuvage spirituel » et avoir ainsi été fortifié, le peuple se trouve, comme conséquence immédiate, engagé dans le combat contre l’ennemi. Eh bien, c’est précisément ce que nous avons à apprendre ici, mais que nous avons parfois de la peine à réaliser. Comme rachetés, lorsque nous avons été délivrés de la servitude de Satan et nous trouvons dès lors du côté de Christ, nous nous trouvons immédiatement engagés dans le combat.
Il se peut que nous nous y soyons aussi peu attendus que les fils d’Israël autrefois y étaient préparés. Lorsqu’ils avaient été délivrés de la puissance du Pharaon, par le bras fort de l’Éternel, et avaient traversé la mer Rouge, ils ont pu penser qu’ils allaient entrer tout de suite dans le pays promis et jouir de son lait et de son miel (comp. Exode 3 v. 8). Mais au lieu de cela, ils se sont retrouvés dans le désert, et confrontés, après avoir été fortifiés par la manne et l’eau du rocher, à un ennemi puissant : Amalek et son peuple.
Certes, Dieu les avait amenés à lui ; il leur dit en effet un peu plus tard : « Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Égypte, et comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle, et vous ai amenés à moi » (Exode 19 v. 4). Combien ce « à moi » est précieux ! Et cependant, quant à leurs circonstances extérieures et à leurs expériences, ils étaient toujours dans le désert avec toutes ses privations et tous ses dangers.
Pour nous, bien-aimés, il n’en va pas autrement. Nous sommes rachetés par la grâce, nous avons été amenés en fait « à Dieu » ; mais il n’en demeure pas moins que nous nous trouvons aussi dans le désert.
Toutefois, à cela s’ajoute quelque chose que nous n’avons pas connu au début. Par la réception du Saint-Esprit en vertu de l’œuvre accomplie de Christ, nous n’avons pas seulement été fortifiés et rafraîchis afin de poursuivre notre chemin, mais nous avons aussi été rendus capables de combattre contre l’adversaire de Dieu. Nous ne connaissions pas une telle lutte quand nous étions encore en « Égypte » et sous la puissance de Satan.
Or, il est un point qui nous surprend souvent : Dieu ne nous épargne pas ce combat, le combat chrétien. Au contraire, il permet à « Amalek » de venir et de nous résister, de sorte que nous nous voyons contraints de nous battre contre lui. Nous entendons, nous aussi, l’ordre de Dieu : « Combats contre Amalek ! » Et il ne s’agit pas là seulement d’expériences personnelles, mais nous le constatons aussi dans l’histoire de l’Assemblée de Dieu. Le combat des premiers chrétiens contre les puissances du mal a commencé peu après le don du Saint-Esprit au jour de la Pentecôte et la constitution de l’Assemblée.
Naturellement, toute une série de questions surgissent en relation avec notre « combat contre Amalek ». Il convient d’y répondre si nous voulons tirer profit du passage qui est placé devant nous. Quel ennemi « Amalek » représente-t-il pour nous aujourd’hui ?
Pourquoi Dieu permet-il ce combat pour son peuple ? En quoi consiste le combat contre « Amalek » et comment est-il mené ? De quelles ressources disposons-nous pour le livrer ? Combien de temps dure-t-il ? Les versets 8 à 10 de notre chapitre 17 nous permettent, me semble-t-il, de trouver la réponse que la parole de Dieu donne à ces questions.
Amalek.
Plusieurs ont cru devoir discerner en « Amalek » la chair, le péché qui habite en nous. Une telle pensée n’est certes pas à rejeter sans hésitation, comme si la chair n’avait absolument rien à faire avec « Amalek ». Mais elle paraît un peu trop étroite, trop unilatérale.
Dans le Nouveau Testament, Dieu ne nous demande pas non plus directement de combattre contre la chair en nous, contre le péché comme nature. Au contraire, nous devons nous tenir nous-mêmes pour « morts au péché » (Romains 6 v. 11). « Or ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises » (Galates 5 v. 24). En revanche, nous devons « faire mourir », par la puissance de l’Esprit, les « actions du corps » (Romains 8 v. 13).
Mais nous ne combattons pas contre le péché en nous. Si toutefois il a porté des fruits et produit des « actions », nous sommes tenus de les condamner sans ménagement devant Dieu dans le jugement de nous-mêmes. Le verset 4 de Hébreux 12, dans lequel nous lisons que les croyants d’entre les Juifs n’avaient « pas encore résisté jusqu’au sang en combattant contre le péché », ne contredit nullement ce qui vient d’être avancé ; en effet, il est question ici d’un combat contre le péché venant de l’extérieur, donc de persécutions, qu’ils enduraient de la part de personnes leur étant opposées, et qui pouvaient aller jusqu’à la mort.
Amalek était un ennemi déclaré des Israélites, il cherchait à arrêter le peuple dans sa progression à travers le désert et, si possible, à l’anéantir.
Les autres ennemis d’Israël n’étaient pas moins dangereux, mais leurs méthodes de combat portaient un caractère différent. Les Philistins procédaient avec politique, les Jébuséens se distinguaient par leur bravoure. Au contraire, les Amalécites menaient leur combat d’une manière abjecte. Dieu ne voulait pas que cela tombe dans l’oubli : « Souviens-toi de ce que t’a fait Amalek, en chemin, quand vous sortiez d’Égypte : comment il te rencontra dans le chemin, et tomba en queue sur toi, sur tous les faibles qui se traînaient après toi, lorsque tu étais las et harassé, et ne craignit pas Dieu » (Deutéronome 25 v. 17 et 18).
« Ainsi dit l’Éternel des armées : J’ai considéré ce qu’Amalek a fait à Israël, comment il se plaça contre lui sur le chemin quand il montait d’Égypte » (1 Samuel 15 v. 2).
Nous trompons-nous en voyant en « Amalek » une image de Satan lui-même et de sa puissance, par laquelle il cherche à arrêter aujourd’hui le peuple de Dieu dans son chemin au travers du désert et à lui faire du tort ?
Certes, il ne peut pas nous replacer dans la servitude en « Égypte », sous sa puissance, mais il peut nous frapper et nous blesser de manière sensible. À cet effet, il se sert de tous les moyens possibles, du monde autour de nous et en particulier de la chair en nous, étant sa fidèle alliée « derrière les fortifications ». Combien les ruses d’Amalek sont redoutables. Il nous attaque précisément lorsque nous sommes faibles, las et harassés.
Il nous éprouvera justement quand, comme Israël à Rephidim, nous avons péché et sommes ainsi d’autant plus vulnérables. Chers amis, soyons-en conscients : En cédant à nos convoitises charnelles, au lieu de porter sur elles l’arrêt de mort de Dieu, nous ne combattons pas contre Amalek, mais nous nous livrons à lui.
Satan cherchera toujours à introduire des principes charnels, mondains, dans notre vie. De cette manière, il nous affaiblit et nous empêche de faire des progrès dans le chemin de la foi.
Résumons brièvement ce qui vient d’être dit : « Le combat propre du chrétien n’est pas dirigé contre la chair, mais contre Satan qui se sert de la chair ! » Nous ne sommes capables de combattre Amalek, par la puissance de l’Esprit habitant en nous, que quand nous réalisons notre mort avec Christ au péché.
Soulignons encore que nous ne combattons pas non plus contre nos semblables ou même contre des frères. Satan peut évidemment utiliser comme instruments des hommes ou des frères (Matthieu 16 v. 23), mais nous ne combattons pas contre eux.
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