9. Chrétien et heureux ?

9. Chrétien et heureux ?

Chap: 7 - « Ces choses » (suite et fin du chapitre) - Le Seigneur ne veut pas nous décourager. Au contraire, dans les versets qui suivent, il nous donne quelques encouragements clairs et nous sentons bien que nous en avons besoin.

La perte de la vue spirituelle (être aveugle, et ne pas voir loin) s’accompagne de celle de la mémoire spirituelle : « Ayant oublié la purification de ses péchés d’autrefois ».

Un « oubli » lourd de conséquences.

Qu’est-ce que cela signifie ? Certainement pas, comme on le suppose souvent, qu’un tel chrétien n’est plus sûr d’être sauvé et a perdu la certitude du salut qui faisait sa joie jusqu’ici. En effet, qu’a-t-il oublié ? Que ses péchés d’autrefois ont été ôtés pardonnés ? Non, absolument pas. Il a oublié qu’il a été purifié, tiré de ses péchés d’autrefois, de ses anciennes habitudes, de son mode de vie avant sa conversion.

Parce que son esprit est totalement absorbé par les choses visibles environnantes, il a perdu la conscience que le christianisme est un domaine saint, céleste, mis à part. Et ainsi, il a perdu de vue la véritable position chrétienne de pureté et ne discerne plus les différences fondamentales avec la nature et les pratiques du monde.

Quand on ne voit plus ces différences, le pas suivant, celui du retour au monde, n’est pas loin. Toute déviation des chemins de Dieu aboutit sous une forme ou l’autre dans le monde. On abaisse petit à petit la mesure, jusqu’à ce que finalement, on tombe au niveau du monde, à ses manières d’agir et à ses principes. Un tel chrétien a pratiquement laissé échapper toute la vérité.

Ne pouvons-nous pas penser ici à Lot, le neveu d’Abraham ? Il est le portrait placé devant nous comme avertissement d’un chrétien retourné dans le monde. Son cœur l’attirait non pas en Canaan, mais vers Sodome, malgré la méchanceté de cette ville. Et ainsi, il connut aussi ce sort funeste : il ne voyait pas les différences entre Canaan et Sodome, entre le « jardin de l’Éternel » et le « pays d’Égypte » (Genèse 13 v. 10).

Un jour, on finit par suivre son cœur. Lot l’a fait : d’abord, il dressa ses tentes « jusqu’à Sodome » (v. 12). Puis il « habita » dans cette ville impie (14 v. 12) pour en fin « s’asseoir à la porte » comme juge (19 v. 1). Ces trois étapes marquent une descente fatale. Le dernier épisode que le récit historique de l’Écriture donne de Lot, le montre dans un état d’avilissement indescriptible (19 v. 30). Mais tout a commencé lorsqu’il « leva les yeux et vit toute la plaine du Jourdain, qui était arrosée partout » (13 v. 10). Lui également n’a « pas vu loin ».

Le chrétien qui se laisse diriger par des pensées mondaines, et, en conséquence, abandonne pratiquement sa position de pureté, perd la joie liée à la paix avec Dieu. Son propre cœur le condamne. Notre but demeurant de chercher, en nous appuyant sur ce passage de 2 Pierre 1, une réponse à la question : Comment peut-on vivre heureux comme chrétien ? Nous devons constater ici : pas de cette manière !

Les pensées mondaines, notre verset nous le montre, rendent aveugle et privent de la joie et de la paix de Dieu. En revanche, si nous pensons à ce que Dieu a fait pour nous dans la rédemption, comment il nous a retirés de ce présent siècle mauvais pour lui, nous nous attacherons à lui avec reconnaissance en lui consacrant notre vie dans la pureté et la piété.

Plus nous nous souvenons de quelle ruine morale il nous a sauvés, plus nous lui serons reconnaissants de pouvoir maintenant vivre dans « ces choses ».          

Ce que nous devons « affermir ».

Mais ensuite, nous sommes encore appelés à « affermir » quelque chose, comme nous y exhorte l’apôtre Pierre. Dans les versets 10 et 11, il lie deux autres encouragements positifs à cette exhortation. Au verset 8, nous avons trouvé le premier : Si « ces choses » sont en nous, elles nous conduiront à une connaissance plus profonde de notre Seigneur Jésus-Christ. Mais maintenant il ajoute :

« C’est pourquoi, frères, étudiez-vous d’autant plus à affermir votre appel et votre élection, car en faisant ces choses vous ne faillirez jamais » (v. 10).

Pierre se sert ici de l’appellation « frères ». Cela donne un plus grand poids à la parole d’exhortation, surtout du fait que nous avons ici la seule occasion dans ses épîtres où l’apôtre s’adresse sous cette forme à ses destinataires. En outre, par cette expression, il s’unit à ses lecteurs ; on ne peut assurément pas être plus qu’un « frère » : « Vous, vous êtes tous frères » (Matthieu 23 v. 8).

Quelle part heureuse de faire partie des « frères » ! S’il est des choses que nous ne sommes pas, « apôtre de Jésus-Christ » par exemple, nous sommes frères.

Pour la seconde fois, Pierre évoque la notion de zèle : « étudiez-vous ». S’il introduit d’une telle manière sa première exhortation dans les versets 5 à 7, et la deuxième, au verset 10, dans la suite, il emploie toujours uniquement des concepts abstraits. Cela montre qu’il ne pense pas en premier lieu à des œuvres extérieures.

Nous devons déployer du zèle pour aspirer aux vertus morales. Ici, il s’agit d’affermir notre appel et notre élection. Cette déclaration a déjà déconcerté de nombreux enfants de Dieu. Que pouvons-nous faire relativement à notre appel et à notre élection, afin de les rendre plus sûrs, demandent-ils ? Que se passera-t-il si, à la fin, nous n’y arrivons pas ? Est-ce que, malgré tout, nous pouvons être perdus ?

Commençons par l’expression « affermir », car une bonne partie de la réponse est fondée sur ce verbe. En grec, cet infinitif se trouve à une forme (présent moyen) qui a une double signification : les lecteurs doivent faire une telle chose pour eux-mêmes et la faire constamment. Les efforts continuels, en vue d’affermir notre appel et notre élection, ont donc lieu en vue de nous-mêmes, et des autres, pouvons-nous ajouter.

Il s’agit de notre côté, du côté humain. Pour ce qui en est de Dieu, de son appel et son élection, nous n’avons rien à affermir. Devant Dieu, et en soi, tout est assuré, parce que cela vient de son propre cœur d’amour et parce qu’il a trouvé des moyens pour établir les choses sur un fondement éternellement sûr. Avec cela, nous touchons déjà à un deuxième point. Il est dit : votre appel et votre élection, non pas : l’appel et l’élection de Dieu. Cela ne signifie pas qu’il s’agit de choses fondamentalement différentes, mais ce sont deux aspects différents d’une seule et même chose.

Il est vrai que Dieu nous a appelés et élus, et que son nom en soit loué. Nous reviendrons dans un instant là-dessus. Mais Pierre, ou disons plutôt : Dieu, ne se satisfait pas de ce côté. Il désire que nous soyons conscients de ce fait et que nous nous en réjouissions. Ceux de dehors aussi doivent remarquer, en nous voyant, que nous avons été appelés par Dieu d’une manière aussi merveilleuse.

Comment « l’affermissement » peut-il se produire ? En ceci que nous faisons « ces choses » et que nous marchons dans le chemin que le Saint-Esprit a décrit si magnifiquement par la plume de Pierre. Ainsi, notre appel et notre espérance nous deviennent plus précieux, et la gloire plus attrayante. Les choses célestes, éloignées, se rapprochent, s’éclairent, en contraste avec ce qui se passe chez celui qui est devenu aveugle et ne voit pas loin, et qui a même oublié ce qu’il avait appris lors de sa conversion.

Un troisième point confirme ce qui vient d’être dit. Il concerne l’ordre des notions : appel et élection. Il est évident qu’il s’agit là de notre côté, car cela correspond exactement à notre expérience. Nous avons d’abord vécu notre appel par Dieu et, plus tard seulement, nous avons appris que Dieu nous a élus en Christ avant la fondation du monde (Éphésiens 1 v. 4).

Aussi, l’ordre est-il inversé lorsqu’il est question du côté de Dieu : élection (ou aussi prédestination), appel. Notre élection est un acte de la grâce souveraine de Dieu. Elle a eu lieu avant que le monde ait été appelé à l’existence. Mais notre appel des ténèbres à sa merveilleuse lumière a eu lieu dans le temps (1 Pierre 2 v. 9 ; Romains 8 v. 29 et 30). Lorsque cet aspect est placé devant nous, tout est ainsi sûr, si sûr que la chaîne d’or de Romains 8 s’achève par les mots : « Il les a aussi glorifiés ».

Suit maintenant la précieuse certitude : « Car en faisant ces choses vous ne faillirez jamais ». Quel encouragement ! Dieu nous garde (Jude 24), il nous garde sur ce chemin et de cette manière. Veillons seulement à vivre dans les choses qui nous ont été présentées aux versets 5 à 7 : progressons dans notre tentative de joindre ces différents caractères les uns aux autres.

Nous expérimenterons alors aussi la triple protection de Dieu dont parle le psalmiste au psaume 121 : nous serons gardés de tout mal, notre âme sera gardée et il gardera notre sortie et notre entrée : « dès maintenant et à toujours ».

L’entrée dans le royaume éternel.

Avec le verset 11, qui termine l’introduction de l’épître, nos regards sont effectivement portés dans l’éternité : « Car ainsi l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ vous sera richement donnée (plutôt fournie) » (v. 11).

Le mot rendu par « donner » est le même que celui qui est traduit par « joindre » au verset 5 : Si nous « joignons » (ou : fournissons) ces choses les unes aux autres, et si elles sont en nous richement ou d’une manière croissante, Dieu « donne » (ou : fournit) alors aussi quelque chose richement : l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.

Cela montre qu’il y aura là une juste récompense pour chaque pas accompli fidèlement dans le chemin de Dieu ici-bas. Quelle valeur acquiert dès lors notre vie sur la scène terrestre. Combien cela devrait nous amener à vivre davantage pour Dieu, afin de lui plaire. La réponse de Dieu sera éternelle.

Pierre parle du royaume, non pas de l’assemblée ou de la famille de Dieu. Dans ces dernières, Dieu a donné par grâce à chacun des siens une place égale, et Pierre ne pourrait ainsi pas parler d’une riche entrée dans la maison du Père. Là, nous sommes tous « seulement » des enfants. On ne peut pas être plus ou moins enfant. On l’est ou on ne l’est pas.

Il en va autrement en ce qui concerne le royaume. Là, il y aura des différences, correspondant au renoncement qui aura été manifestée ici-bas envers son nom. Et de même que, par la grâce de Dieu, nous aurons une place commune dans la gloire céleste, selon le gouvernement de Dieu, une place différente, juste, et par conséquent, inégale, nous sera attribuée dans le royaume du Seigneur.

Sur ce point, il convient de distinguer entre ce qui est exclusivement le fruit de l’œuvre de Christ, et ce qui, dans une certaine mesure, est aussi celui de notre propre ouvrage. Néanmoins, les titres et les dignités dans le royaume, si grands soient-ils, n’entrent pas en considération lorsqu’il s’agit du Père et de nos relations avec lui comme tels. Le privilège d’être enfants de la famille divine, membres du corps de Christ et de faire partie de l’épouse céleste du Seigneur Jésus est pure grâce et ne résulte en aucune manière de notre combat, de notre délité. C’est sans conteste l’aspect le plus élevé.

Pourtant, il y aura des choses très précieuses qui représentent clairement une réponse au renoncement manifestée. Le caillou blanc, avec un nouveau nom écrit dessus, que nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit (Apocalypse 2 v. 17), est le témoignage de l’approbation du Seigneur, et parle de la communion cachée du cœur avec lui. Mais ce caillou dépend manifestement de ce que le Seigneur trouve en nous quelque chose à louer. Ainsi, les couronnes que l’on porte là doivent être acquises ici-bas. Par conséquent, notre position dans le royaume éternel de notre Seigneur sera déterminée par la mesure de notre identification avec lui et ses intérêts ici-bas.

Ce royaume éternel n’a en soi rien de passager, ce n’est pas le royaume millénaire, malgré toute la bénédiction qu’il comporte. La remise de celui-ci selon 1 Corinthiens 15 v. 24 ne touche en rien le royaume éternel dont il est parlé dans notre verset. Cet aspect éternel du royaume est également présenté en Apocalypse 22 ; il est dit des esclaves qui s’y trouvent : « Et ils régneront aux siècles des siècles » (v. 5).

Il y aura donc un royaume immuable, au sujet duquel il ne nous est rien révélé de plus. Mais nous savons ceci : notre Seigneur Jésus-Christ en sera le centre éternel et, quant à nous, une entrée nous est donnée dans ce royaume.

Par « entrée », il ne faut pas nous représenter seulement une porte ou un portail que l’on franchit. Il s’agit bien plutôt de l’acte d’entrer ou de pénétrer. Et quand entrerons-nous dans le royaume éternel de notre Seigneur ? À notre mort ou lorsqu’il viendra pour nous prendre auprès de lui, soit par l’enlèvement, soit par la résurrection ?

Il me semble que l’entrée dans le royaume éternel ne concerne directement ni notre mort ni notre résurrection.

Naturellement, par l’une comme par l’autre, nous sommes introduits dans la proximité immédiate du Seigneur, et par conséquent, aussi dans ce domaine sur lequel il a le contrôle pour l’éternité et que nous ne quitterons plus jamais. Mais l’auteur pense manifestement au temps présent et dit : Si vous faites « ces choses » et vivez en elles, par là même, ici-bas déjà, l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur vous sera alors richement donnée.

Cela signifie que le croyant qui marche avec Dieu est rendu capable, dans une grande mesure, d’anticiper la gloire future du royaume et d’en jouir aujourd’hui déjà. Il se sait sur le chemin qui y conduit, son cœur regarde au loin et est en harmonie avec ce qui l’attend là. Dieu n’a rien à reprendre chez un tel chrétien ; au contraire, dans ses voies gouvernementales, il lui ouvre toute grande l’entrée dans ce merveilleux royaume.

Quelle part bénie, chers amis ! Voulons-nous laisser l’amour du monde et l’obstination nous en priver ? Soyons-en certains : Le moment arrive où nous le regretterons profondément et dirons : « Ah ! si seulement j’avais vécu plus pour Christ, mon Sauveur, au lieu de m’être tellement conformé au monde, d’avoir été si froid, si super ciel, si partagé ! »

Encore une fois : la réponse de Dieu au renoncement manifestée aujourd’hui sera éternelle. 

 

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« Le salut est en Christ Jésus et il est à présent, par la Croix et la Résurrection, au dessus de toute puissance de destruction et il garde notre trésor, notre salut. La foi en Lui règle une fois pour toutes la question de l’assurance de notre salut. Tout ce que nous avons à faire, c’est de diriger notre foi vers le Seigneur Jésus, notre Salut. »

- Théodore Austin-Sparks

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