17. Le chemin  de la  croissance  spirituelle

17. Le chemin de la croissance spirituelle

Chap: 7 - La traversée du Jourdain (suite et fin du chapitre) - La traversée du désert est terminée. Dès le chapitre 20 des Nombres déjà, des événements de la quarantième année nous sont décrits. Maintenant le peuple se trouve dans les plaines de Moab (Nombres 22 v. 1).

Dans chacun des trois passages qui mentionnent le « nouvel homme », il est aussi parlé de sa création. Nous voyons que l’on entre dans une relation vivante avec Dieu non par ses propres efforts, mais uniquement par un acte de création de sa part. Dans l’épître aux Éphésiens, il est écrit au chapitre 2, verset 15 : « afin qu’il créât les deux (Juifs et nations) en lui-même pour être un seul homme nouveau ». Il s’agit ici du fait lui-même de la création.

Au chapitre 4, versets 22 à 24, la nature du nouvel homme et le modèle absolument parfait selon lequel il a été créé sont montrés : « en ce qui concerne votre première manière de vivre, d’avoir dépouillé le vieil homme qui se corrompt selon les convoitises trompeuses, et d’être renouvelés dans l’esprit de votre entendement, et d’avoir revêtu le nouvel homme, créé selon Dieu, en justice et sainteté de la vérité ».

En Colossiens 3 v. 9 à 11, il est écrit : « Ne mentez point l’un à l’autre, ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions et ayant revêtu le nouvel homme qui est renouvelé en connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé, où il n’y a pas Grec et Juif, circoncision et incirconcision, barbare, Scythe, esclave, homme libre ; mais où Christ est tout et en tous ».

Le Fils de Dieu devenu homme est placé devant nous comme origine et modèle du nouvel homme.

La traversée du Jourdain nous enseigne à cet égard à recevoir et à réaliser aussi par la foi ce fait béni. Dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, nous trouvons non seulement la doctrine concernant cette position élevée des rachetés, mais aussi la pratique de la foi. Les croyants à Éphèse et à Colosses ne connaissaient pas seulement la vérité concernant le nouvel homme, mais ils l’avaient revêtu et avaient dépouillé le vieil homme (Éphésiens 4 v. 22 à 24 ; Colossiens 3 v. 9 et 10).

Quelle instruction en retirer pour nous ? Si nous cédons à notre chair, nous ne sommes pas en état de vivre comme rachetés dans la force et la joie spirituelles. C’est ce que nous montre l’image du peuple d’Israël dans le désert. À la fin des quarante ans, Moïse dut constater que chacun faisait ce qui était bon à ses yeux (Deutéronome 12 v. 8). Il est remarquable qu’il continue, dans le verset qui suit, en disant : « …car, jusqu’à présent, vous n’êtes pas entrés dans le repos et dans l’héritage que l’Éternel, ton Dieu, te donne ».

Ceci veut nous dire : plus nous nous confions en la Parole de Dieu, et plus nous nous occupons du Seigneur Jésus, notre tête dans la gloire, et des choses qui sont en haut, plus nous serons en harmonie dans notre vie pratique avec ses pensées et avec sa volonté. Les diverses étapes de la foi relativement à la compréhension et à la jouissance de l’œuvre de la rédemption nous montrent comment nous pouvons croître en elles spirituellement. La confiance simple en l’œuvre parfaite de notre Seigneur à la croix nous donne aussi la force de dépouiller le vieil homme. Nous ne sommes alors pas seulement conscients et reconnaissants d’avoir la vie nouvelle, mais nous nous identifions avec le nouvel homme que nous avons revêtu d’une manière consciente, et dont le seul but est de servir et de glorifier Christ.

Douze pierres.

Avant la traversée du Jourdain, Josué avait fait choisir par le peuple douze hommes, un par tribu (Josué 3 v. 12). En Josué 4 v. 1 à 3, c’est-à-dire après la traversée, il apparaît clairement que cela faisait suite à un ordre de Dieu :

« Et il arriva, quand toute la nation eut achevé de passer le Jourdain, que l’Éternel parla à Josué, disant : Prenez d’entre le peuple douze hommes, un homme de chaque tribu, et commandez-leur, disant : Enlevez d’ici, du milieu du Jourdain, de là où se sont tenus les pieds des sacrificateurs, douze pierres ; et vous les transporterez avec vous, et vous les poserez dans le lieu où vous passerez cette nuit ».

Les pierres, dans la Parole de Dieu, sont souvent des monuments en souvenir des voies de Dieu envers les siens. Nous le voyons déjà avec Jacob, l’ancêtre du peuple d’Israël, et plus tard, avec le dernier des juges, Samuel (Genèse 28 v. 18 ; 31 v. 45 ; 35 v. 14, 20 ; 1 Samuel 7 v. 12). Ici aussi, Dieu voulait donner à son peuple un souvenir durable de cet événement important. C’est pourquoi les douze pierres devaient être érigées sur la rive occidentale du Jourdain. Ce n’était pas une seule pierre (il s’agirait plutôt d’un mémorial de la résurrection du Seigneur), mais c’étaient douze pierres, c’est-à-dire que tout le peuple est représenté. Lors de l’entrée en Canaan, il manquait cependant deux tribus et demie. D’entre celles-ci, seuls les hommes de guerre avaient suivi. Malgré cela, Josué dressa douze pierres, qui doivent nous rappeler ainsi d’une manière particulière la position de tous les croyants en Christ. Dieu a fait asseoir ensemble en Christ dans les lieux célestes non pas quelques-uns seulement, mais tous ceux qui croient dans le Seigneur Jésus.

Les pierres furent prises du milieu du fleuve et dressées de l’autre côté de la rive. Elles demeurèrent là en souvenir perpétuel du fait que le peuple avait atteint le but de son voyage, le pays promis de Canaan. Les pierres venaient des profondeurs de l’eau qui, comme nous l’avons vu, parle de la mort. Pourrait-il y avoir une image plus saisissante de notre résurrection avec Christ ?

Chaque fois que les Israélites voyaient ces pierres sur la rive du Jourdain, ils se remémoraient leur traversée du fleuve.

De même, nous aussi, nous pouvons sans cesse nous souvenir avec reconnaissance du fait merveilleux, que nous avons été spirituellement ressuscités avec notre Seigneur. Avec lui, nous sommes passés de la mort à la vie dans la résurrection (comp. Jean 5 v. 24).

Dieu n’avait parlé que des douze pierres sur la rive du Jourdain. Elles sont une image non seulement de notre résurrection avec Christ, mais aussi du nouvel homme qui a été créé par la mort et la résurrection de Jésus-Christ.

Cependant, Josué fit dresser de plus douze pierres « au milieu du Jourdain, à la place où s’étaient tenus les pieds des sacrificateurs qui portaient l’arche de l’alliance » (Josué 4 v. 9). Dieu ne l’avait pas expressément ordonné. Néanmoins, ce que fit Josué était tout à fait à sa place. Les douze pierres au fond du fleuve furent aussitôt recouvertes par les eaux et devinrent invisibles. Elles symbolisent ainsi une fin – celle du vieil homme. Comme nous l’avons vu, notre vieil homme a été crucifié et nous sommes morts et ensevelis avec Christ (*).

(*) L’image du baptême est cependant non pas le Jourdain, mais la mer Rouge (voir « Le baptême – un ensevelissement  »).

En fait, ceci est plutôt en relation avec la mer Rouge. Aucun mémorial du jugement accompli ne fut cependant dressé là. Maintenant seulement que le but est atteint et qu’il est question non de jugement, mais uniquement d’une victoire triomphale, il est rappelé ce qui au fond avait eu lieu déjà à la mer Rouge. Les pierres dans le Jourdain expriment clairement que ce que signifie être mort avec Christ, est maintenant bien compris et réalisé. Nous trouvons exactement cela dans le Nouveau Testament. Paul rappelle aux Colossiens, non seulement leur résurrection spirituelle avec Christ, mais en même temps leur mort : « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ; pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre ; car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Colossiens 3 v. 1 à 3).

Il fait de même quant au vieil et au nouvel homme : « Ne mentez point l’un à l’autre, ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions et ayant revêtu le nouvel homme qui est renouvelé en connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé » (Colossiens 3 v. 9 et 10 ; comp. Éphésiens 4 v. 22 à 24). Dans la pratique, nous n’avons la force de dépouiller le vieil homme que lorsque nous avons compris ce que signifie revêtir le nouvel homme, c’est-à-dire lorsque nous nous « identifions » par la foi avec notre Seigneur glorifié dans le ciel. Les douze pierres au fond du Jourdain et les douze pierres sur sa rive rendent un témoignage éloquent de ces deux aspects. L’adoption de notre nouvelle identité « en Christ » est impensable sans le dépouillement de notre ancienne identité comme pécheur.

Les pierres au fond du Jourdain parlent du fait que nous sommes morts avec Christ. Nous trouvons cela dans plusieurs épîtres du Nouveau Testament (Romains 6 v. 2, 8 ; Galates 2 v. 19 ; Colossiens 2 v. 20 ; 3 v. 3 ; 1 Pierre 2 v. 24). Mais il y a encore un autre aspect. Dans l’épître aux Éphésiens, nous sommes considérés non pas comme morts avec Christ, mais comme morts dans nos fautes et dans nos péchés (Éphésiens 2 v. 1, 5 ; Colossiens 2 v. 13). Comme tels, nous avons été vivifiés et ressuscités avec Christ. Les douze pierres dans le Jourdain parlent aussi de cet état de mort spirituelle dans lequel se trouve tout homme avant sa conversion. Dieu soit béni, elles sont pour toujours couvertes par les eaux et nous pouvons considérer par la foi les pierres visibles sur la rive du Jourdain, qui nous rappellent notre résurrection avec Christ et le fait de revêtir le nouvel homme.

Au cours de la considération du chemin des fils d’Israël depuis l’Égypte jusqu’à Canaan, nous nous sommes déjà arrêtés plusieurs fois devant le soin que Dieu prend pour nous convaincre, non seulement dans le Nouveau Testament, mais déjà dans les types de l’Ancien, de la corruption totale de la nature humaine et de la nécessité d’un jugement sans réserve de notre vieil homme. Ne voyons-nous pas aussi cela dans les douze pierres qui restaient au fond du Jourdain ?

Elles rendent témoignage du jugement de Dieu sur ce qu’en nous, même comme croyants, nous excusons et minimisons encore souvent. Au lieu de faire cela, nous devrions nous associer à son jugement et nous considérer comme morts avec Christ.

Mais est-ce que nous lui rendons grâces aussi pour le fait que son Fils bien-aimé, qui a porté ce jugement pour nous, nous a donné par sa résurrection une vie et une position selon laquelle nous sommes déjà maintenant dans la relation la plus étroite avec lui dans le ciel ?

Après l’érection des douze pierres sur la rive du Jourdain, Dieu donna à son peuple d’autres instructions. Si leurs enfants les interrogeaient plus tard disant : « Que signifient pour vous ces pierres ? », les fils d’Israël devaient donner une réponse claire. Il est remarquable que cette question soit prévue deux fois. La première fois, elle se trouve en Josué 4 v. 6, la seconde fois au verset 21.

Nous trouvons déjà en Exode 12 v. 26 et 13 v. 14, des questions semblables et leur réponse, concernant la Pâque et la sanctification du premier-né, de même qu’en Deutéronome 6:20 concernant la loi du Sinaï.

Dieu a prévu les questions des enfants quant à ces points importants et voulait qu’elles aient une réponse juste. Avec quel sérieux ceci parle au cœur de tous les croyants à qui Dieu a confié des enfants ! De plus, tous les aînés qui sont questionnés par de plus jeunes frères et sœurs au sujet du salut, de la position et du chemin des croyants sont concernés ici. Sommes-nous prêts à répondre à ces questions et en état de le faire ? Combien de bonnes occasions, spirituellement importantes, sont manquées lorsque nous n’y entrons pas ! Prenons donc à cœur cet appel et ne laissons pas sans réponse une question, peut-être superflue ou inutile à nos yeux, mais répondons-y en nous appuyant sur la Parole de Dieu.

En Josué 4 v. 6, la question des enfants est formulée de façon très personnelle : « Que signifient pour vous ces pierres ? ». La réponse qui doit être donnée porte pourtant un caractère fondamental : « Les eaux du Jourdain furent coupées devant l’arche de l’alliance de l’Éternel ; lorsqu’elle passa dans le Jourdain, les eaux du Jourdain furent coupées ». Autrement dit : Dans la résurrection de Christ, la puissance de la mort fut brisée par la puissance de Dieu. En Éphésiens 1 v. 19 et 20, Paul parle de « l’opération de la puissance de sa force, qu’il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts ; et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes ».

Nous devons toujours nous souvenir de cette puissance et veiller à ce que tout ce qui s’y rattache, demeure présent dans la conscience des croyants. Paul priait pour que Dieu donne aux croyants à Éphèse l’intelligence spirituelle de « l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, nous qu’il a vivifiés ensemble avec Christ et qu’il a ressuscités ensemble et a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en lui » (Éphésiens 1 v. 16 ; 2 v. 6). Dans la seconde question, en Josué 4 v. 21, le Saint-Esprit regarde visiblement à un avenir plus lointain, car elle est introduite par ces mots : « Lorsque dans l’avenir vos fils interrogeront leurs pères, disant : … ». La question elle‑même est ici une question de fond : « Que sont ces pierres ? » comme le montre l’absence du pronom : « vous ».

En revanche, la réponse est beaucoup plus détaillée et personnelle : « Israël a passé ce Jourdain à sec, parce que l’Éternel, votre Dieu, sécha les eaux du Jourdain devant vous jusqu’à ce que vous eussiez passé, comme l’Éternel, votre Dieu, a fait à la mer Rouge, qu’il mit à sec devant nous jusqu’à ce que nous eussions passé, afin que tous les peuples de la terre connussent la main de l’Éternel, qu’elle est forte ; afin que vous craigniez toujours l’Éternel, votre Dieu ». Il s’agit de nouveau en premier lieu de la grande œuvre de Dieu.

Il a séché les eaux devant son peuple. Mais ensuite, il est fait mention du peuple de Dieu qui a pu traverser à sec par la foi. Finalement, la corrélation – pour ne pas dire l’identité – de la mer Rouge avec le Jourdain est rappelée. Ces deux situations si semblables parlent l’une et l’autre de la mort et de la résurrection de Christ. Mais pour nous qui croyons en lui, la mer Rouge est une image de notre mort spirituellement parlant avec lui, tandis que le Jourdain est une image de notre résurrection spirituellement parlant avec lui. Les pierres au fond du Jourdain rappellent le premier fait, celles qui sont sur la rive rappellent le second.

Répétons-le : Quel soin prend notre Dieu et Père pour nous présenter sous tous ses aspects par son Esprit cette grande et importante vérité de la foi, et pour nous rendre attentifs à notre responsabilité de la transmettre aussi, afin qu’elle ne tombe pas dans l’oubli ! Et pourtant, combien de chrétiens ignorent ces merveilleuses bénédictions. Puissions-nous nous encourager à suivre par la foi le Seigneur Jésus dans les lieux célestes.

Mais aussi, à ne pas négliger les enseignements des Saintes Écritures qui s’y rattachent, mais à les transmettre à la génération qui suit, si le Seigneur nous laisse encore ici-bas !

Les deux tribus et demie.

Les douze pierres au fond du Jourdain et les douze pierres sur la rive étaient un témoignage pour l’ensemble du peuple d’Israël avec ses douze tribus. En réalité pourtant, seules neuf tribus et demie avaient traversé le fleuve afin de prendre possession du pays de Canaan. Les tribus de Ruben, de Gad et la moitié de Manassé n’étaient pas présentes. Leurs hommes de guerre, il est vrai, passèrent d’abord avec eux, mais leurs familles étaient restées à l’est du Jourdain. Nous lisons en Nombres 32 comment il arriva que ces Israélites « méprisèrent le pays désirable ».

Au début, seules les tribus de Ruben et de Gad demandèrent à Moïse de ne pas devoir traverser le Jourdain avec le reste du peuple. Elles avaient courageusement aidé à battre Sihon, le roi des Amoréens et Og, le roi de Basan, lorsque ceux-ci barrèrent hostilement le chemin au peuple de Dieu en marche vers le pays promis (Nombres 21 v. 21 à 35). Il n’est rien resté de Sihon, sinon un cantique à sa gloire ; c’est pourquoi on peut discerner en lui une image de l’ambition de la chair (Nombres 21 v. 27 à 30). D’Og, un des derniers géants, il n’est communiqué que la grandeur exceptionnelle de son lit, ce qui nous montre le confort et l’égoïsme de la chair (Deutéronome 3 v. 11).

Les Rubénites et les Gadites avaient vaincu ces dangereux ennemis en compagnie de leurs frères après l’épisode du serpent d’airain, mais ils ne voulurent pas faire le dernier pas béni. Ils demandèrent expressément à Moïse : « Ne nous fais pas passer le Jourdain ». Ils préféraient rester dans les territoires conquis à l’est du Jourdain. Ils en donnèrent aussi le motif : « Le pays que l’Éternel a frappé devant l’assemblée d’Israël, est un pays propre pour des troupeaux, et tes serviteurs ont des troupeaux » (Nombres 32 v. 4). C’était une manière bien rassurante de s’exprimer, car au verset l, il est dit : « Et les troupeaux des fils de Ruben et des fils de Gad étaient en grand nombre, en très grande quantité. Et ils virent le pays de Jahzer et le pays de Galaad, et voici, le lieu était un lieu propre pour des troupeaux » (*).

(*) En Nombres 31 v. 32, nous voyons l’importance du bétail qu’Israël avait pris lors du combat contre Madian. Il en aura été de même lors de la victoire sur Sihon et sur Og (Nombres 21 v. 21 à 35).

Les Rubénites et les Gadites ne craignaient pas les Cananéens. Ils ne voulaient pas non plus retourner en Égypte. Le motif de leur demande de ne pas traverser le Jourdain était leurs troupeaux, donc leurs biens. Les possessions, en soi, n'ont rien de mauvais, mais ils se laissaient plus influencer par cela que par le désir d'obéir à la volonté de Dieu et d'entrer dans le pays. Les hommes parmi eux étaient certes prêts à participer aux combats de conquête en Canaan, mais ils voulaient cependant recevoir des habitations pour eux et leurs familles du côté oriental du Jourdain. Le pays était très prospère, il n'était pas éloigné du tout de Canaan et lui ressemblait à bien des égards – mais il y avait le Jourdain entre deux.

Moise fut d'abord très irrité de leur revendication, qui lui rappelait le comportement des espions qui tentèrent de dissuader le peuple de monter dans le pays de Canaan. Il les appela « progéniture d'hommes pécheurs ». Mais finalement, il donna suite au désir des deux tribus, auxquelles se joignit la demi-tribu de Manassé (v. 33 à 42). Et Dieu n'intervint pas. Il laissa faire les deux tribus et demie.

Les membres des deux tribus et demie représentent des chrétiens qui prennent très au sérieux leurs devoirs et leurs liens terrestres. Mais entre la responsabilité pour sa profession et pour sa famille et le désir de réussir dans le monde ou de devenir riche, il n'y a souvent qu'un petit pas. Lorsque la sollicitude pour la famille produit le désir de « vivre mieux » que les autres, le « moi », la chair se met en avant et la personne de notre Rédempteur et Seigneur est mise de côté.

On en arrive alors à ne plus être prêt à donner à la Parole de Dieu la première place dans toutes les questions de la vie de la foi. De tels chrétiens peuvent être certes très serviables, zélés et pleins de dévouement, mais à partir d'un certain point, leurs propres intérêts ont la priorité sur le Seigneur Jésus et ses intérêts. En dépit de toutes les expériences faites avec Dieu sur le chemin de la foi au travers du désert, ils se refusent à faire le dernier pas décisif. Il s'ensuit un arrêt de leur croissance spirituelle – et ceci ne reste pas sans conséquence. Puissions-nous tous prendre cela à cœur, dans un monde toujours plus matérialiste !

Sous l'aspect typologique, nous avons ici devant nous des personnes qui connaissent le Seigneur Jésus comme leur Sauveur, et qui ont accepté par la foi le juste jugement de Dieu sur le vieil homme et sur la chair. Mais mettre en pratique par la foi leur résurrection avec lui et leur place en lui dans les lieux célestes – ceci va trop loin pour elles. Les bénédictions spirituelles sont moins importantes pour elles que des prétendues bénédictions terrestres. Elles font partie de ceux dont Paul devait dire en pleurant qu'ils « ont leurs pensées aux choses terrestres » (Philippiens 3 v. 18 et 19). Son jugement sur cette sorte de chrétiens est aussi sévère que celui concernant ceux « qui veulent devenir riches et qui tombent dans la tentation et dans un piège, et dans plusieurs désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition » (1 Timothée 6 v. 9).

Ce n'est pas que quelqu'un qui est vraiment né de nouveau puisse aller à la perdition ; mais un chemin dans le péché conduit, selon la Parole de Dieu, à la destruction. C'est l'aspect plein de gravité de la responsabilité de celui qui confesse appartenir au Seigneur Jésus. Et Dieu laisse souvent faire ses enfants qui vivent et agissent selon leur propre volonté, sans intervenir. Oui, à vue humaine, de telles personnes peuvent parfois mieux s'en tirer que des chrétiens sérieux et fidèles, qui ont tout abandonné pour leur bien-aimé Seigneur.

Si nous poursuivons l'histoire des deux tribus et demie, nous voyons d'abord que Josué commanda aux hommes de guerre de traverser le Jourdain en compagnie des autres Israélites et de les aider à prendre possession du pays. Après cela, ils purent retourner dans les régions qu'ils avaient eux-mêmes choisies à l'est du Jourdain, qui leur avaient été attribuées comme héritage, bien qu'elles n'aient pas fait partie du pays promis (Josué 1 v. 12 à 18 ; 13 v. 8 à 32).

Lorsque Josué libéra les hommes de guerre après la conquête et la répartition du pays, il les bénit et les exhorta à servir l'Éternel de tout leur cœur et de toute leur âme (Josué 22). Mais à peine revenus sur leurs territoires, ils prirent conscience qu'en poursuivant leurs propres intérêts matériels, ils avaient créé une brèche dans l'unité visible du peuple de Dieu.

Pourtant, Josué avait fait dresser douze pierres sur la rive du Jourdain, et avait ainsi indiqué l'unité du peuple de Dieu. Les deux tribus et demie ne pouvaient certes pas être déclarées sciemment infidèles, elles avaient cependant abandonné involontairement cette unité. Elles voulurent alors exprimer, de quelque manière que ce soit, leur lien avec les tribus établies dans le pays.

Elles pensaient surtout à leurs descendants, qui probablement ne sauraient plus rien de leur lien originel. Mais comment devaient-elles y parvenir, puisqu'elles ne se trouvaient pas au lieu préparé par Dieu ? Elles en vinrent à la pensée de construire un autel au bord du Jourdain, le fleuve frontière, comme signe visible de leur foi dans le Dieu auquel croyaient aussi les neuf tribus et demie. Cet autel, « de grande apparence », ne proclamait cependant en première ligne qu'une chose, savoir qu'elles étaient en réalité au mauvais endroit. Si elles avaient habité dans le pays de Canaan, un tel mémorial n'aurait pas été nécessaire.

La rupture introduite ne pouvait pas être surmontée ou considérée comme inexistante par ce stratagème.

Après qu'il fut établi, en parlant avec des envoyés des autres tribus, qu'ils ne voulaient pas introduire une nouvelle forme du culte, la paix fut retrouvée entre eux. Mais la séparation était là et la faiblesse de leur position persista. Là aussi, les autres tribus laissèrent faire, et Dieu n'intervint pas non plus aussitôt. Mais était-ce une preuve d'approbation ? Certainement pas.

Environ 550 ans plus tard, « l'Éternel commença à entamer Israël ; et Hazaël les frappa dans toutes les frontières d'Israël, depuis le Jourdain, vers le soleil levant, tout le pays de Galaad, les Gadites, et les Rubénites, et les Manassites, depuis Aroër, qui est sur le torrent de l'Arnon, et Galaad, et Basan » (2 Rois 10 v. 32 et 33).

Le motif nous en est donné en 1 Chroniques 5 v. 25 : « Mais ils péchèrent contre le Dieu de leurs pères, et se prostituèrent après les dieux des peuples du pays, que Dieu avait détruits devant eux ». Les deux tribus et demie furent les premières qui, à cause de leur idolâtrie, devinrent la proie des ennemis du peuple de Dieu.

Lorsque, comme chrétiens, nous ne sommes pas disposés à franchir le Jourdain par la foi, et à prendre dans les lieux célestes la place que nous avons reçue en notre Seigneur ressuscité, un pas décisif nous fait défaut dans notre vie de foi.

Nous sommes par là en danger d'adopter des pensées mondaines, parce que nous n'avons pas sciemment dépouillé le vieil homme, et revêtu le nouvel homme. Cela concerne aussi et particulièrement la vie collective en tant qu'assemblée de Dieu, comme nous l'avons déjà vu en comparant la tente d'assignation dans le désert avec le temple dans le pays de Canaan.

N'en va-t-il pas, pour beaucoup de ceux qui croient au Seigneur Jésus, comme pour les deux tribus et demie ? Au lieu d'agir selon la Parole de Dieu, ils restent dans leur fausse position et à la mauvaise place. Ils tentent de surmonter les séparations parmi les chrétiens, desquelles nous sommes tous coresponsables, par de pieuses inventions humaines telles que alliance et œcuménisme.

Mais cela est impossible. La croissance spirituelle ne peut être remplacée par du zèle religieux humain. Le déclin spirituel n'en est pas ralenti.

Les deux tribus et demie présentent un exemple qui doit servir d'avertissement. Il nous montre jusqu'où nous pouvons aller si nous refusons de suivre les instructions de Dieu et donnons la priorité à notre propre volonté au lieu d'avoir confiance en sa bonté et en son amour.

 

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