
8. Le chemin de la croissance spirituelle
Chap: 5 - Le desert - Après la traversée de la mer Rouge, le peuple d’Israël trouva devant lui un « grand et terrible désert ». Il était bien délivré de l’Égypte, mais il n’avait pas encore atteint le but que Dieu s’était proposé.
Sur le chemin qui y menait, il ne conduisit pas les Israélites « par le chemin du pays des Philistins, qui est pourtant proche ; car Dieu dit : De peur que le peuple ne se repente lorsqu’ils verront la guerre, et qu’ils ne retournent en Égypte » (Exode 13 v. 17). Ce chemin était le plus court, car il longeait immédiatement la rive de la mer Méditerranée, mais au travers d’un pays hostile. Aussi Dieu les mena-t-il d’abord en direction du sud-est, dans la péninsule du Sinaï, où il fit alliance avec son peuple.
La loi.
Jusqu’au moment où le peuple d’Israël reçut la loi, il se trouvait uniquement sous la grâce de Dieu. Mais au lieu de continuer à se confier dans la grâce et dans les promesses de l’Éternel à leurs pères, les fils d’Israël se placèrent sous la loi dans une confiance charnelle avec ces paroles : « Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons » (Exode 19 v. 8 ; 24 v. 3 à 7). Ainsi commença pour Israël la longue période d’environ 1500 ans de la loi. Elle fut achevée seulement par Christ. La loi de Sinaï trouva sa fin à la croix (Romains 10 v. 4 ; Colossiens 2 v. 14). Dieu l’avait ainsi prédéterminé : « Elle (la loi) a été ajoutée à cause des transgressions, jusqu’à ce que vint la semence à laquelle la promesse est faite » (Galates 3 v. 19).
Étant donné que, dans le Nouveau Testament, il y a plusieurs déclarations, et apparemment en partie différentes, concernant la loi, et que beaucoup de chrétiens ont des notions incertaines sur la loi, sa signification et sa valeur, nous devons aussi traiter ce sujet.
Une compréhension claire de la place qu’occupe la loi dans les voies de Dieu envers les hommes, et de la relation de Christ avec cela, est de toute importance pour notre croissance spirituelle.
Les chrétiens en Galatie, qui étaient en danger de se mettre sous la loi, durent être avertis par ces questions : « Je voudrais seulement apprendre ceci de vous : avez-vous reçu l’Esprit sur le principe des œuvres de loi, ou de l’ouïe de la foi ? Êtes-vous si insensés ? Ayant commencé par l’Esprit, achèveriez-vous maintenant par la chair ? » (Galates 3 v. 2 et 3). L’écrivain de l’épître aux Hébreux est encore plus clair. Comme le titre le dit, les destinataires étaient des Juifs convertis (Hébreux = Israélites). Comme quelques-uns d’entre eux, sous la pression des persécutions en Palestine, voulaient retourner au judaïsme et donc à la loi, il fallait les avertir :
« Car lorsque vous devriez être des docteurs, vu le temps, vous avez de nouveau besoin qu’on vous enseigne quels sont les premiers rudiments des oracles de Dieu, et vous êtes devenus tels, que vous avez besoin de lait et non de nourriture solide ; car quiconque use de lait est inexpérimenté dans la parole de la justice, car il est un petit enfant ; mais la nourriture solide est pour les hommes faits, qui, par le fait de l’habitude, ont les sens exercés à discerner le bien et le mal. C’est pourquoi, laissant la parole du commencement du Christ, avançons vers l’état d’hommes faits » (grec : teleiotés) (Hébreux 5 v. 12 à 6 v. 1).
Un chrétien qui se place sous la loi du Sinaï est donc, selon l’appréciation du Nouveau Testament, charnel, immature et bien éloigné d’être spirituellement un « adulte ». Ceci est surprenant pour beaucoup de croyants, et même peut-être choquant, mais c’est la vérité.
Il faut d’abord observer que la loi du Sinaï, qui consiste non seulement en ce qu’on appelle les « dix commandements » mais, selon le décompte des rabbins, en un total de 613 commandements, n’a jamais été destinée à l’ensemble de l’humanité. Elle n’a été donnée qu’à Israël, le peuple terrestre élu de Dieu (Deutéronome 4 v. 8 ; Romains 3 v. 2 ; 9 v. 4). Ce peuple était constitué non pas uniquement de croyants, mais dans la majorité, d’hommes naturels, c’est-à-dire pas nés de nouveau. C’est à eux que fut communiquée la volonté de Dieu par la loi.
Aussi Paul écrit-il à Timothée que « la loi n’est pas pour le juste, mais pour les iniques et les insubordonnés, pour les impies et les pécheurs… » (1 Timothée 1 v. 9 à 11). Quand, dans l’original, le mot « loi » figure sans article, comme c’est le cas ici, la notion ne se limite pas à la loi du Sinaï, mais englobe toutes les prescriptions légales. Comme la loi s’adressait à des hommes naturels dans ce monde, elle est comptée en Galates 4 v. 3 et Colossiens 2 v. 20 au nombre des « éléments du monde ». Ses ordonnances concernaient les choses perceptibles de ce monde et mettaient les Israélites dans la servitude.
La loi contient des règles éthiques-morales (dont font partie les dix commandements)(*), des prescriptions civiles et pénales (qui réglementaient la vie communautaire) et des commandements religieux-cultuels (par ex. les ordonnances concernant les sacrifices). Si les Israélites avaient pu garder la loi, ils auraient effectivement été justifiés et auraient reçu la vie (Lévitique 18 v. 5 ; Deutéronome 6 v. 25). Mais ceci se manifesta impossible, ce qui n’est toutefois révélé que dans le Nouveau Testament.
(*) Le sabbat constitue une exception. Le commandement si souvent répété dans le Pentateuque de garder le sabbat (Exode 16 v. 23 ; 20 v. 8 à 11 ; 23 v. 12 ; 31 v. 13 à 17 ; 34 v. 21 ; 35 v. 2 et 3 ; Lévitique 19 v. 3 à 30 ; 23 v. 3 ; 26 v. 2 ; Deutéronome 5 v. 12 à 15) avait bien pour but de donner aux Israélites un repos hebdomadaire, mais ne comportait aucune signification éthique-morale comme les autres des « dix commandements ». Ne pouvait-on pas se reposer aussi chaque autre jour de la semaine ? Cela exigeait donc en premier lieu de l’homme quelque chose qui lui est très difficile : une obéissance inconditionnelle envers Dieu.
La loi.
- Exige l’obéissance (Romains 7 v. 7 ; Galates 3 v. 12).
- Donne la connaissance du péché (Romains 3 v. 20).
- Maudit le transgresseur (Galates 3 v. 10).
- Conduit à la mort (Romains 7 v. 10 ; 2 Corinthiens 3 v. 6).
- Mais ne peut pas justifier (Romains 3 v. 20 ; Galates 2 v. 16 ; 3 11).
Ayant été donnée par Dieu, la loi est « sainte et juste et bonne » (Romains 7 v. 12 ; comp. 1 Timothée 1 v. 8). Elle est même appelée « spirituelle », en contraste avec l’homme charnel, vendu au péché (Romains 7 v. 14). Mais il est impossible à l’homme naturel de répondre aux exigences de Dieu qui y sont enjointes, à cause de sa nature pécheresse. C’est pourquoi elle ne peut pas mener à la justification ou au salut, parce qu’elle est faible par la chair (Romains 8 v. 3).
On pourrait maintenant poser la question : « Pourquoi donc la loi ? ». Selon Romains 5 v. 20, « la loi est intervenue afin que la faute abondât » et selon Galates 3 v. 19, « elle a été ajoutée à cause des transgressions ». Ces deux expressions, « est intervenue » et « a été ajoutée » sont des affirmations significatives qui sont souvent négligées lors d’entretiens sur ce sujet et de jugement porté sur la loi. Le don de la loi au Sinaï ne correspondait pas à l’intention initiale de Dieu. C’est le peuple d’Israël qui, après sa délivrance de l’Égypte, s’est engagé à faire tout ce que l’Éternel commandait, au lieu de se confier comme auparavant à sa grâce (Exode 19 v. 8 ; 24 v. 3 à 7).
Il donna alors la loi à son peuple, mais finalement dans le seul but de prouver que l’homme est incapable de garder une loi parfaite donnée par Dieu. La conclusion, tirée il est vrai seulement dans le Nouveau Testament, déclare aussi : « Nulle chair ne sera justifiée devant lui par des œuvres de loi, car par la loi est la connaissance du péché » (Romains 3 v. 20). Ainsi la démonstration est faite, d’un côté, de la complète corruption de l’homme, mais aussi de l’inanité de toute religion (*). Si une religion donnée de Dieu lui-même ne peut sauver, aucune autre ne le pourra.
(*) Contrairement à la foi chrétienne dans le Seigneur Jésus comme Sauveur, il faut comprendre par « religion » un culte avec certaines ordonnances que l’homme doit respecter strictement s’il veut pouvoir entrer en relation avec Dieu et parvenir à la félicité éternelle.
Un autre but de la loi, lié au précédent, est mentionné en Galates 3 v. 23 à 25. Elle était pour Israël un « conducteur » qui protégeait le peuple et veillait sur lui. Cela ne signifie pas qu’il a été ainsi gardé du péché. Comme nous l’avons vu, ce fut le contraire. Mais par la loi, il fut mis à part des nations. Il était le seul peuple de la terre qui possédait le privilège de connaître Dieu (comp. Deutéronome 4 v. 8).
Mais comme « conducteur jusqu’à Christ », la loi ne servit pas à préparer les Israélites en vue de « la foi ». Elle pouvait seulement produire la connaissance du péché et donc le désir de la délivrance. Nous voyons ici de nouveau clairement que la validité de la loi cessa avec l’introduction de la foi chrétienne. « Mais, la foi étant venue, nous ne sommes plus sous un conducteur, car vous êtes tous fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus » (Galates 3 v. 25 et 26 ; 4 v. 3 à 5).
Il est vrai que la loi contient des directives éthiques-morales de portée générale, comme par exemple les interdictions de tuer ou de voler. Les principes à la base de ces commandements se retrouvent non seulement dans le Nouveau Testament, mais dans les recueils de lois de presque toutes les cultures et formes de société. Ils doivent évidemment aussi être mis en pratique dans le christianisme. Mais pour le chrétien, le fondement pour cela n’est pas la loi et le respect des ordonnances de l’Ancien Testament, mais c’est parce que le Seigneur Jésus et sa vie parfaite comme homme sont notre règle de conduite et notre modèle (1 Corinthiens 11 v. 1 ; Galates 5 v. 18). Nous voyons dans sa vie la révélation parfaite et sainte de l’amour de Dieu.
L’exigence la plus élevée de la loi du Sinaï était l’amour de Dieu et l’amour du prochain (Matthieu 22 v. 37 à 40 ; Romains 13 v. 10). Ceci conserve évidemment toute sa validité aujourd’hui. Mais le critère selon lequel le chrétien agit est bien plus élevé. Il est appelé dans l’épître aux Galates « la loi du Christ » (Galates 6 v. 2 ; comp. avec la « loi de la liberté » en Jacques 1 v. 25 ; 2 v. 12). Celui qui, étant né de nouveau, vit et agit sous la direction du Saint-Esprit, accomplit non seulement les exigences de la loi, c’est-à-dire tout ce que la loi requiert de l’homme, mais aussi les commandements de notre Seigneur (Jean 14 v. 21 ; Romains 8 v. 4).
On pourrait maintenant objecter : « Il y a donc bien dans le Nouveau Testament une loi et des commandements pour les chrétiens » ! Si cependant nous examinons en quoi ils consistent, nous constatons qu’ils ont une tout autre signification. Quand nous sommes exhortés en Galates 6 v. 2 : « Portez les charges les uns des autres, et ainsi accomplissez la loi du Christ », il est facile de reconnaître qu’il s’agit ici de quelque chose de tout à fait différent de la loi du Sinaï.
Il en est de même du commandement du Seigneur à ses disciples et à nous, de s’aimer les uns les autres (Jean 13 v. 14).
Le mot « commandement » a dans le Nouveau Testament une signification tout autre que dans l’Ancien Testament. Les commandements néotestamentaires sont l’expression de la volonté de Dieu, le Père, pour ses enfants. La loi du Sinaï était l’expression de la volonté d’un Dieu saint pour des hommes naturels, pécheurs. S’ils la gardaient, il leur était promis vie et bénédiction. Les commandements du Nouveau Testament sont donnés à des hommes nés de nouveau, pour conduire et diriger la nouvelle vie en eux (*).
(*) Les quatre « commandements » en Actes 15 v. 20 à 29, (interdiction de l’idolâtrie, de la fornication, de ce qui est étouffé et du sang) ne sont pas des commandements spécifiquement chrétiens, mais sont valables pour tous les hommes. Ils renvoient à l’ordre de la création et aux commandements de Dieu à Noé (Genèse 9 v. 1 et suiv.). En les respectant, on reconnaît l’autorité et la sainteté de Dieu.
Comme déjà dit, les exigences éthiques-morales de Dieu exprimées dans la loi du Sinaï ont une validité universelle. En revanche, la loi elle-même, avec ses nombreuses exigences détaillées et leurs conséquences, s’appliquait seulement à la vie du peuple d’Israël.
Les autres hommes, selon Romains 1 et 2, seront jugés et condamnés non pas d’après la loi du Sinaï, mais pour s’être détournés délibérément du Créateur et avoir transgressé la conscience présente en tout homme. Le Juif qui pèche sous la loi se trouve sous une responsabilité plus grande, et tous ceux qui se nomment chrétiens sont, eux, les plus responsables, parce qu’ils peuvent connaître les pensées de Dieu dans sa Parole, et particulièrement dans le Nouveau Testament.
Par la mort de Christ, la loi a perdu sa validité. Il a « aboli… la loi des commandements qui consiste en ordonnances » (Éphésiens 2 v. 15). « Ayant effacé l’obligation qui était contre nous, laquelle consistait en ordonnances et qui nous était contraire, et il l’a ôtée en la clouant à la croix » (Colossiens 2 v. 14). Le motif nous en est donné en Hébreux 7 v. 18 et 19 : « Car il y a abrogation du commandement qui a précédé, à cause de sa faiblesse et de son inutilité (car la loi n’a rien amené à la perfection), et introduction d’une meilleure espérance par laquelle nous approchons de Dieu ».
Mais si le Seigneur Jésus est la fin de la loi, il l’est non seulement relativement au salut, mais aussi à la manière de vivre des rachetés. Nous n’avons pas à effectuer une séparation des domaines d’application de la loi. Si elle s’est montrée incapable de sauver les pécheurs perdus et a été abrogée, on ne peut pas la rétablir comme guide de la vie de foi des rachetés. Et cependant, des docteurs de la loi juifs (appelés judaïsant) ont tenté dès le début d’introduire la loi du Sinaï dans la foi chrétienne.
Les deux passages les plus connus du Nouveau Testament qui traitent de ce problème sont Actes 15 et l’épître aux Galates. Dans ces deux textes, il est clairement déclaré que le mélange de la loi et de la grâce est contraire à la volonté de Dieu. Et cependant, dans de vastes sphères de la chrétienté, l’observance de la loi – c’est-à-dire, pratiquement, des « dix commandements » – est devenue un élément de la vie de foi. Les conséquences en sont que le formalisme et le traditionalisme ont pris la place de la liberté et de la direction du Saint-Esprit. Et ce qui est encore pire : des chrétiens qui se placent sous la loi (et combien le nombre en est malheureusement grand !) restent bloqués dans l’état décrit en Romains 7. Ils ne voient pas que la loi a trouvé sa fin dans la croix de Christ, ni qu’ils sont morts à la loi (Romains 7 v. 4 à 6 ; comp. le paragraphe : « Morts au péché et aux éléments du monde »).
À côté de sa position propre dans les relations de Dieu avec son peuple terrestre, Israël, la loi du Sinaï contient aujourd’hui encore un grand nombre de prescriptions qui ont une signification typologique pour nous. « Car toutes les choses qui ont été écrites auparavant ont été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation des écritures, nous ayons espérance » (Romains 15 v. 4). Elles ne sont cependant qu’une « ombre des choses à venir ; mais le corps est du Christ » (Colossiens 2 v. 17 ; Hébreux 10 v. 1). Les ordonnances de la loi concernant le sanctuaire, la sacrificature, les sacrifices, la vie journalière et bien d’autres choses, contiennent de profondes instructions spirituelles, sans doute encore en partie incomplètement sondées et reconnues, pour nous. La tente d’assignation, que nous trouvons dans la deuxième partie du livre de l’Exode en est un exemple particulièrement beau et important.
L’habitation de Dieu.
Dans le cantique de la délivrance, qu’Israël chanta après la traversée de la mer Rouge, il n’est pas fait mention de la loi (voir Exode 15). Comme nous l’avons vu, le don de la loi n’était pas dans l’intention initiale de Dieu. Ce que nous trouvons en revanche dans ce cantique, c’est l’habitation de Dieu au milieu de son peuple racheté : « Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté ; tu l’as guidé par ta force jusqu’à la demeure de ta sainteté… Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, le lieu que tu as préparé pour ton habitation, ô Éternel ! le sanctuaire, ô Seigneur ! que tes mains ont établi » (Exode 15 v. 13 à 17).
« L’habitation » au verset 13, désigne la tente d’assignation, tandis qu’au verset 17, il s’agit du temple à Jérusalem. Elle est une image de l’Assemblée de Dieu du Nouveau Testament, comme on le voit dans plusieurs passages (voir 1 Corinthiens 3 v. 16 et 17 ; Éphésiens 2 v. 21 et 22 ; 1 Pierre 2 v. 5 ; Apocalypse 21 v. 3). La tente et le temple étaient caractérisés par la sainteté de Dieu qui y habitait. La partie antérieure s’appelait « le lieu saint », la partie postérieure était « le lieu très saint », littéralement « le saint des saints ».
L’intention de Dieu est d’habiter avec les hommes. Cela implique – comme l’Ancien Testament le présente en type – que la rédemption est accomplie et que, par elle, des pécheurs ont été mis dans un état qui est en accord avec le Dieu saint. C’est pourquoi Dieu n’habitait ni avec Adam dans le jardin d’Éden, ni avec Noé sur la terre purifiée par le déluge, ni avec Abraham, son ami. La première mention de son « habitation » se trouve seulement après que son peuple terrestre Israël a été délivré de l’esclavage en Égypte, et que, par la traversée de la mer Rouge, il en a aussi été complètement séparé et mis à part pour Dieu. Combien devait être importante pour lui cette habitation avec les siens, pour qu’il inspire Moïse à la célébrer aussitôt dans son « cantique de la délivrance » alors qu’elle n’existait pas encore !
La tente et le temple d’Israël ont un caractère temporaire. C’est ce que montre l’expression « tabernacle », qui en Hébreux 13 v. 10, désigne tout le système du culte israélite. Par contre, l’Assemblée de Dieu demeurera éternellement. Dans toute l’éternité, la gloire de Dieu le Père, sera célébrée dans l’Assemblée, dans le Christ Jésus (voir Éphésiens 3 v. 21).
Sur le commandement de l’Éternel, la tente d’assignation fut construite selon le modèle qui avait été montré à Moïse sur la montagne (Exode 25 v. 9 à 40). Il en alla de même plus tard pour le temple (1 Chroniques 28 v. 11 à 19). Le sanctuaire terrestre de Dieu est aussi bien une « copie des vrais » (Hébreux 9 v. 24), c’est-à-dire du ciel, qu’une image de la maison spirituelle, formée maintenant de tous les rachetés (Apocalypse 21 v. 2 et 3).
Selon Exode 15,13 et 17, Dieu est celui qui prépare l’habitation, mais nous voyons dans les chapitres 25 à 40 comment des hommes construisent la tente et tous les objets qui s’y trouvent, et cela, selon le modèle qui avait été montré à Moïse. Les paroles de l’Éternel à Moise sont particulièrement dignes d’attention : « Selon tout ce que je te montre, le modèle du tabernacle et le modèle de tous ses ustensiles, ainsi vous ferez » (Exode 25 v. 9 ; comp. v. 40 ; 26 v. 30 ; 27 v. 8 ; 40 v. 16, 19, 21, 23, 25, 27, 29, 32). Ni alors, ni aujourd’hui, Dieu ne laisse le plan de la construction aux hommes, mais il nous a communiqué, à nous aussi, sa volonté dans tous les détails, afin qu’en tous lieux les croyants soient « édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit » et afin que nous sachions « comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (Éphésiens 2 v. 22 ; 1 Timothée 3 v. 15).
Moïse vit le modèle parfait de la tente d’assignation sur la montagne de Horeb. Ce qui y correspond dans le Nouveau Testament, nous le trouvons dans les communications concernant le conseil de Dieu quant à son Assemblée. Le Seigneur Jésus a posé le fondement de la réalisation de ce conseil par son œuvre à la croix et par l’envoi du Saint-Esprit. Ce fondement est divin et donc immuable. L’apôtre Paul écrit : « Que chacun considère comment il édifie dessus. Car personne ne peut poser d’autre fondement que celui qui est posé, lequel est Jésus-Christ » (1 Corinthiens 3 v. 10 et 11).
Nous voyons dans ces paroles aussi bien le fondement divin qu’un appel à notre responsabilité. Nous avons le devoir de « bâtir » sur ce fondement et en harmonie avec lui, par la prédication de l’Évangile et l’enseignement de la Parole de Dieu. Serait-il venu à l’esprit de Moïse et de ses collaborateurs Betsaleël et Oholiab de négliger ou de mettre de côté les ordonnances de Dieu pour l’édification de sa maison ?
De même, nous n’avons pas plus la liberté de nous écarter des instructions du Nouveau Testament relativement à l’Assemblée de Dieu, alors même qu’il s’agirait de choses apparemment sans importance. Le principe garde toujours sa validité pour la maison de Dieu : « La sainteté sied à ta maison, ô Éternel ! pour de longs jours » (Psaume 93 v. 5 ; 1 Corinthiens 3 v. 17). Nous ne devons jamais l’oublier !
Les instructions de la Parole de Dieu pour l’édification de la maison de Dieu, de l’Assemblée, et pour notre comportement en elle, ont cependant, au cours de l’histoire, été à bien des égards modifiées ou négligées. Combien de choses du monde, dont nous sommes cependant retirés, se sont introduites dans l’Assemblée ! Lorsque le pharaon proposa à Moïse de sacrifier à Dieu dans le pays d’Égypte, Moïse refusa, parce que cela ne pouvait plaire à Dieu (Exode 8 v. 25 à 27).
Combien moins Dieu peut-il supporter aujourd’hui un mélange des siens et de sa maison avec le monde ! « Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules ; car quelle participation y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres ? et quel accord de Christ avec Bélial ? ou quelle part a le croyant avec l’incrédule ? et quelle convenance y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? Car vous êtes le temple du Dieu vivant, selon ce que Dieu a dit :
« J’habiterai au milieu d’eux, et j’y marcherai, et je serai leur Dieu, et eux seront mon peuple ». « C’est pourquoi sortez du milieu d’eux, et soyez séparés, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et moi, je vous recevrai » ; « et je vous serai pour père, et vous, vous me serez pour fils et pour filles, dit le Seigneur, le Tout-Puissant ». Ayant donc ces promesses, bien-aimés, purifions-nous nous-mêmes de toute souillure de chair et d’esprit, achevant la sainteté dans la crainte de Dieu » (2 Corinthiens 6 v. 14 à 7 v. 1).
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