
6. Le chemin de la croissance spirituelle
Chap: 4 - La traversée de la mer Rouge (suite) - Sur le chemin jusqu’en Canaan, Israël devait en premier lieu traverser la mer Rouge. Dieu ordonna à Moïse d’étendre sa verge ; alors l’eau de la mer se retirerait afin que les Israélites puissent traverser à pied sec.
Plus d’un se demande alors peut-être : « Une séparation aussi radicale du monde est-elle possible ? » Pour beaucoup d’enfants de Dieu, la séparation du monde est un fait gênant, qu’ils ne peuvent guère accepter. Ils cherchent de diverses manières à maintenir et à justifier au moins une certaine relation avec le monde.
Morts avec Christ.
Sans un changement fondamental dans le croyant lui-même, la séparation d’avec le monde est impossible. L’homme naturel, qui n’est pas né de nouveau, ne peut pas vivre sans le monde. Il ne connaît et n’aime que le monde. Si on le lui retire, il n’a plus rien. Pourtant à sa mort, il laisse pour toujours derrière lui le monde et tout ce qu’il contient. On ne peut quitter le monde que par la mort. Ceci est aussi vrai pour chacun de ceux qui croient au Seigneur Jésus.
À la croix, Dieu a jugé non seulement le monde, mais aussi le vieil homme, c’est-à-dire ce qui, dans l’homme, est attaché au monde et finalement lui appartient. Celui qui croit au Seigneur Jésus peut donc, non seulement considérer le monde comme crucifié, mais aussi se voir lui-même comme un homme qui, quant au monde, est crucifié – et cela par la croix de Christ (Galates 6 v. 14) (*). Il est maintenant mort avec Christ et séparé du monde par la mort. Il a quitté le monde en tant que système. Celui qui croit au Seigneur Jésus est, spirituellement parlant, retiré du « présent siècle (grec, aiôn) mauvais ». Dans la mort de Christ, non seulement le monde a été jugé, mais aussi ce qui dans l’homme appartient au monde, le vieil homme. Il est crucifié, mort et enseveli avec Christ. Dans le baptême, nous avons manifesté visiblement que nous sommes ensevelis avec Christ.
(*) Selon Colossiens 2 v. 12, notre résurrection spirituelle avec Christ se fonde sur notre foi en l’opération de la puissance de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts. Il en est de même de notre crucifixion, de notre mort et de notre vivification avec Christ, c’est-à-dire que nous possédons tout par la foi.
Le baptême – un ensevelissement.
En 1 Corinthiens 10, la traversée de la mer Rouge par Israël est désignée comme étant un « baptême ». Paul mentionne là, en rappelant la traversée du désert d’Israël, « que nos pères ont tous été sous la nuée, et que tous ils ont passé à travers la mer, et que tous ils ont été baptisés pour Moïse dans la nuée et dans la mer » (1 Corinthiens 10 v. 1 et 2). Aussi bien la relation du peuple d’Israël avec la nuée de la gloire de Dieu que la traversée (à sec) de la mer Rouge, sont désignées après coup comme un « baptême ». Bien qu’il ne s’agisse pas du baptême chrétien, il y est visiblement fait allusion. Par le « baptême » dans la nuée et dans la mer, les fils d’Israël furent identifiés extérieurement avec Moïse (*). La mer Rouge les séparait de l’Égypte, et la nuée les liait à Dieu.
(*) Bien que, lors de la traversée de la mer Rouge, les Israélites ne soient nullement entrés en contact avec l’eau, ils ont cependant été « baptisés », et ceci sans que personne n’ait été présent pour les baptiser. Cela apparaît dans la forme grammaticale du « moyen » en grec du verbe « baptiser » (grec ebaptisanto), (env. 200 ans apr. J.C.). Cette forme verbale inconnue dans nos langues, qui rapporte l’action au sujet, est en général traduite sous forme pronominale, ce qui n’est guère possible ici « se baptiser ».
En Actes 22 v. 16, où cette forme grecque du « moyen » est aussi utilisée, elle est traduite correctement en français par « sois baptisé ». Le Nouveau Testament grec de Nestle-Aland suit en revanche d’autres manuscrits, qui ont la forme passive plus courante ebaptisthésan (comp. Actes 10 v. 47 et 48). Il semble que ni les copistes anciens, ni les éditeurs modernes qui les suivent, n’ont remarqué la particularité de cette manière de s’exprimer.
De même qu’au commencement de leur pèlerinage dans le désert, les Israélites furent symboliquement « baptisés pour Moïse » lors de la traversée de la mer Rouge ; de même, dans le baptême chrétien, on est « baptisé pour le Christ Jésus ». En même temps, celui qui est baptisé, est « baptisé pour sa mort » et est ainsi « enseveli avec lui ». Il manifeste par-là « avoir été identifié avec lui dans la ressemblance de sa mort » (Romains 6 v. 3 à 5). Il confesse ainsi ouvertement lui appartenir.
Le baptême d’eau chrétien, à l’occasion duquel celui qui est baptisé devrait être entièrement plongé dans l’eau, est une figure du fait d’être enseveli avec Christ. Or seuls des morts sont ensevelis.
Par le baptême, nous exprimons ainsi notre identification avec le Christ mort. Comme le monde le voit, il doit aussi nous voir ! Nous savons bien – quoique cela ne soit pas exprimé dans le baptême lui-même – que le Seigneur n’est pas demeuré dans le tombeau, mais qu’il est ressuscité, et qu’il est monté au ciel, où il intercède maintenant pour nous et nous attend – et d’où nous l’attendons. Mais pour le monde, nous devons être des « morts » et des « ensevelis ». Et nous aussi, nous devons nous considérer ainsi, comme cela nous est montré dans plusieurs passages du Nouveau Testament.
Le passage le plus important est assurément Romains 6 v. 1 à 11, car il décrit de la manière la plus détaillée notre état de mort avec Christ et son témoignage visible, le baptême. Paul pose d’abord la question : « Nous qui sommes morts au péché, comment vivrons-nous encore dans le péché ? » (v. 2). Tout racheté est autorisé à se considérer, quant au péché, comme mort. C’est pourquoi Paul peut continuer : « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés pour le Christ Jésus, nous avons été baptisés pour sa mort ? » (v. 3). Dans le baptême, nous sommes ensevelis avec Christ, pour mener avec lui, le Ressuscité, une nouvelle vie. Logiquement, Paul ajoute par conséquent : « Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême, pour la mort, afin que comme Christ a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, ainsi nous aussi nous marchions en nouveauté de vie » (v. 4).
Le baptême est le signe visible que notre vie précédente comme pécheur a trouvé sa fin par la mort de Christ. Selon le jugement de Dieu, nous sommes morts avec lui et nous témoignons dans le baptême de notre ensevelissement avec lui. Le baptême a donc une grande signification pour notre vie de foi pratique. Ceci est trop souvent ignoré. Cependant, tel n’est pas seulement le cas pour nous aujourd’hui, car il en était visiblement de même pour les premiers chrétiens. Presque tous les passages dans les épîtres du Nouveau Testament qui parlent du baptême rappellent aux destinataires ce qu’ils ont exprimé dans cet acte (voir aussi Galates 3 v. 27 ; Colossiens 2 v. 12 ; 1 Pierre 3 v. 21).
Ces rappels répétés indiquent la grande signification du baptême pour la vie pratique du chrétien. Et pourquoi ? Parce que le baptême chrétien est la figure d’un fait des plus importants, l’ensevelissement d’un mort.
Ce mort est toutefois non pas notre corps, mais notre ancienne vie sans Dieu, notre position comme « vieil homme ». Si la mer Rouge est – comme nous l’avons vu – une image du baptême, elle l’est aussi de ce qui précède un ensevelissement, c’est-à-dire de la mort, de la fin du vieil homme.
Le vieil homme.
De même qu’après la traversée de la mer Rouge, la vie antérieure des Israélites en Égypte avait pris fin pour toujours, de même le chrétien, en vertu de la mort et de la résurrection de Christ, a abandonné définitivement sa position comme pécheur. Par la mort de notre Sauveur sur la croix, non seulement Satan et le monde, mais aussi notre vieil homme a été jugé. Selon la Parole de Dieu, l’expression le « vieil homme » désigne rétrospectivement, donc relativement à la rédemption, notre ancienne position comme descendants d’Adam et comme pécheurs. Comme la chair, il fait partie du monde caractérisé par le péché et l’inimitié contre Dieu, et est donc vu semblablement à celui-ci comme crucifié.
Cette présentation paraît à beaucoup bien abstraite. Lorsque le Seigneur Jésus a été jugé à notre place par Dieu, il était entièrement seul. Mais n’a-t-il pas porté là, à notre place, le jugement de Dieu sur des hommes pécheurs ? Dans un dévouement, un amour et une sainteté insondables, il a porté non seulement le châtiment pour nos péchés, mais aussi le jugement sur notre condition et notre nature pécheresses. C’est pourquoi Dieu considère maintenant celui qui se place par la foi sous le jugement exécuté sur Christ, et par là de son côté, comme crucifié avec lui.
La crucifixion était bien la sorte la plus cruelle d’exécution. Les Romains, autant que nous sachions, se servaient de ce châtiment humiliant uniquement pour les esclaves et les étrangers, non pour des citoyens romains. Apparemment, c’étaient en effet les hommes qui voulaient mettre à mort d’une manière si cruelle le Seigneur Jésus, tout à fait injustement mais avec le consentement de Dieu. En réalité, notre Seigneur ne subit pas seulement l’humiliation d’une condamnation injuste alors que son innocence avait été reconnue, mais il prit sur lui, durant les trois heures de ténèbres, le juste jugement de Dieu qui aurait dû, en fait, nous atteindre nous, hommes pécheurs. Jamais ne se manifesta plus clairement l’état irrémédiablement mauvais de l’homme naturel que lors de la condamnation et la crucifixion du Seigneur Jésus.
L’homme naturel (en fait : homme animal, ou l’homme animé seulement par son âme créée, grec, psuchikos) créé par Dieu s’est éloigné de Lui par la chute, et est conduit par les tendances naturelles et les convoitises de son âme impure. La Parole de Dieu définit par conséquent tant l’homme non régénéré que ses sentiments, sa pensée et son comportement, comme « naturel » ou « animal » (Jacques 3 v. 15) (*).
(*) Par la nouvelle naissance, nous ne sommes certes plus des hommes « naturels », mais nous conservons notre corps « naturel » aussi longtemps que nous vivons sur la terre. Ce n’est que lors de la venue du Seigneur que nous recevrons un corps « spirituel » (1 Corinthiens 15 v. 44 et 46). Parallèlement à cela, nous avons bien dépouillé notre « vieil » homme, mais la « chair » nous accompagne toute notre vie sur la terre.
Dans la société des hommes naturels, il y a bien les catégories et les groupes les plus variés, qui procèdent en partie de l’ordre de Dieu (hommes et femmes, Israël et les nations), mais en partie aussi des hommes eux-mêmes (par exemple hommes libres et esclaves), et à la reconnaissance desquels on attribue souvent dans le monde une grande importance. Mais aussi différemment prédisposés ou avantagés que puissent être les hommes, ils ont en commun la même nature humaine corrompue et la condition de pécheur qui y est liée.
C’est pourquoi il est toujours parlé du vieil homme au singulier, jamais au pluriel. Paul écrit aux croyants à Rome « que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit annulé, pour que nous ne servions plus le péché » ; à ceux d’Éphèse, « en ce qui concerne votre première manière de vivre, d’avoir dépouillé le vieil homme qui se corrompt selon les convoitises trompeuses » ; et à ceux de Colosses : « …Ne mentez point l’un à l’autre, ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions » (Romains 6 v. 6 ; Éphésiens 4 v. 22 ; Colossiens 3 v. 9).
Face à ces déclarations de la Parole, il ne peut y avoir aucune ambiguïté sur le fait que devant Dieu, tous les hommes sont sur le même terrain comme pécheurs ; mais aussi, que selon la pensée de Dieu, le vieil homme devait être entièrement mis de côté, et qu’il l’a été à la croix.
Aussi longtemps que l’état corrompu et irrémédiable de la descendance d’Adam, du « premier homme » tombé dans le péché (1 Corinthiens 15 v. 45) n’avait pas été pleinement démontré, il ne pouvait pas être parlé d’un « vieil homme ». Ce ne fut possible qu’après la venue du Seigneur Jésus, « le second homme », et la création du « nouvel homme ». C’est pourquoi la mention du « vieil homme » ne paraît que dans le Nouveau Testament. Alors seulement, la différence entre l’homme naturel non régénéré et le croyant est aussi clairement établie (1 Corinthiens 2 v. 14 ; Jude 19). L’expression « homme naturel » décrit la nature du pécheur, « le vieil homme » présente en revanche la position antérieure du racheté.
Et pourquoi le vieil homme doit-il trouver sa fin ? Parce qu’il est irrémédiablement mauvais. Dieu a fait l’épreuve de l’homme de toutes les manières possibles, afin de voir s’il y avait quelque chose de bon en lui. Israël, le peuple terrestre élu de Dieu a été l’exemple par excellence de cette mise à l’épreuve, et le moyen en a été la loi du Sinaï. Le résultat fut accablant : « Il n’y a point de juste, non pas même un seul… nulle chair ne sera justifiée devant lui par des œuvres de loi, car par la loi est la connaissance du péché… il n’y a pas de différence, car tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu ».
Ce jugement est valable indistinctement pour tous les hommes, qu’il s’agisse de Juifs ou de païens, d’hommes libres ou d’esclaves, de barbares ou de scythes, d’hommes ou de femmes (Romains 3 v. 9 à 23 et autres passages). L’homme pécheur par nature, comme il a été prouvé, est incorrigible et ne peut, tel qu’il est, être agréé du Dieu dont les yeux sont trop purs pour voir le mal (Habacuc 1 v. 13). En conséquence, le verdict de Dieu est la mort (Romains 6 v. 23 ; Hébreux 9 v. 27).
Ce jugement apparemment sévère est cependant le seul qui soit logique. Est-il concevable que Dieu, dans la sainte atmosphère de sa gloire céleste, puisse être entouré un jour d’hommes qui soient des pécheurs, quant à leur position et à leur nature ?
De tels hommes pourraient-ils se sentir à l’aise dans l’atmosphère pure et sainte de sa présence ? Les deux choses sont impensables et confirment la nécessité d’une fin radicale et d’un commencement entièrement nouveau. Que Dieu soit éternellement béni, il l’a précisément prévu dans son conseil et il a payé le prix le plus élevé pour cela !
Le temps de mise à l’épreuve de l’homme accordé par Dieu a pris fin quand « l’accomplissement du temps est venu », à « la fin de ces jours-là », « à la fin des temps » (Galates 4 v. 4 ; Hébreux 1 v. 1 ; 1 Pierre 1 v. 20). Alors le Seigneur Jésus est venu comme « le second homme » sur la terre (1 Corinthiens 15 v. 45 à 47). Il était Dieu de toute éternité, et il est devenu réellement et véritablement homme. À la croix, il a porté en substitution le jugement de Dieu sur les hommes, dont il avait pris la forme, lui qui était sans péché. Ce n’est que depuis ce moment-là que la position antérieure de ceux qui croient au Seigneur Jésus, à laquelle il a été mis fin une fois pour toutes, est appelée « le vieil homme ». Depuis la mort et la résurrection de Christ, du « dernier Adam », il existe un « nouvel homme » (Éphésiens 2 v. 15 ; 4 v. 24 ; Colossiens 3 v. 10). Nous en parlerons encore plus tard.
Bien des lecteurs se seront déjà posé la question : « Qu’est-ce donc qui est mort avec Christ ? Comme homme, je vis encore, et je suis, malheureusement, même en état de pécher ! Je ne ressens pas, en fait, que je suis mort ! » Il semble en effet que nos expériences journalières contredisent la doctrine selon laquelle le croyant est mort avec Christ. Effectivement, la chair présente en nous n’est nullement morte. Elle nous accompagne tout le long de notre parcours terrestre. Comment puis-je alors obtenir la certitude que je suis véritablement mort avec Christ ?
Il en va de même pour notre mort avec Christ que pour notre certitude du pardon de nos péchés par son sang. Souvenons-nous des premiers-nés assis dans leurs maisons durant la nuit de la Pâque. Comment pouvaient-ils savoir qu’ils resteraient épargnés du jugement ? Était-ce sur la base de leurs propres sentiments ou sur celle de la déclaration de Dieu : « Je verrai le sang et je passerai pardessus » ? Manifestement seulement sur la base de la Parole de Dieu. De même, nous aussi, quant au vieil homme, nous ne devons pas regarder à ce que nous ressentons ou expérimentons, mais nous devons recevoir sa Parole avec foi et nous y confier.
Nous comprenons alors que notre mort avec Christ est non pas la fin de notre vieille nature, mais la fin de notre position précédente comme pécheur. Lorsque nous croyons et comprenons ce fait, nous avons fait un pas important dans la croissance spirituelle.
Paul déclare en Colossiens 3 v. 3 : « Car vous êtes morts ». C’est à nous maintenant de recevoir ce fait et ses conséquences par la foi à sa Parole et de nous l’appliquer. Paul le fait en Romains 6 v. 2 et 11, lorsqu’il écrit : « Nous qui sommes morts au péché, comment vivrons-nous encore dans le péché ? » et « …de même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus ». En 2 Corinthiens 4 v. 10, nous voyons la réalisation pratique de cette vérité dans notre vie : « …portant toujours partout dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle ».
Paul vivait continuellement dans la conscience de ce que signifiait pour lui-même la mort du Fils de Dieu sous le jugement de Dieu : « Je suis mort avec Christ ! » Ce n’est qu’ainsi que la vie de Jésus, la vie éternelle, pouvait se discerner dans sa vie. Si nous ne jugeons et ne condamnons, si nécessaire, pas journellement, même à chaque heure, toutes choses à la lumière de la mort de Christ, nous en venons facilement à attrister le Saint-Esprit en nous. Il ne peut plus alors nous remplir de la joie en Christ, mais doit nous amener à nous juger nous-mêmes et à confesser nos manquements, afin que nous puissions de nouveau goûter la joie de la foi.
Selon Romains 6 v. 6, « notre vieil homme a été crucifié avec lui », et en Galates 2 v. 20, Paul écrit : « Je suis crucifié avec Christ ». L’ancien « moi » du croyant est donc identique au vieil homme. L’un et l’autre ont trouvé leur fin dans la mort de Christ à la croix. Nous ne sommes cependant ni crucifiés physiquement, ni morts, car nous continuons à vivre devant Dieu comme êtres responsables. Mais nous nous sommes appliqués à nous-mêmes par la foi le jugement de Dieu exécuté sur le Seigneur Jésus.
En contraste avec le passé, nous vivons maintenant par la foi au Seigneur mort et ressuscité pour nous. C’est non pas notre vie terrestre qui est terminée, mais notre ancienne position comme pécheur, parce que « …nous avons été identifiés (littéralement : avons crû ensemble) avec lui dans la ressemblance de sa mort », comme cela est exprimé d’une manière visible dans le baptême pour le Christ Jésus et pour sa mort (Romains 6 v. 5). Celui qui croit au Seigneur Jésus a le droit de se considérer comme crucifié avec lui et mort (Romains 6 v. 8 ; 2 Corinthiens 1 v. 9 ; Colossiens 2 v. 20 ; 3 v. 3 ; 2 Timothée 2 v. 11).
Le « changement d’identité » lié à cette étape spirituelle apparaît d’une manière particulièrement claire en Galates 2 v. 19 et 20. Le pronom « je » a ici, en fait, trois significations différentes :
- « Je suis crucifié avec Christ » : C’est le vieil homme, ou notre position comme pécheur avant notre conversion.
- « …afin que je vive à Dieu » : C’est le nouvel homme avec la nouvelle nature et la nouvelle vie.
- « Ce que je vis maintenant dans la chair… » : c’est la personne responsable, le croyant comme homme sur la terre, dans lequel ce changement divin s’est accompli.
Lorsque nous avons accepté cela par la foi, et qu’ainsi, nous avons fait un pas en avant dans notre développement spirituel, nous pouvons goûter une paix profonde et durable. Nous comprenons maintenant que Dieu ne nous considère plus comme des pécheurs, mais qu’il nous voit en Christ, son Fils bien-aimé, et nous aussi avons le droit de nous considérer ainsi sur le fondement de sa Parole immuable. « De même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (Romains 6 v. 11).
La chair.
Beaucoup de chrétiens parlent, quant à la « vieille nature » pécheresse qui se trouve en eux, du « vieil homme ». Ils confondent celui-ci avec « la chair » qui est encore présente en chaque croyant. Par la notion souvent utilisée, mais qui ne se trouve pas dans les Écritures, de « vieille nature », il faut cependant comprendre non pas le vieil homme, mais la chair.
Depuis la création de l’homme, la « chair », comme expression de l’existence corporelle, est inséparablement liée avec notre vie sur la terre. Dans ce sens originel, le mot « chair » ne fait aucune référence au péché et est aussi souvent utilisé ainsi dans le Nouveau Testament (par ex. 2 Corinthiens 5 v. 16 ; Philippiens 1 v. 22 et 24).
Lorsqu’il est parlé de « chair » quant au Seigneur Jésus, c’est toujours dans ce sens, car il était sans péché (Romains 1 v. 3 ; 1 Jean 4 v. 2). Quand il est dit : « la Parole devint chair, et habita au milieu de nous » (Jean 1 v. 14), nous voyons sa parfaite incarnation. D’un côté, il est venu « à la ressemblance des hommes » (Philippiens 2 v. 7). Cela signifie qu’il est devenu semblable à nous. La manière de l’exprimer en Romains 8 v. 3 : « en ressemblance de chair de péché » le confirme, car le Seigneur n’est précisément pas venu « dans la chair de péché ».
Le substantif « ressemblance » (grec homoiôma) est l’équivalent de « copie, représentation exacte » en contraste avec « l’original ». D’autre part, il subsistait dans toute la ressemblance de l’homme Jésus avec les autres hommes une différence essentielle. Il n’avait pas de nature pécheresse. Trois apôtres rendent témoignage de la parfaite absence de péché caractérisant notre Seigneur Jésus. Pierre écrit qu’il « n’a pas commis de péché », Paul l’appelle « Celui qui n’a pas connu le péché » et Jean déclare pourquoi il en était ainsi : « et il n’y a point de péché en lui » (1 Pierre 2 v. 22 ; 2 Corinthiens 5 v. 21 ; 1 Jean 3 v. 5).
Depuis la chute, la chair est, pour tous les hommes, non seulement l’instrument, mais aussi le vase ou le support, du péché qui habite en eux. Dans ce sens, « la chair » est devenue la personnification de la nature pécheresse humaine (Romains 7 v. 18 ; Galates 3 v. 3). Le péché est le signe spécifique aussi bien de la chair que du vieil homme, qui appartiennent tous deux à la création déchue tombée sous le jugement de Dieu. Ils font partie du monde, du système édifié par Satan, qui est en inimitié contre Dieu et l’ordre divin.
Il n’y a rien de bon dans cette chair (Romains 7 v. 18). Elle hait Dieu, car sa pensée est inimitié contre lui (Romains 8 v. 7). Ceci n’est pas seulement vrai pour tous ceux qui sont encore loin de Dieu, mais aussi pour tous ceux qui sont nés de nouveau ! La chair s’oppose à tout ce qui vient de Dieu, et tend toujours vers ce que Satan invente. Elle ne se manifeste pas seulement dans ce qui est immoral, « la convoitise de la chair », dans ce qui est mauvais et violent, mais aussi dans la propre volonté, « la volonté de la chair » (Éphésiens 2 v. 3).
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