
10. Sermons choisis
Chap: 5 - Le péché de l’incrédulité (suite et fin du chapitre) - Un sage peut sauver une ville entière ; un juste peut délivrer des multitudes. Les croyants sont le sel de la terre : grâce à leur présence au milieu des méchants, ceux-ci sont épargnés.
Sans la foi, toutes ces choses réunies ne sont d’aucun prix devant Dieu. Les vertus, sans la foi, sont des péchés, blanchis au-dehors, et rien de plus. L’obéissance sans la foi (en admettant qu’elle fût possible) ne serait qu’une désobéissance déguisée. L’incrédulité annule tout bien : « c’est la mouche qui gâte le parfum » (Ecclésiaste 10 v. 1), « c’est l’herbe vénéneuse qui empoisonne le pot » (2 Rois 4 v. 38 à 41). Possédons tous ensemble la pureté la plus aimable, la philanthropie la plus généreuse, la sympathie la plus désintéressée, le génie le plus noble, le patriotisme le plus dévoué, l’intégrité la plus consciencieuse, si l’on n’a pas la foi, on n’a rien. Sans la foi, dit l’Apôtre, il est impossible de plaire à Dieu.
Et cette impuissance pour le bien, inséparable de l’incrédulité, se retrouve chez le chrétien lui-même, pour peu que sa foi défaille. Permettez-moi, mes frères, de vous raconter une simple histoire, un fait rapporté dans l’Évangile. Un certain homme avait un fils possédé d’un malin esprit. Jésus était sur le mont Thabor, au milieu des gloires de la transfiguration. Ne pouvant arriver jusqu’au Maître, le malheureux père conduit son fils aux disciples. Le premier mouvement de ceux-ci est de s’écrier : « Oui nous chasseront le démon ! » et aussitôt, ils imposent les mains au jeune homme.
Mais soudain un doute surgit dans leur esprit. « Se peut-il bien que nous réussissions ? » se demandent-ils les uns aux autres avec inquiétude.
Bientôt, le possédé commence à écumer ; il grince des dents, il se roule par terre, il se débat dans d’effroyables convulsions. Évidemment, l’esprit malin est toujours là. En vain les disciples redoublent-ils d’efforts : semblable à un lion dans sa caverne, le démon semble les défier : « Esprit impur ! sors de cet homme ! » crient-ils avec une nouvelle énergie ; mais il ne sort point.
« Esprit de ténèbres ! retourne en ton lieu ! » répètent-ils ; mais il n’obéit point. Les lèvres incrédules des disciples ne peuvent troubler le Malin, qui a bon droit aurait pu leur dire : « Je connais la foi et je connais Jésus, mais je ne sais d’où vous êtes ! »
Si les disciples avaient eu de la foi seulement comme un grain de moutarde, ils auraient pu chasser le démon ; mais leur foi s’était évanouie, c’est pourquoi ils furent impuissants. Voyez encore ce qui arriva à l’apôtre Pierre. Pierre crut à la parole de Jésus, et il marcha sur les flots. Marche admirable, et que pour ma part je suis souvent tenté d’envier à l’apôtre ! Si sa foi n’eût pas faibli, qui peut dire jusqu’où Pierre serait allé ? Avec la foi pour le soutenir, il eût pu traverser l’Atlantique, et atteindre le Nouveau Monde ! Mais voici, au bout d’un moment, Pierre aperçoit une vague menaçante qui vient droit sur lui, et il se demande avec effroi : « Ne va-t-elle pas m’engloutir ? » Puis, il pense : « Quelle présomption n’a pas été la mienne d’oser m’aventurer ainsi sur les flots ? »
Aussitôt, Pierre s’enfonce. La foi était la ceinture qui le maintenait au-dessus de l’eau ; c’était son charme, c’était son « talisman ». Avec elle, son pas est ferme ; sans elle, il perd pied. Il en sera toujours de même pour chacun de nous mes bien-aimés. Tous, tant que nous sommes, nous avons à marcher sur les flots. Qu’est-ce, en effet, que votre vie ou la mienne, sinon une marche constante au milieu des vagues furieuses ? Voulez-vous donc rester debout au sein de la mer en tourmente ? Ayez la foi en Dieu. Du moment où vous cesserez de croire, les eaux de l’affliction entreront dans votre âme, et vous enfoncerez. Et pourquoi donc doutez-vous encore, ô gens de peu de foi ?
La foi développe toute bonne pensée, tout bon sentiment ; l’incrédulité, au contraire, les tue. Que de milliers de prières n’a-t-elle pas étouffé dès leur naissance ! Que de saintes aspirations n’a-t-elle pas frappé de mort, avant même qu’elles eussent vu le jour !
Que d’accents de louange, qui seraient allés grossir les chœurs célestes, ont été refoulés par le souffle impie du doute ! Que de nobles entreprises, conçues dans le cœur, ont tristement avorté par suite de l’incrédulité ! Tel homme serait peut-être un missionnaire dévoué, tel autre, un hardi prédicateur de l’Évangile, si l’incrédulité n’était venue glacer leur généreux élan. Rendez un géant spirituel incrédule : aussitôt, il devient un nain. La foi est pour le chrétien ce qu’était pour Samson sa chevelure : enlevez-la-lui, et vous pourrez lui crever les yeux et le réduire à une complète impuissance.
Observons encore, mes chers auditeurs, que le péché de l’incrédulité doit être d’une nature particulièrement odieuse, puisque de tout temps le Seigneur l’a sévèrement puni. Pour nous convaincre de ce fait, ouvrons l’Écriture ! Je vois un monde tout rayonnant de beauté et de splendeur ses montagnes rient au soleil, et ses vallons se baignent dans une atmosphère d’or. Des vierges dansent sous les ombrages ; des jeunes gens chantent en chœur. Ô ravissante vision !
Mais soudain un vieillard à l’aspect grave et vénérable apparaît sur la scène. Il lève sa main et crie : « Bientôt un déluge va fondre sur la terre les fontaines du grand abîme se rompront, les eaux couvriront toutes choses. Voyez cette arche : pendant 120 années j’ai travaillé de mes propres mains à la construire. Hâtez-vous, cherchez-y un refuge, et vous serez sauvés ! »
« Ah ! Vieillard morose et crédule, qu’y a-t-il entre nous et toi ? » lui répondent des voix railleuses. « Laisse-nous jouir en paix de la vie. Il sera temps de penser au déluge quand le déluge sera venu. Mais il ne viendra pas, nous le savons ; à d’autres tes vaines prédictions ! » Et la foule insouciante reprend ses chants et ses danses…
Mais écoutez… Incrédules ! entendez-vous ce bruit sourd et étrange ? Les entrailles de la terre commencent à s’émouvoir ; ses vastes flancs sont déchirés par de terribles convulsions intérieures. Cédant enfin à une tension énorme, les voilà qui éclatent, et des amas d’eaux, qui depuis le jour où Dieu les avait recelés dans le sein du globe, n’avaient point paru au dehors, s’échappent de toutes parts en torrents impétueux. Et la voûte du ciel ! elle est fendue en deux.
Il pleut, non des gouttes d’eau, mais des nuages tout entiers. Une cataracte, bien autrement puissante que celle de Niagara, se précipite du firmament avec une épouvantable clameur. Les deux abîmes l’abîme de dessous et l’abîme de dessus s’entre rencontrent et se donnent la main. Où êtes-vous maintenant, ô incrédules ? Je regarde, je cherche ; et je ne vois plus qu’un homme, qu’un seul debout sur une pointe de rocher, qui s’élève solitaire au-dessus des eaux.
Longtemps sa femme s’est tenue cramponnée à son corps ; mais, vains efforts ! elle vient d’être entraînée. Lui-même perd bientôt pied. L’eau atteint sa poitrine. Entendez son dernier cri ! il succombe, il se noie, il est emporté par le courant… Alors Noé regardant de l’arche, ne voit rien, plus rien. Partout le vide, partout le chaos, partout le néant ! Les monstres marins gîtent et s’ébattent dans les palais des rois. Tout est renversé, submergé, englouti. Quelle est donc la cause de cette épouvantable catastrophe ? Mes frères, vous l’avez dit : c’est l’incrédulité ! Par la foi, Noé fut sauvé. Par l’incrédulité, le monde périt.
Ouvrons encore l’Écriture. Voici deux grands serviteurs de Dieu, Moïse et Aaron. Ils ont reçu mission d’introduire le peuple d’Israël dans la terre de Canaan, mais, chose étrange, ils n’y entrent point eux-mêmes. D’où vient cela ? La Parole de Dieu va nous le dire. Ils n’honorèrent point l’Éternel devant le peuple aux eaux de contestation ; ils frappèrent le rocher avec un geste d’impatience ; en un mot, ils furent incrédules ; et le Seigneur les condamna à mourir sans entrer dans la terre promise dans ce bon pays, après lequel ils avaient tant soupiré, et pour lequel ils avaient tant souffert (Nombres 20 v. 1 à 13) !
Un autre exemple. Laissez-moi vous conduire, mes frères, dans, ces contrées sauvages et désolées que parcoururent Moïse et Aaron. Comme le Bédouin nomade, devenons les fils du désert. Voyageurs fatigués, errons dans les sables brûlants de l’Arabie. Là gît un squelette blanchi par le soleil ; ici, j’en vois un second ; plus loin, un troisième ; plus loin encore, d’autres en grand nombre. Que sont ces ossements desséchés ? D’où viennent tant de restes humains ? Qui m’expliquera leur présence en ce lieu ? Sûrement, le vent du désert ou le fer de l’ennemi a fait périr ici en une seule nuit une imposante armée. Non, ces os sont les os d’Israël ; ces restes sont ceux des antiques tribus de Jacob. Elles ne purent entrer dans le pays de la promesse à cause de peur incrédulité.
Elles n’eurent point confiance en Dieu. Les espions ayant déclaré que la conquête de Canaan était impossible, le peuple les crut plutôt que Jéhovah (Nombres 13).
Voilà pourquoi les corps morts de cette génération tombèrent dans ces solitudes. Ce ne furent pas les descendants de Hanak qui détruisirent Israël ; le souffle embrasé du désert ne consuma point ces gens d’élite et les eaux du Jourdain ne mirent point obstacle à leur entrée dans Canaan ; ni les Héviens ni les Jébusiens ne les exterminèrent : l’incrédulité seule fut la cause de leur perte. Oh ! malheureux Israël ! après quarante années de pénible marche dans le désert, te voir exclu de la terre promise, en punition de ton incrédulité !
Et si je ne craignais de multiplier outre mesure les exemples, que de faits du même genre la Bible ne me fournirait-elle pas ! Voyez Zacharie, le père du Précurseur : il douta, vous le savez, et aussitôt l’ange le frappa de mutisme ; sa langue fut liée, à cause de son manque de foi. Mais voulez-vous, mes chers amis, contempler, sous leurs plus sombres couleurs, les terribles suites de l’incrédulité ; voulez-vous savoir de quelle manière le Seigneur châtie une nation qui ne croit point ? venez assister avec moi au siège de Jérusalem, à cet épouvantable massacre, sans pareil dans les fastes de l’histoire !
Voyez les Romains rasant les murailles de la sainte Cité ; voyez-les faisant passer au fil de l’épée ou vendant comme esclaves sur les marchés publics tous les habitants qu’ils trouvent dans la ville. Relisez l’histoire émouvante de la destruction de Jérusalem, accomplie par Titus. Arrêtez-vous au récit tragique de la mort de ces Juifs désespérés, qui, plutôt que de tomber à la merci des Romains, se poignardèrent les uns les autres ! Mais qu’avons-nous besoin de regarder au passé ? Les jugements de Dieu ne pèsent-ils pas encore sur son peuple ? Aujourd’hui encore Israël n’est-il pas dispersé sur la surface de la terre, errant, exilé, sans nationalité et sans patrie ? Il a été retranché, comme un sarment est retranché d’un cep. Et savez-vous pourquoi ? C’est en punition de son incrédulité.
Là, et pas ailleurs, est la cause des calamités inouïes qui ont fondu sur ce peuple. Aussi, chaque fois que vous rencontrerez un Juif, au regard sombre et triste ; chaque fois que vous le verrez, lui, fils d’une terre lointaine, foulant, comme un proscrit, un sol étranger, rentrez en vous-mêmes et vous dites : « C’est l’incrédulité, ô Israël, qui t’a fait devenir le meurtrier de Christ ; c’est elle qui t’a dispersé parmi les nations ; et ce n’est que la foi la foi au Nazaréen crucifié qui pourra te faire rentrer dans ta patrie et lui rendre son antique splendeur ! »
Oh ! oui, Dieu hait l’incrédulité d’une haine toute particulière. Comme Caïn, il l’a marquée au front du signe de sa colère. Il l’a frappée de rudes coups dans le passé, et il l’écrasera complètement à la fin. L’incrédulité déshonore le Seigneur. Tout autre crime ne touche, pour ainsi dire, qu’à son territoire, mais celui-ci ose attaquer sa divinité même ; il s’inscrit en faux contre sa véracité, nie sa miséricorde, insulte à ses attributs, dénature son caractère. C’est pourquoi, je le répète ; il n’est aucun péché aussi abominable aux yeux de Dieu que le péché de l’incrédulité, sous quelque forme qu’il se produise.
Enfin, pour clore cette partie de mon sujet, je vous ferai remarquer, mes amis, que l’incrédulité est un péché irrémissible. L’Évangile nous parle d’un péché pour lequel Christ n’est point mort : c’est le péché contre le Saint-Esprit ; mais il en existe un autre dont Jésus n’a jamais fait l’expiation : c’est celui de l’incrédulité. Nommez-moi l’un après l’autre tous les crimes qui figurent dans le catalogue du mal, et je vous citerai des personnes à qui ces crimes ont été pardonnés ; mais demandez-moi si un homme qui meurt incrédule peut être sauvé, je vous répondrai sans hésiter : « Non, il n’y a point de pardon, il n’y a point de salut possible pour cet homme ! »
Sans doute, l’incrédulité de l’enfant de Dieu a été expiée, parce qu’elle n’est que temporaire ; mais pour ce qui est de l’incrédulité finale, de l’incrédulité dont on ne se repent point, jamais, je le répète, il n’a été fait d’expiation pour elle. Examinez la Bible d’un bout à l’autre ; partout vous trouverez que l’homme qui meurt sans avoir la foi n’a rien à attendre que la condamnation éternelle. Il est en dehors de la grâce divine. Se fût-il rendu coupable de tout autre péché, s’il avait possédé la foi, il eût été sauvé ; mais il ne la possédait point : par conséquent, il est condamné… Démons, il vous appartient !
Esprits infernaux, précipitez-le dans l’abîme ! Il n’a point cru, et c’est pour des hôtes tels que lui que l’enfer a été préparé. L’enfer est le lot des incrédules ; c’est leur héritage, leur patrimoine, la prison qui de tout temps leur a été destinée.
Les chaînes éternelles sont marquées à leur nom, et ils reconnaîtront à tout jamais la vérité de cette parole de Christ : Celui qui ne croit point sera condamné !
2. Abordons la seconde partie de notre sujet.
Nous venons d’appeler votre attention sur la nature et sur quelques-uns des principaux caractères du péché dont le capitaine de Samarie se rendit coupable ; il nous reste à constater quel fut son châtiment. « Tu le verras de tes yeux, mais tu n’en mangeras point » (2 Rois 7 v. 2) : telle fut la sentence qu’Élisée prononça contre lui de la part du Seigneur.
Écoutez cette sentence, ô incrédules, car, si vous ne vous convertissez, elle sera aussi la vôtre ! Oui, vous aussi, vous verrez de vos yeux, mais vous ne mangerez point. Et ceci peut même s’appliquer, en certaines, circonstances, aux enfants de Dieu. Lorsque leur foi est languissante, ils contemplent les merveilles de la grâce divine, mais ils ne peuvent s’en nourrir. Ainsi, par exemple, l’on peut dire qu’en cette terre d’Égypte, il y a maintenant du blé en abondance ; néanmoins, il est beaucoup de chrétiens qui le dimanche, en entrant dans la maison de Dieu, se disent avec tristesse : « Je ne sais en vérité si : le Seigneur sera avec moi aujourd’hui ! » D’autres encore, en entendant le prédicateur, pensent en eux-mêmes : « Certainement l’Évangile est fidèlement annoncé, mais je ne sais s’il pénétrera dans les cœurs ! »
Ces chrétiens sont toujours à douter et à craindre, à craindre et à douter. Aussi, demandez-leur, en sortant du culte divin, si leurs âmes ont trouvé la nourriture qu’il leur fallait : « Non vous répondront-ils en soupirant ; il n’y avait rien qui nous convint ! » Eh ! C’est tout simple, mon frère. Tu as vu de tes yeux le pain de vie, mais tu n’as pu le manger, parce que tu n’avais point de foi. Si tu avais apporté dans la maison de Dieu un cœur simple et confiant, tu aurais fait un bon repas. Je connais des chrétiens qui sont devenus si extrêmement délicats et raffinés, que si la viande spirituelle qu’on leur présente (passez-moi l’expression) n’est pas découpée à leur fantaisie, ou servie avec la plus grande recherche, ils n’en veulent point. Que ne se passent-ils alors de toute nourriture ?
Et, qu’ils y prennent garde, c’est ce qu’ils devront faire très probablement, s’ils continuent à se montrer aussi difficiles.
Ou bien les herbes amères de l’affliction stimuleront leur appétit blasé, ou bien Dieu les obligera à jeûner pendant quelque temps : après quoi, ils s’estimeront trop heureux de recevoir la nourriture la plus ordinaire et la plus simplement servie. Or, où chercher la cause secrète de cet esprit mécontent et critique qui empêche ainsi les enfants de Dieu de profiter de la prédication de l’Évangile, si ce n’est dans l’incrédulité ? Si vous croyiez, mes bien-aimés, n’entendissiez-vous qu’une seule promesse de Dieu, cela vous suffirait. Ne vous adressât-on qu’une bonne parole du haut de la chaire, vos âmes en seraient restaurées, car ce n’est pas ce que nous entendons, mais bien ce que nous nous approprions par une foi réelle et vivante qui profite à notre âme.
Mais c’est surtout aux inconvertis que s’applique cette terrible menace : Tu le verras de tes yeux, mais tu n’en mangeras point. En effet, les enfants du siècle voient s’accomplir sous leurs yeux les œuvres magnifiques du Seigneur, tout en y restant complètement étrangers. Aujourd’hui même une grande multitude est venue dans ce lieu de culte pour entendre la prédication de la Parole, mais combien, hélas ! qui s’en retourneront l’âme aussi vide qu’en entrant ! L’homme ne peut pas plus nourrir son âme au moyen de ses oreilles que son corps au moyen de ses yeux. Et pourtant le plus grand nombre de nos auditeurs viennent dans la maison de Dieu par pure curiosité. « Allons entendre ce discoureur, disent-ils ; allons voir ce roseau agité du vent ! »
Aussi, ils viennent et reviennent ; ils voient, ils voient, ils voient encore, mais ne reçoivent aucun bien. Autour d’eux, il y a peut-être des personnes qui se convertissent. Ici, une âme est appelée par la grâce souveraine de Dieu ; là, un pauvre pécheur fond en larmes dans le sentiment de sa culpabilité ; plus loin, un cœur contrit implore la grâce divine, et ailleurs une voix répète la prière du péager : Ô Dieu, sois apaisé envers moi qui suis pécheur. Mais quant à eux, rien ne les touche : ils restent froids et impassibles. C’est ainsi qu’au moment où je vous parle une belle œuvre se poursuit dans ce troupeau ; mais le plus grand nombre d’entre vous n’en savent rien, ne s’y intéressent pas, car aucune œuvre ne se fait dans leurs propres cœurs.
Et comment en serait-il autrement, mes amis ? Vous jugez cette œuvre impossible ; vous doutez de la puissance de Dieu ; vous ne croyez point à son action régénératrice ; en d’autres termes, vous êtes incrédules.
De là vient que dans ces temps de glorieux réveil et d’effusion de la grâce, le Seigneur, qui n’a jamais promis d’agir en faveur de ceux qui ne l’honorent point, permet que vos âmes demeurent sans repentance, sans vie et sans salut : vous voyez de vos yeux, mais vous ne mangez point.
Mais ce n’est pas tout, ô pécheurs ! Le plus terrible accomplissement de cette sentence est encore à venir. On dit que l’illustre prédicateur Whitefield levait parfois ses deux mains vers le ciel, en criant de toutes ses forces, et comme je voudrais qu’il me fût donné de crier en cet instant même : « la colère à venir ! la colère à venir ! » Qu’est-ce, en effet, que la colère du temps présent comparée à celle qui fondra sur vous ci-après ? Oh ! C’est alors véritablement que vous verrez de vos yeux, mais que vous ne mangerez point !
Il me semble que le grand jour du jugement est arrivé. Le temps n’est plus ; j’ai entendu vibrer son glas funèbre ; sa dernière heure a sonné ; l’éternité a pris sa place. La mer est en ébullition ; ses vagues étincellent d’un éclat surnaturel. Je vois un arc-en-ciel, une nuée, qui traverse l’espace. Sur cette nuée est un trône, et sur ce trône est assis quelqu’un semblable au Fils de l’Homme. Oui, c’est lui, je le reconnais ! Dans sa main, il tient la balance de la justice divine : devant lui sont les livres : le livre de vie, le livre de mort, le livre de mémoire.
Je vois sa splendeur, et je m’en réjouis ; je contemple la pompe de son avènement, et je tressaille d’allégresse de ce qu’il est enfin venu pour être admiré de tous ses saints. Mais j’aperçois, dans le fond du tableau, une foule d’infortunés, tremblants, éperdus, saisis d’horreur. Ils courbent leurs fronts jusque dans la poussière ; ils essaient de se dérober à tous les regards. « Rochers, tombez sur nous ! S’écrient-ils ; montagnes, cachez-nous de devant sa face !
Sa face ? Quelle est donc cette face qui vous cause tant d’effroi ? C’est la face de Jésus, de celui qui a été mort, et qui maintenant revient pour juger le monde. Mais c’est en vain, ô pécheurs, que vous cherchez à fuir la présence du fils de l’Homme ; il faut que vous contempliez Celui que vous avez percé. Vous ne vous assoirez point à la droite du Seigneur, vêtus de robes éclatantes, mais vous serez témoins de sa gloire ; et lorsque le cortège : triomphal de Jésus paraîtra sur les nuées du ciel, vous ne pourrez vous y joindre, mais vous le verrez de vos yeux…
Oh ! je crois le voir en cet instant même, le puissant Rédempteur, remontant vers le ciel, sur son char de victoire ! Entendez-vous ce bruit éclatant ? Ce sont les pas de ses ardents coursiers qui résonnent sur les collines éternelles. Un cortège vêtu de blanc vient après lui, et aux roues de son char sont liés Satan, la mort et l’enfer. Voyez comme ses rachetés frappent des mains ; entendez leurs cris de joie : « Tu es monté en haut, disent-ils ; tu as mené captifs les prisonniers » (Psaume 68 v. 18). Admirez la splendeur de leur apparence ; observez les couronnes qui ceignent leurs fronts ; voyez leurs robes d’une blancheur de neige ; considérez la béatitude qui respire sur leurs traits. Écoutez ! ils entonnent un chant sublime : « Alléluia : le Seigneur Dieu tout-puissant est entré dans son règne ! » (Apocalypse 19 v. 6).
Et la voix de l’Éternel leur répond : « Je me réjouirai à cause de toi d’une grande joie ; je me réjouirai à cause de toi avec un chant de triomphe, car je t’ai épousée pour moi à toujours ! » (Sophonie 3 v. 17 et Osé v. 2.19.) Et où êtes-vous pendant ce temps, ô incrédules ? Voilà la multitude des rachetés : mais où êtes-vous ? Hélas ! vous voyez de vos yeux, mais vous ne pouvez manger. Le banquet des noces est prêt ; le fruit de la vigne est versé ; les convives prennent place à la table du Roi ; mais vous, malheureux et affamés, vous ne pouvez goûter au festin éternel. Oh ! il me semble que je vous vois, tordant vos mains de désespoir ! Si du moins il vous était possible de vous nourrir, comme les chiens, des miettes qui tombent sous la table du Maître : mais non, cela même vous est interdit !
3. Une pensée encore, et je termine.
Pécheur impénitent, je t’aperçois attaché à un roc dans les profondeurs de l’enfer, l’âme déchirée par le cruel vautour du remords. Tu élèves les yeux et tu reconnais Lazare, couché dans le sein d’Abraham. « Est-ce bien possible ? T’écries-tu. Quoi ? ce mendiant qui était couché : sur mon fumier, ce misérable dont les chiens venaient lécher les ulcères, le voilà dans le ciel, tandis que moi je suis dans les tourments ! Quoi ? ce Lazare qui ne possédait rien pendant sa vie, est maintenant dans la gloire, tandis que moi, riche dans le temps, suis en enfer pour l’éternité !
« Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare afin qu’il trempe doris l’eau le bout de soir doigt, pour me rafraîchir la langue ».
Mais ta requête est vaine. ô pécheur ! et s’il peut y avoir en enfer une souffrance plus aiguë que toute autre, ce sera celle que tu éprouveras en voyant les saints jouir d’une félicité à laquelle tu ne pourras jamais avoir part. Oh ! jeune homme, regarde : voilà ta mère dans, le ciel, tandis que tu es jeté dehors ! voilà ton frère, celui qui dormit dans le même berceau que toi, qui joua autour du même foyer, voilà, dis-je, ton propre frère élevé dans la gloire, tandis que tu es abaissé jusque dans l’abîme !
Mari, voilà ta femme dans le séjour des bienheureux, et toi, tu es au nombre des damnés ! Père, voilà ton enfant debout devant le trône, et toi, maudit de Dieu et maudit des hommes, tu es dans le feu éternel ! Oh ! qui pourrait dire ce qui se passera dans le cœur du damné, lorsqu’il verra ses parents, ses amis, rassasiés de délices ineffables, et qu’il sentira que lui-même en est privé pour l’éternité ! Tu le verras de tes yeux, mais tu n’en mangeras point !
Et maintenant, je vous en conjure, mes chers auditeurs, par la mort de Christ, par son agonie et sa sueur sanglante, par sa croix et par sa passion par tout ce qu’il y a de plus sacré sur la terre, de plus saint dans le ciel, de plus solennel dans le temps et dans l’éternité, par les horreurs indicibles de l’enfer, par les joies inexprimables du paradis, je vous en conjure, prenez ces choses au sérieux et souvenez-vous que, si votre âme est perdue, ce sera l’incrédulité qui aura été sa perte.
Oui, si vous périssez, ce sera parce que vous aurez refusé de croire en Jésus-Christ, et la goutte la plus amère de votre douleur sera la pensée que vous n’aurez point voulu vous confier en ce Sauveur charitable qui dit à tous par sa Parole : « Je ne mettrai point dehors celui qui viendra à moi ! » (Jean 6 v. 37).
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