Une question de perspective

Une question de perspective

Puisque ce qu’il y a sous le soleil passera, ne serait-ce pas judicieux de se préoccuper plutôt de ce qui se passe au-delà du soleil ? Là où demeure celui dont les paroles ne passeront pas, là où demeure celui qui est la parole ?

« Vanité des vanités, dit l'Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité. […] Ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera, il n'y a rien de nouveau sous le soleil. S'il est une chose dont on dise : Vois ceci, c'est nouveau !  cette chose existait déjà dans les siècles qui nous ont précédés.  […] J'ai vu tout ce qui se fait sous le soleil ; et voici, tout est vanité et poursuite du vent » (Ecclésiaste 1 v.2, 9 ; 10, 14).

« Rien de nouveau sous le soleil ».  Cette déclaration est une étape qui peut être déstabilisante dans la vie d’un enfant de Dieu. Toutefois, force est de constater que depuis que le monde est monde, il tourne de la même manière. Il existe cette pensée biaisée qui sous-entend qu’à partir du moment où un homme donne sa vie au Seigneur il voit son existence être radicalement transformée, il obtient justice, il prospère et termine sa vie paisiblement. Cette pensée est fausse et l’Ecclésiaste nous ramène à une réalité presque cynique : oui, il arrive que le méchant prospère en dépit de ses mauvaises voies et le juste n’obtient pas toujours justice par le seul fait d’être juste. Jésus lui-même rappelle à ses disciples cet état de fait et précise que c’est le Père qui travaille ainsi sur la terre.

« car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes » (Matthieu 5 v. 45).

Après tout, cet apparent défaitisme est une perspective normale pour tout habitant de la terre ayant accès à un journal d’informations ou même qui entreprendrait un examen de conscience approfondi. C’est humain de se soucier de ce qui se passe sous le soleil, de vouloir le transformer ou au moins ne pas le subir. C’est humain certes mais Jésus donne également un autre enseignement qui pourrait nous aider dans notre réflexion.

« Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » (Matthieu 24 v. 35).

Oui, rappelons-nous que tout ce qui existe sous le soleil finira par passer. Ne serait-ce pas une perte de temps et d’énergie que de s’en préoccuper comme si cela avait de l’importance ?

Loin de moi l’idée de vous inviter au défaitisme pour abandonner toutes choses et attendre la mort mais je voudrais vous proposer avec l’aide de la Bible d’essayer une nouvelle perspective. Puisque ce qu’il y a sous le soleil passera, ne serait-ce pas judicieux de se préoccuper plutôt de ce qui se passe au-delà du soleil ? Là où demeure celui dont les paroles ne passeront pas, là où demeure celui qui est la parole ?

Cette nouvelle perspective, l’apôtre Paul nous la présente avec simplicité dans sa lettre aux corinthiens.

« S'il n'y a point de résurrection des morts, Christ non plus n'est pas ressuscité. Et si Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine » (1 Corinthiens 15 v. 13 et 14).

Dans ce texte, Paul essaie d’expliquer que c’est un non-sens de croire que la résurrection est impossible tout en basant notre propre foi sur la résurrection du Christ. En effet, c’est par cette résurrection que nous pouvons être au bénéfice du salut obtenu par Christ. C’est également par Sa résurrection que nous pouvons espérer ressusciter à ces côtés après notre mort physique pour demeurer au paradis pour l’éternité. Et soudain, tout prend une autre couleur, nous ne sommes plus dans une réflexion à court terme, dans l’urgence de l’instant, mais nous faisons un bon spirituel dans le cœur de Dieu pour commencer à voir comme lui : à très très très long terme. Cette perspective de l’éternité, de la Jérusalem céleste doit naitre en nous jusqu’à être pleinement suffisante.

Bien sûr, autant la perspective de ce qui se passe sous le soleil est une perspective naturelle pour nous, autant celle de ce qui se passe après est plus compliquée à avoir. C’est compliqué car c’est l’affaire de tous les instants, de toute une vie et surtout, c’est l’affaire de Dieu. Nous sommes comme l’Ecclésiaste, réaliste et bien souvent pessimiste. C’est l’affaire de Dieu car il est le seul capable de désinstaller entièrement la perspective naturelle (sous le soleil) et le seul à pouvoir installer correctement à la place la perspective spirituelle (au-delà du soleil). Il est le seul.

Je voudrais illustrer cette œuvre avec un exemple bien connu, celui de Pierre, le disciple de Jésus. Dans son épitre, Jacques explique que la parole de Dieu est un miroir dans lequel il faut se plonger et tirer les conséquences de ce que nous voyons (Jacques 1 v. 23). Je trouve que Pierre est un miroir d’une précision absolument chirurgicale. Il est impossible de regarder sa vie sans s’y voir soi-même et c’est d’ailleurs surement pour cela qu’on lui jette la pierre si facilement. En voyant ses erreurs, ses excès, ses faiblesses, c’est vers nous que nous sommes ramenés et nous n’aimons pas cela, je n’aime pas cela.

Faisons tout de même un point avec Pierre et allons directement vers la fin (ou plutôt le début) de l’histoire, lorsque Jésus commence à se faire pressant au moment du dernier repas, expliquant qu’il est sur le point de partir. Les disciples ne comprennent pas vraiment ces choses et bien-sûr, Pierre intervient.

« Mes petits-enfants, je suis pour peu de temps encore avec vous. Vous me chercherez ; et, comme j'ai dit aux Juifs : Vous ne pouvez venir où je vais, je vous le dis aussi maintenant. Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres. Simon Pierre lui dit : Seigneur, où vas-tu ? Jésus répondit : Tu ne peux pas maintenant me suivre où je vais, mais tu me suivras plus tard. Seigneur, lui dit Pierre, pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? Je donnerai ma vie pour toi. Jésus répondit : Tu donneras ta vie pour moi ! En vérité, en vérité, je te le dis, le coq ne chantera pas que tu ne m'aies renié trois fois » (Jean 13 v. 33 à 38).

N’est-ce pas dur de la part de Jésus de reprendre Pierre ainsi devant tous ses collègues disciples ? Jésus remet en question l’engagement de Pierre tout en prophétisant une trahison. Tout cela sans lui donner la moindre porte de sortie. Jésus est parfois déroutant, notre sauveur de grâce peut se montrer dur avec ses enfants mais nous savons que c’est une preuve de son amour pour nous (Hébreux 12). Ici, il est dur avec Pierre et si, comme je le crois, Pierre était fait du même bois que nous, il y a peu de chance qu’il soit passé à autre chose rapidement. Cette remontrance a du rester dans sa tête et le faire cogiter.

On voit d’ailleurs les conséquences de cette cogitation quelques versets plus tard, lors de l’arrestation de Jésus. Pierre doit certainement se tenir sur ses gardes, à l’affut d’une opportunité de montrer à Jésus qu’il se trompe sur son cas, attendant le moment idéal pour prouver sa loyauté et son engagement total. Ce moment arrive dans un jardin. Des soldats et des religieux viennent arrêter Jésus, mais Pierre en a décidé autrement.

« Judas donc, ayant pris la cohorte, et des huissiers qu'envoyèrent les principaux sacrificateurs et les pharisiens, vint là avec des lanternes, des flambeaux et des armes. Jésus, sachant tout ce qui devait lui arriver, s'avança, et leur dit : Qui cherchez-vous ? Ils lui répondirent : Jésus de Nazareth. Jésus leur dit : C'est moi. Et Judas, qui le livrait, était avec eux. Lorsque Jésus leur eut dit : C'est moi, ils reculèrent et tombèrent par terre. Il leur demanda de nouveau : Qui cherchez-vous ? Et ils dirent : Jésus de Nazareth Jésus répondit : Je vous ai dit que c'est moi. Si donc c'est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci. Il dit cela, afin que s'accomplît la parole qu'il avait dite : Je n'ai perdu aucun de ceux que tu m'as donnés. Simon Pierre, qui avait une épée, la tira, frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui coupa l'oreille droite. Ce serviteur s'appelait Malchus. Jésus dit à Pierre : Remets ton épée dans le fourreau. Ne boirai-je pas la coupe que le Père m'a donnée à boire ? » (Jean 18 v. 3 à 11)

Voilà Jésus qui en remet une couche. Pierre vient pourtant de prouver qu’il est capable de mourir pour son maître et vient donc de donner tort à Jésus. Mais non, Jésus continue son travail de désinstallation dans le cœur de Pierre. Non seulement va-t-il réparer la blessure de Malchus mais il va réprimander Pierre comme un enfant en lui demandant de ranger son épée.

Assez déroutant n’est-ce pas ? Notre Jésus est déroutant et c’est merveilleux. Jésus doit montrer à Pierre qu’il ne se préoccupe que de ce qui se passe dans l’urgence de l’instant, sous le soleil. Pierre n’a pas la bonne perspective, contrairement à Jésus qui a en ligne de mire depuis le début le moment de la résurrection et donc de la mort. Rien ne doit freiner le Messie sur cette trajectoire éternelle, surtout pas son serviteur qui veut l’aider de tout son cœur.

Ce n’est pas directement notre sujet mais nous voyons également dans cette intervention de Pierre une nouvelle tentative de l’ennemi de faire dévier Jésus de son objectif. Voilà pourquoi le Christ répond qu’il doit boire cette coupe sans l’esquiver.

Nous connaissons la fin de l’histoire pour Pierre qui finira sa vie en martyre. Mais sur l’instant, quel drame cela doit-être pour lui, quelle incompréhension totale. C’est le début de la fin qui le conduira trois jours plus tard à reprendre son ancien travail de pécheur. Heureusement, lorsque Jésus désinstalle c’est pour réinstaller autre chose à la place (Ezéchiel 36 v. 26). C’est au bord de l’eau, dans un moment de réconciliation absolument anthologique que Pierre va comprendre le plan de Dieu pour lui. Quelques années plus tard, il écrira même dans l’une de ses lettres un verset incroyable au regard de son expérience, démontrant que son cœur a été transformé.

« Ainsi, que ceux qui souffrent selon la volonté de Dieu remettent leurs âmes au fidèle Créateur, en faisant ce qui est bien » (1 Pierre 4 v. 19).

« Ceux qui souffrent selon la volonté de Dieu », arrivez-vous à croire que c’est le même Pierre qui écrit cela ? Voilà le résultat d’une formation avec Jésus. Un cœur transformé de fond en comble Une perspective nouvelle, éternelle, céleste prend lieu et place d’une perspective précipitée, terrestre et insensée.

Alors peut-être passons nous par des moments d’incompréhension. Suivons l’exemple de Pierre. On peut lui reprocher beaucoup de choses à ce brave homme mais on ne peut pas lui enlever sa fidélité. Malgré tout, il est resté auprès de Jésus. S’il a attaqué Malchus c’est qu’il était resté, s’il a renié c’est qu’il avait suivi Jésus, … Pierre, un disciple fidèle qui se laisse former par Jésus.

Jésus est arrivé sur la terre avec cette perspective gravée dans le cœur mais, comme nous le disions plus haut, ça n’est pas quelque chose d’acquis, cela se cultive, s’entretient et se protège. Jésus n’a eu de cesse que de s’occuper des affaires de son père (Luc 2 v. 49) en gardant une communion intense et permanente avec lui. Il n’avait nulle part où poser sa tête (Matthieu 8 v. 20) mais sa priorité était de faire ce qu’il voyait faire au père (Jean 5 v. 19).

C’est un exemple que nous voulons suivre en mettant en pratique un conseil de Jésus.

« Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » (Matthieu  6 v. 6).

Aux anciens problèmes, appliquons les anciennes solutions. Si nous voulons être au bénéfice d’un changement de perspective venant de Dieu, il nous faut le rencontrer là ou il nous attend, dans nos chambres. C’est souvent une parole de punition que nous adressons à nos enfants : « file dans ta chambre ! ». Aujourd’hui c’est ce que notre père veut nous dire mais ça n’est pas pour nous punir, bien au contraire. Oui, Dieu aime le groupe, il se plait à nos communions en assemblées mais là où il veut se révéler, c’est dans notre chambre. Nos réunions d’église sont finalement comme des agapes spirituelles. Lors d’une agape traditionnelle, chacun prend soin de préparer à l’avance ce qu’il va apporter pour être certain de ne pas arriver les mains vides. Il pourrait en être de même pour nos cultes si nous acceptions de les considérer comme des agapes spirituelles. Imaginez que dimanche prochain, chacun puisse partager au groupe ce que Jésus à désinstallé ou installé dans son cœur.

Vous avez besoin que je passe plus de temps dans ma chambre, j’ai besoin que vous passiez plus de temps dans vos chambres.

Pour finir en beauté, notez que Jésus dit de notre Père « est là ». C’est lui qui nous attend, pas l’inverse.

On commence quand ?

Prière. 

Merci Seigneur car c’est à un grand prix que tu nous a acquis une place à tes côtés pour l’éternité. Fais diminuer en nous les perspectives terrestres qui passeront et fait grandir les perspectives éternelles. Merci pour les prémices que tu nous fais vivre ici-bas, merci pour ta bienveillance à notre égard. Merci parce que tu nous traites comme tes enfants. Nous voulons te retrouver dans nos chambres, fais-nous voir plus loin.

« […] Christ est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous ! » (Romains chap.8 v. 34).

 

Arthur KatzUn message de Benjamin Gabelle
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sur les epaules du createurÀ l’instar d’un père hissant son enfant sur ses épaules pour lui permettre de mieux voir, Benjamin Gabelle, doté de solides connaissances scientifiques, analyse des éléments de la création et en tire des enseignements spirituels pour la vie personnelle, familiale et ecclésiale du croyant.

En découvrant ce parallèle entre nature et principes bibliques, le lecteur sera, tout à la fois, captivé, émerveillé, instruit et enrichi. Sa lecture achevée, il n’aura de cesse de louer son Créateur et cherchera à le connaître plus et mieux !

Benjamin a 31 ans et enseigne les Sciences de l’Ingénieur au lycée, il est l’un des prédicateurs de son Église locale en Alsace. Marié à Claire et père de trois enfants, il est né dans une famille chrétienne et expérimente la vie avec Dieu depuis son enfance.

 

 

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- Laurence Dene McGriff

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